Alors que le conflit libyen amorce son quatrième mois d’existence il est temps d’en circonscrire, pour de vrai, toutes les implications géopolitiques. En ligne de mire, plus particulièrement, la question de ses effets sur la lutte contre AQMI dans le Sahel septentrional.

 Récemment en visite en France, Soumeylou Boubeye Maïga, ministre malien des affaires étrangères, a fait part de son inquiétude au sujet de la guerre en Libye actuellement en cours.

Préoccupé, ce dernier a fait part de ses réticences quant à la prolongation du conflit essentiellement dans le but de restreindre au maximum les dégâts collatéraux qu’engendre le conflit.

 

AQMI : plus grand profiteur de guerre


Cible prioritaire à cet avertissement : Al Quaida Maghreb Islamique (AQMI), premier bénéficiaire indirect de la guerre libyenne. Avec, on le sait, l’énorme risque de déstabilisation de l’ouest sahélien si AQMI venait à trop lourdement se renforcer. En effet le manque de moyens étatiques qui caractérise la région rend difficile la lutte contre le groupe terroriste d’Abdelmalek Droukdel.

Or Soumeylou Boubeye Maïga a prévenu son homologue français, Alain Juppé : la déliquescence de l’Etat libyen ouvre des possibilités d’extension territoriale et surtout d’armement qui sont colossales pour AQMI.

En ligne de mire selon le ministre des affaires étrangères malien, l’information faisant état « d’acquisition massive d’armements », selon ses propres termes, de la des cellules d’AQMI impliquées dans l’espace saharo-libyen. Or des preuves l’attestent tout ce matériel a bel et bien été dérobé dans les arsenaux de Kadhafi.

Objet de l’inquiétude malienne, le vol de nombreuses mitrailleuses de calibre 12,7 et 14,5 mm ; ainsi que l’acquisition de plusieurs canons de 106 mm, et de pièces d’artillerie antiaérienne.

 

Un conflit à réinterroger


Salutaire rappel à l’ordre de la part de la diplomatie malienne au sujet d’une guerre en passe de s’enliser et pour laquelle les risques géopolitiques ont, très certainement, été sous-évalués.

Prise de position utile, de la part du ministre, à moins de trois semaines du vote du parlement français sur la question (le 12 juillet les parlementaires français devant entériner ou pas la poursuite des hostilités en Lybie).

Mais surtout le ministre malien exprime par cette intervention toute la complexité du problème que représente AQMI. Car en plus de ses précisions quant à l’armement croissant du groupe terroriste, Mr Maïga a pris soin de nuancer son constat. En effet pour lui AQMI n’a aucune intention de s’en servir le temps que durera la présence occidentale en Lybie. Le risque serait trop grand pour le groupe terroriste. Là est donc le paradoxe de la situation : c’est la présence militaire occidentale qui déstabilise la Lybie, au point qu’elle se fasse piller son armement ; mais c’est, également, cette même présence occidentale qui retient AQMI de passer à l’acte.

Point de vue qui résume toute la difficulté de la lutte contre le terrorisme islamique dans la région.

 

http://www.gentside.com/guerre-en-libye/le-parlement-francais-doit-voter-l-039-engagement-en-libye_art23977.html

http://www.journaldumali.com/article.php?aid=3306

http://www.maliweb.net/category.php?NID=77128

http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/face-a-aqmi-l-action-militaire-seule-ne-suffit-pas_1002134.html

http://www.france24.com/fr/20110517-entretien-mali-aqmi-soumeylou-boubeye-maiga-diplomatie

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo_833/mali_350/france-mali_1183/visites_8840/entretien-alain-juppe-avec-ministre-affaires-etrangeres-du-mali-10.05.11_92094.html

 

Grégory VUIBOUT