Fraude à la Société Générale: A propos de Jérôme Kerviel

Ce qui vient d'arriver à la Société Générale me fait évidemment tout de suite penser aux travaux de Paul Babiak et Robert Hare sur les « serpents en costard cravate » dans le monde de l'entreprise (Snakes in suits : when psychopaths go to work).

En 1995, on avait beaucoup parlé dans les médias anglo-saxons du « rogue trader » Nick Leeson, qui avait fait couler la Barings à lui tout seul. Il était psychopathe je crois.

Robert Hare aime dire que s'il n'avait pas étudié ce trouble psychologique dans les prisons, il l'aurait fait au Vancouver Stock Exchange.

On n'a pas encore beaucoup d'informations à propos de ce Jérôme Kerviel. Il faut attendre effectivement. Mais comme souvent, dans les catastrophes hors norme, se pose d'ores et déjà la question du profil psychologique de celui par qui le malheur arrive.

Deux ou trois éléments tout de même :

Ce Kerviel avait l'air « normal » aux yeux de ses collègues (si problème psychologique il y a, il faut s'orienter vers la psychopathie. Les psychopathes sont toujours très normaux. Pas de problème psychologique apparent. Ils portent "le masque de normalité" dont parle Cleckley).

Il est manipulateur. S'il ne s'est pas enrichi personnellement, il pourrait avoir été motivé par le "duping delight" et le plaisir de la prise de risque chers aux psychopathes.

Il est resté incroyablement "cold-blooded" dans une situation qui en aurait stressé plus d'un, comme s'il était inconscient du danger (les psychopathes ont la faculté d'aller droit au mur sans broncher ; ils ont du mal à se projeter dans l'avenir).

Il ne s'est pas trop préoccupé des conséquences de ses magouilles pour son entreprise.

J'ai également lu dans le Parisien qu'un de ses collègues le trouvait « lèche botte » à l'égard de sa hiérarchie (Fabrice Burgaud aussi, dépensait beaucoup d'énergie pour plaire aux responsables de son avancement).

On en saura plus dans les prochaines semaines. Malheureusement, comme pour Outreau, je doute qu'on songe à demander une expertise psychologique de Jérôme Kerviel.

S'il s'avérait que ce trader est psychopathe, ce serait une illustration supplémentaire de la nécessité d'apprendre à détecter ce trouble. Vivement la généralisation du B Scan 360.