Série d’articles en relation avec le présent article : Si un « Big One » se produisait, sur l’Île de Honshu, avant 2016 ?

Depuis l’annonce, faite en Mai 2012, de la « redécouverte » d’une faille « probablement active » qui passerait sous le Mont Fuji, le volcan mythique des japonais, annonce suivie de la divulgation, le 29 Août, d’une étude gouvernementale sur les éventuelles conséquences qu’occasionnerait un séisme de magnitude égale ou supérieure à 9.0, avec épicentre dans la fosse de Nankaï, à l’Ouest du Japon, et, enfin, selon les calculs établis par les chercheurs de l’Institut national japonais sur la prévention des catastrophes, – le NIED -, publiés le 6 septembre 2012, la pression, dans la chambre magmatique du célèbre volcan, atteindrait 1,6 mégapascal, une pression titanesque en regard du postulat qui admet qu’une éruption peut survenir à une pression de 0,1 mégapascal. Si tel en serait, cette pression, – d’autant qu’une pression d’un pascal, agissant sur une surface plane d’un mètre carré, exerce, perpendiculairement à cette surface, une force totale d’un newton, et un newton est la force capable de communiquer à une masse d’un kilogramme une accélération d’un mètre/seconde -. génère une contrainte quasi apocalyptique sur le bouchon qui obstrue la cheminée magmatique de l’emblématique édifice volcanique japonais.

Nous ne nous étalerons pas sur la supposée « redécouverte » d’une faille « probablement active » sous le Mont Fuji, une faille existante depuis des millénaires responsable des multiples destructions, par le passé, subies par la ville d’Edo et sa grande périphérie, aujourd’hui Tokyo et le Grand Tokyo, dont les séismes du 31 Décembre 1703 de Kantō Genroku ou du 01 Septembre 1923 de Kantō daishinsai, Si un « Big One » se produisait, sur l’Île de Honshu, avant 2016 ?, pas plus que nous n’ergoterons sur un plausible aléa sismique de magnitude égale ou supérieure à 9.0 avec épicentre dans la fosse de Nankaï, une fosse qui s’étire depuis la péninsule de Kii jusqu’à l’île de Shikoku et qui a la caractéristique de produire des événements sismiques lents. En effet, une étude a été réalisée sur le temps de réponse de nombreux séismes qui se produisent le long cette fosse et la durée de tremblement de terre est exorbitante : entre 30 et 100 secondes pour un séisme de magnitude 4.0 à 4.9 ; entre 120 et 200 secondes pour un de magnitude 5.0 à 5.9 ; et supérieure à 240 secondes pour un de magnitude égale ou supérieure à 6.0. Et les tsunamis, tel celui généré par le séisme qui a frappé à Hoei en 1707, y sont beaucoup plus à craindre.

seisme_kanto.jpgEn outre le syndrome du séisme de Tohoku, du 11 Mars 2011, magnitude 9.0, engendrant un raz-de-marée dont les vagues ont atteint une hauteur estimée à plus de 30 mètres par endroits, reste dans toutes les mémoires des scientifiques japonais. En fait, les conséquences catastrophiques qui en ont résulté, les vagues s’enfonçant jusqu’à 10 kilomètres à l’intérieur des terres, ravageant près de 600 kilomètres de côtes et détruisant partiellement ou totalement de nombreuses villes, des zones portuaires et des centrales nucléaires, sont principalement de la responsabilité de l’être humain qui, se voulant dominer la nature pour se protéger des tsunamis, n’a pas hésité à bâtir d’imposantes digues qui ont eu pour effet de multiplier la hauteur des vagues en approche des côtes, ainsi, d’en décupler leurs forces et leurs violences et d’en empêcher et en retarder leur retrait… Dans un tel contexte, s’il vient à se produire un tremblement de terre de magnitude égale ou supérieure à 8.5, avec épicentre dans la fosse de Nankaï, il ne sera pas impossible que la hauteur des vagues, – les enseignements du passé les donnant de 15 à 18 mètres maximum -, soient, de même, supérieures à 30/40 mètres et plus si les digues viennent, encore, à être surélevées…

Est-ce un fait des temps présents ? Car l’homme se veut être Dieu et tout dominer, malheureusement ses concitoyens paient toujours le pris fort pour ses folies de richesse… Au différent, la pression, dans la chambre magmatique du volcan, estimée à 1,6 mégapascal, est beaucoup plus interpellatrice… car il n’y a pas intrusion de la main de l’homme dans son processus. Mais l’annonce des chercheurs du NIED ne semble-t-elle pas traduire le syndrome du séisme de Tohoku et la volonté des autorités d’inciter la population à se préparer au pire d’autant qu’il n’est pas à oublier qu’en 2004, le gouvernement japonais avait calculé qu’une éruption du Mont Fuji pourrait provoquer 2.700 milliards de yens de dégâts et le rejet de poussières volcaniques pourrait bloquer l’activité économique et engendrer des risques pour la santé de millions de personnes.

En outre, une pression estimée à 1,6 mégapascal, dans la chambre magmatique du volcan, les scientifiques précisant que « l’éruption a peu de chance de se produire dans un avenir proche car la quantité de magma accumulée resterait relativement faible et insuffisante pour déclencher une éruption… », laisse à penser que l’Indice d’Explosivité Volcanique ne pourrait pas être inférieure à 7 et se traduirait par une méga-éruption de type supervolcan… avec quasi destruction du cône presque parfait du symbole divin japonais tant de fois représenté dans les estampes « ukiyoe », telles la série des 100 vues de Hokusai, – 1760-1849 -.

Mont Fuji.jpgNul doute après avoir annoncé un « Big One » sur Tokyo, un séisme d’une magnitude totalement inconnue aux temps historiques, une magnitude qui ne pourrait être inférieure, – tel ne peut-être qu’un « Big One » -, à 10.5 ou à 11.0, avec un effondrement d’ampleur régionale ou supra-régionale du plancher et immersion sous les eaux, les scientifiques, les autorités et les journalistes japonais tombent dans la démesure en prévoyant une éruption type Toba qui ne se produit que tous les 100.000 ans… Certes, la dernière éruption du Mont Fuji, en 1707, appelée « grande éruption de Hoei », avait fait des milliers de morts essentiellement à cause de la famine survenue après les quinze journées d’éruption et quelques 10 centimètres de cendres recouvrant Yokohama, au Sud d’Edo. La manifestation éruptive avait suivi un violent séisme qui avait frappé, au Sud du Mont Fuji, la région d’Osaka.

Cette fois, la montée du risque serait une conséquence du séisme du 11 Mars 2011, en fait le syndrome du séisme de Tohoku.

24 Juillet 2013 © Raymond Matabosch