Après les industriels, les jeunes cerveaux qui s’expatrient pour mieux ailleurs,

rien n’arrête la propagande !

 

Il ne faut pas tout mélanger que des industriels ou riches artistes et sportifs partent pour des paradis fiscaux ou tout au moins dans des pays ou les impôts sur le patrimoine sont moins lourds, pas forcément sur le revenu, cela ne fait que se poursuivre par l’augmentation des impôts en France. Mais, il ne faut pas non plus exagérer cela représente quelques pour-cent montés en épingle par les médias et la droite qui ne parle jamais de ceux qui reviennent. Quand la charge imposable est de 46,3 % du PIB pour la tranche supérieure de l’impôt, quand ce n’est pas plus suivant les circonstances, cela s’explique, mais l’approuver c’est une affaire de conscience quant on reconnait en son pays ce qu’il vous a donné. Quant à présenter la fuite de nos jeunes cerveaux diplômés comme conséquence de ne pouvoir trouver un emploi à leur mesure, il y a là, aussi énorme exagération. Tout d’abord il faudrait expliciter ce que l’on entend par cerveaux ? S’il s’agit de diplômés de Grandes Écoles, il faut relativiser. Beaucoup trouvent du travail en France, peut être estiment-ils qu’il ne soit pas assez payé ? La qualification G.E., se rapporte à des écoles dont l’admission est obtenue par concours au terme de deux années de prépas. Elle est donnée en fonction de critères qui justifient cette distinction. C’est la Conférence des Grandes Écoles, CGE, qui donne ce label.

Ces écoles sont le fruit d’une tradition qui date du Moyen-âge. Mais c’est vers le XVIIIème siècle qu’apparaît la nécessité de disposer de cadres capables de gérer les réalisations techniques et industrielles et de créer ses propres écoles pour une nouvelle catégorie de cadres, ce seront les ingénieurs. Les premières G. E. furent les écoles d’ingénieurs, la première en 1747, l’École nationale des ponts et chaussées, en 1783 l’École des Mines de Paris, puis le CNAM en 1794, qui est à part pour perfectionner l’industrie nationale, et sous l’Empire et tout le XIXème siècle. Aujourd’hui, environ 220 écoles dispensent des formations conduisant au titre d’ingénieur diplômé y compris pour certaines composantes des universités. Parmi les Grandes Écoles on note,

  • 145 écoles d’ingénieurs,
  • 40 écoles de management,
  • 20 autres écoles spécialistes Veto, Normale sup, Arts appliqués.

Il faut donc mettre de la vérité dans cette propagande. Si de jeunes diplômés partent à l’étranger à la sortie de leur école, ils représentent peu par rapport à l’ensemble des diplômés, quant à la qualité des cerveaux, il faut être mesuré. J’ai connu des cerveaux de grandes écoles, qui présentaient d’énormes trous ! En fait beaucoup de ceux qui partent vont dans la finance ou le commercial, et ce ne sont pas eux qui font les créations, mais les ingénieurs et les techniciens qui inventent, conçoivent des machines et des logiciels. Ceux qui partent dans la finance sont ceux des très Grandes Écoles telles HEC, l’Essec, Polytechnique, ESC Paris, ….dont l’enseignement forme des cadres supérieurs dirigeants généralistes, et commerciaux. Ceux qui partent en tant que managers sont issus d’écoles de niveau inférieur.

En 2012, 16 % des diplômés partirent pour leur premier emploi, un taux qui monta à 23% chez les managers. «On ne peut donc pas parler de fuite des cerveaux». Si les sortants d’écoles partent à l’étranger c’est surtout par ce que aller à l’étranger c’est d’abord une expérience internationale essentielle à leur CV qui le complète par un master d’une grande université internationale. Ce n’est pas une question d’emploi, le niveau de leur diplôme leur ouvre toutes les portes en France s’ils savent se vendre. C’est aussi ceux qui recherchent de suite un emploi à haute rémunération, les salaires proposés sont en général supérieurs à ceux des entreprises françaises. Les pays recherchés sont les États-Unis, le Royaume-Uni, la Suisse, la Chine.

C’est le Royaume-Uni que l’emporte pour tous les profils, près de 15 % d’expatriations et un peu plus de managers, 16 %, la Suisse 12 %, 14 % pour les ingénieurs. Les États-Unis passent de 5,5 % à 7,2 % quant à la Chine de 4,5 à 6,8 %. L’expatriation est rentable puisque le salaire moyen, primes comprises, atteint les 48. 200 € pour les managers et 49. 000€ pour les ingénieurs, soit 11. 000€ de plus qu’en restant en France ! Les ingénieurs sont en général plus payés.

La baisse des salaires en France pour des ingénieurs est constante dans les secteurs industriels et marchands. Le nombre d’ingénieurs formés par an, est supérieur aux possibilités d’emploi. Par rapport à 2012, la proportion de diplômés sortant des écoles n’ayant pas trouvé d’emploi, voir le blog d’Olivier Rollot , journaliste et rédacteur en chef au Monde étudiant, passe de 12,5% à 15,4%. Mais les ingénieurs s’en sortent beaucoup mieux puisqu’ils ne sont que 1,8% de plus en recherche d’emploi, 13,3% contre 11,5%, quand ce taux passe chez managers de 14,6% à 19,1%. La CGE estime néanmoins que l’emploi a chuté en France, mais il s’inscrit dans des fluctuations normales, correspondant à une année moyenne, voire légèrement supérieure à la moyenne.

Comme en France d’ailleurs, l’écart des salaires homme femme est très marqué. Un homme manager gagne 9.000 de plus qu’une femme, 52.000 € primes comprises contre 43.200 €. Il faut y voir que le problème de l’expatriation est plus complexe à vivre pour une femme, et de plus une femme trouve difficilement un emploi à la hauteur de son diplôme.

Olivier Rollot développe très bien le problème des diplômés des Grandes Écoles, et pour lui c’est loin d’être la crise ! «Si le taux d’emploi net est en baisse (81,5% sur l’ensemble des diplômés contre 84,9% sur l’année 2012), on est loin de l’effondrement que certains annonçaient», selon Bernard Ramanantsoa, directeur général d’HEC et responsable à la CGE de la commission «aval» en charge de l’insertion des jeunes diplômés.

On voit ainsi que la propagande orchestrée sur la fuite des cerveaux n’est pas crédible, mais agit efficacement par ce que peu Français peuvent vérifier.

Mais combien reviennent ?

Peu de données sur les cerveaux, mais sur les jeunes scientifiques 80 % des expatriés reviennent au pays au bout de quelques années, surement le mal du pays.

Beaucoup d’étudiants partent à l’étranger sur une courte durée, moins d’un an, dans le cadre du programme «Erasmus». Un étudiant sur 5 choisit de rester sur place malgré le mal du pays et l’éloignement familial.

La tendance avec la mondialisation est genérale, elle marche dans les deux sens, il faut avoir une référence étrangère. La France ne perd pas tous ses talents, malgré l’envoi de 77 653 étudiants à l’étranger, elle en reçoit 288.540, chiffre de l’année 2011-2012. Lorsque ses étudiants reviennent d’Amérique, ils rapportent une expérience et un savoir-faire qui est sans aucun doute une source richesse. Il faut donc voir le problème par les deux bouts !

Les enquêtes montrèrent que les jeunes sont pessimistes sur leur avenir, mais ce n’est pas si simple à prouver car la jeunesse n’est pas homogène, ceux qui auraient le plus d’intérêt à s’exiler sont ceux qui ont le moins de possibilités ! Le lot de ceux qui partent sont les bac+ 5, ils seraient 1,6 millions vivant actuellement à l’étranger.

«Solenne a le profil classique du bac+5 , 32 ans et se prépare au grand saut. Le 31 juillet, à 16 heures, elle devait quitter la France. Un départ de Paris par le vol Corsair SS 900, direction Montréal, au Canada. «Émigration, expatriation ?» Elle hésite, bonne question…Puis elle tranche, expatriation. Ce départ au milieu de l’été avec pour seuls bagages deux grosses valises remplies de vêtements, de CD et de bouquins «est un choix, pas une nécessité», affirme-t-elle», tiré du Monde.fr.

On voit qu’il est difficile de dire que nos cerveaux abandonnent la France pour l’étranger, tant l’amalgame est important entre les supers diplômés et les autres. Pourquoi, par ce que le niveau de leurs études et de leur diplôme leur donne du travail en France, et s’ils partent c’est surtout un plus pour leur CV, une meilleure maîtrise de l’Anglais, mais aussi un meilleur salaire. Et comme l’écrit Olivier Rollot, on ne peut pas parler de fuite des cerveaux ! Et finalement ils reviennent car c’est encore en France qu’on est le mieux !

 

3 réflexions sur « Après les industriels, les jeunes cerveaux qui s’expatrient pour mieux ailleurs, »

  1. [b]Le socialisme est le cancer de notre pays, aucun étonnement à ce qu’un certain nombre de jeunes et qui plus est diplômés changent d’air !
    quelle propagande? celle de la pensée unique de gauche ?[/b]

  2. Fuite des cerveaux? un concept à la mode dans les medias, mais qui date!

    A mon epoque (les années 70/80), je ne revais que de partir aux USA, concecration du diplome; en 75/77, il y avait crise dans les secteurs informatique ou aerospatial en France; un jeune qui sortait d’une grande école d’ingénieur et n’allait pas 2 ou 3 ans aux USA etait un plouc! on partait moins pour le fric que pour l’experience et l’aventure! ce n’etait pas difficile et il n’y avait pas encore internet

    Si les salaires ont baissé en France depuis 10 ans, ils ont aussi baissé dans les autres pays européens (R-U inclus) et vus les pb actuels en Angleterre hors systeme bancaire, je doute que les salaires y soient supérieurs

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