Que devra faire le prochain gouvernement en matière de développement agricole ?

En faisant une anticipation positive, à savoir que le gouvernement actuel sera finalement débarqué, nous pouvons espérer que le prochain gouvernement va enfin essayer d'avoir un plan de développement agricole sur les 25 prochaines années.

Quel que soit la capacité de ce nouveau gouvernement à industrialiser le Sénégal, on peut supposer que l'essentiel des travailleurs agricoles de plus de 25/30 ans resteront dans le domaine agricole pour le reste de leur vie active. L'emploi dans l'industrie concernera essentiellement les jeunes à la recherche d'un emploi.

La modernisation de l'agriculture devra, de ce fait, faire face à plusieurs contraintes. Le nombre d'agriculteurs diminuera peu dans les 20 prochaines années, ce qui veut dire que les exploitations resteront très petites et à faibles capitals.

Ce constat implique que le développement agricole doit s'orienter vers des productions à fortes marges et donc vers l'abandon progressif des cultures de rentes. Cultures à fortes marges mais méthodes culturales adaptées à de faibles capacités financières.

Ces cultures à fortes marges sont essentiellement des cultures d'exportation, quelquefois des cultures de substitution à des importations : épices, herbes aromatiques… L'exportation nécessite des filières fiables et efficaces, voire une industrie de transformation agro-alimentaire.

L'état devra, s'il veut avoir quelques chances de réussite se pencher sur un programme s'étalant sur 20 ou 25 ans prévoyant les filières et l'industrialisation agro-alimentaire avant la mutation de l'agriculture, concentration des terres et mécanisation.

Le Sénégal peut potentiellement produire de très nombreux produits, mais il n'est pas raisonnable, aujourd'hui d'engager les agriculteurs vers ces productions alors que la commercialisation n'en est pas assurée. Toute erreur met leur survie en danger, c'est sans doute l'explication du côté réactionnaire du milieu agricole : l'agriculteur paye très cher les erreurs et est donc très méfiant par rapport au changement.

Ce plan de développement agricole doit être conduit hors des discours politiciens et les nominations ne doivent ni obéir au calendrier électoral, ni à l'appartenance confrérique ou politique . Géré par une structure qui n'a qu'une unique mission, disposant du temps qu'il faut pour mener sa mission à bien, pérenne quels que soient les changements de gouvernements, ce plan de développement doit être le levier majeur du développement auquel tous les autres projets nationaux sont inféodés ou au moins en synergie.

Il est vain de promettre atteindre le sommets sans construire petit à petit un les marches. Les promesses démagogiques sont le fait des politiques qui ne croient pas réellement à cette révolution agricole.

Les ressources humaines existent au Sénégal, mais sont curieusement improductives ou tout comme. Il suffit de les contraindre à travailler. Après tout personne n'a jamais dit qu'un fonctionnaire inefficace ou/et incompétent et/ou feignant doive garder son poste à vie ! Etant au service du peuple, il n'a aucune raison d'être s'il ne rend pas ce service.

Une grande partie du retard au développement du Sénégal vient, quoiqu'on en dise d'une administration inefficace, totalement improductive et budgétivore.

Le développement agricole, comme tous les autres domaines du développement passe d'abord par une réorganisation de l'administration et une augmentation de son efficience…

Ce qui est vrai pour l'agriculture l'est aussi pour l'éducation, la santé, la justice…