En France, plus de 850 000 personnes de plus de 75 ans sont atteintes de la maladie d’Alzheimer et 90 000 personnes souffrent des symptômes de la maladie de Parkinson. Deux maladies, neurodégénératives liées au vieillissement, mais que les avancées scientifiques permettent aujourd’hui de mieux traiter même si les raisons de la dégradation des cellules du cerveau sont encore inconnues. Malgré tout il est désormais permis d’espérer pouvoir un jour les guérir et s’en prémunir.

Alzheimer : ralentissement, mais pas éradication


Plusieurs médicaments, actuellement sur le marché, stabilisent les symptômes de la maladie. La progression de la dégénérescence des cellules n’est pas encore stoppée mais la perte d’autonomie est ralentie. En reculant ainsi la maladie de 5 ans par exemple, le nombre de malades âgés peut être divisé par deux. C’est un des enjeux actuels de la recherche : si on parvenait à déceler la maladie suffisamment à l’avance, on pourrait en freiner efficacement le développement.

 

Les espoirs sont forts et les pistes multiples


Les principaux espoirs résident dans l’immunothérapie, c’est-à-dire la recherche de traitements qui consistent à administrer des substances qui vont stimuler les défenses immunitaires de l’organisme. La thérapie génique est également explorée. C’est une stratégie thérapeutique qui consiste à faire pénétrer des gènes dans les cellules ou les tissus d’un individu pour traiter la maladie. Enfin, les scientifiques se penchent sur l’utilisation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens ou encore d’oestrogènes.

 

L’urgence absolue : le dépistage


La mise au point d’un test de diagnostic précoce, avant le stade de la démence, constitue la priorité de la recherche actuelle. On pourrait ainsi passer d’un traitement des symptômes de la maladie à un traitement ralentissant vraiment son évolution. C’est ce sur quoi travaille actuellement une équipe de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) qui espère déceler la maladie trois ans plus tôt que ce qui est possible aujourd’hui.

C’est la nécessité d’un effort conséquent en matière de dépistage et de traitement de la maladie qui a permis de débloquer 200 millions d’euros sur 5 ans grâce au plan gouvernemental Alzheimer. Cet effort de recherche est piloté par une fondation de coopération scientifique, créée au premier semestre 2008 et adossée à l’Inserm, qui peut faire appel à des financements privés. Son Conseil d’Administration rassemble des représentants du secteur public et du secteur privé.

Une recherche très dynamique


La recherche progresse rapidement comme en témoignent de nombreux signes d’espoir donnés par les équipes de chercheurs. En janvier dernier, par exemple, l’équipe de l’Inserm du professeur Baulieu, spécialiste français des hormones stéroïdes, a annoncé la découverte d’une nouvelle méthode pour le traitement de la maladie, qui cible la protéine Tau, naturellement présente dans les cellules nerveuses. Actuellement au stage des essais in vitro, les essais cliniques pourraient débuter d’ici 2 ou 3 ans.

 

Parkinson : la recherche au niveau européen


L’union européenne favorise particulièrement la recherche sur les maladies neurodégénératives. C’est grâce à plusieurs programmes européens et notamment le NEURONE («Molecular mechanisms of neuronal degeneration: from cell biology to the clinic»), financé à hauteur de 8,3 millions d’euros, qu’une équipe de chercheurs allemands a annoncé une découverte majeure en avril dernier. Elle a en effet  découvert trois facteurs qui doivent coïncider pour que la maladie de Parkinson se développe, une avancée déterminante dans la compréhension de l’origine de la maladie.

Parallèlement, en avril 2010, des chercheurs de toute l’Europe ont mis au point une initiative paneuropéenne visant à lutter contre les maladies d’Alzheimer et de Parkinson. L’Union européenne souhaite maximiser son potentiel de lutte contre ces deux maladies en réunissant les chercheurs et les données de recherche existantes, et en mettant en commun les outils, techniques et autres ressources entre les Etats membres.

 

Industrie : pas  moins de 70 molécules en gestation 

Les laboratoires de l’industrie pharmaceutique sont particulièrement actifs. Actuellement, pas moins de 70 molécules y sont en développement. Il faut savoir que les molécules découvertes doivent d’abord franchir trois phases d’essais avant d’obtenir l’autorisation de mise sur le marché : la phase I, essai clinique visant à vérifier la toxicité éventuelle ; la phase II concernant l’évaluation de l’efficacité ; la phase III ayant pour objectif l’homologation. Dans les deux ans qui viennent, 2 ou 3 nouveaux médicaments devraient ainsi être mis sur le marché et d’ici moins de 10 ans, des médicaments réellement efficaces devraient être commercialisés.
Plusieurs molécules déjà sur le marché 
Aujourd’hui, 4 molécules sont commercialisées dans le traitement  de la maladie d’Alzheimer : le donepezil (Pfizer-Eisai), la rivastigmine (Novartis), la galantamine (Johnson & Johnson) et la mémantine (Forest-Lundbeck). Les médicaments correspondant, qui bénéficient donc d’une indication officielle, sont l’Aricept, le Réminyl, l’Exelon et l’Ebixa. En ce qui concerne la maladie de Parkinson, la prise de la molécule L-Dopa est le principal traitement pour améliorer les symptômes des patients, mais il existe aussi des interventions chirurgicales spécifiques. Plusieurs laboratoires affichent clairement leurs efforts dans ces deux domaines. Ainsi, Bristol-Myers Squibb annonce placer « la recherche sur Alzheimer et les autres causes de démence au centre de ses priorités. » 
Lundbeck poursuit ses efforts

Le groupe pharmaceutique danois Lundbeck est également un acteur majeur de la recherche sur Parkinson et Alzheimer. Il bénéficie de deux atouts essentiels : une équipe de chercheurs particulièrement développée et bien dotée (23% des bénéfices sont réinvestis en R&D), et le fait que les actions du groupe sont détenues à 70% par une Fondation qui a distribué plus de 46 millions d’euros en 2009 pour financer des projets scientifiques. La filiale française, dirigée par Marie-Laure Pochon, n’est pas en reste : 1ère filiale du groupe, employant 600 personnes dont 78 dédiées à la R&D, elle commercialise l’Ebixa contre Alzheimer et Azilect contre Parkinson. Récemment, Lundbeck France a confirmé son positionnement à la pointe de la recherche dans ce domaine. Le laboratoire a en effet rejoint le LIR, l’unique association « Think Tank » dédiée à l’innovation santé. Créé il y a plus de 10 ans, le LIR représente les filiales françaises des 15 laboratoires internationaux de recherche : Astra Zeneca, Boehringer Ingelheim, Bristol-Myers Squibb, Glaxosmithkline, Janssen-Cilag, Lilly France, Merck Serono, MSD-Chibret, Novartis Pharma, Pfizer, Roche, Takeda, Abbott, Novo Nordisk et Lundbeck. Ainsi, les efforts du laboratoire Lundbeck semblent porter leurs fruits. D’ailleurs, une centaine d’hôpitaux français testent actuellement des molécules de Lundbeck, dans des essais cliniques de phase I, II ou III.
 

Pour le Dr François Sellal, chef du service de neurologie à l »Hôpital Pasteur de Colmar, on peut espérer légitimement que « dans les dix années qui viennent, on aura des traitements susceptibles d’enrayer l’évolution de la maladie ». De quoi redonner espoir aux malades et à leur entourage.