Allégez vos images avec RIOT (0.4.6)

Interpellé par Sophy, l’une des « taulières » (rien de péjoratif dans le contexte) de Come4News, je reviens sur les solutions permettant d’alléger un visuel (illustration, dessin, photo…) afin de le transmettre plus rapidement via un logiciel de courrier électronique ou de l’afficher plus aisément sur une page Html (et non-accessoirement de ne pas trop encombrer le serveur avec des fichiers graphiques lourds). Les graphistes n’apprendront rien ici – vous pouvez reprendre vos occupations habituelles – sauf s’ils ne connaissent pas Riot (Radical Image Optimization Tool), en cours de passage à sa version 0.5.

De mémoire, Come4News n’autorise le téléchargement vers son serveur de fichiers d’une taille (ou poids, ici) supérieure à 150 ko. Pourquoi ? Deux raisons. Un fichier lourd s’affiche lentement, et pour contourner la difficulté, l’une des solutions antérieures consistait à le découper en fichiers d’une taille inférieure qui allaient, à l’affichage, s’ajuster de manière parfaitement adjacente. Le visuel original était en fait découpé en quadrilatères affiché côte à côte. Cette solution est toujours employée par les professionnels à l’occasion. Lorsque de très larges visuels s’affichent, si vous pointez votre curseur sur une partie de l’image et voulez la télécharger, seul l’un de ces quadrilatères – généralement un carré – le sera.

Seconde raison : lorsque les fichiers d’images s’accumulent, les disques durs finissent par saturer, et il faut en acquérir d’autres pour renforcer le serveur. De plus, les hébergeurs facturent parfois en fonction de plages de débit. Passer au forfait supérieur implique un coût.

L’autre solution est de réduire le poids des fichiers en les compressant, ce qui peut supposer un changement de format. Longtemps, sur PC notamment, le format d’image de base (pour les bitmaps, images matricielles ou en mode point – là, ne zappez pas, je vais tenter par la suite de m’abstenir de jargonner) était le .bmp: bitmap image file. Ce format génère des fichiers lourds, tant bien même a-t-il recours à un algorithme de compression (le RLE, de codage par plages de couleurs).

On a ensuite eu recours à d’autres modes de compression pour créer des formats tels le .gif, le .jpg et ses dérivés, puis, vers 1996, le .png. Chaque format a ses limites (le .gif réduit toute image à 256 couleurs), le .jpg affiche mal les visuels si le contraste est trop fort entre des pixels adjacents, le .png est souvent un peu plus lourd que le .jpg. Encore que… Le .png est considéré non-destructif (n’altérant pas la qualité des images) si, et seulement si, on utilise sa version 24 bits plein pot (mode True Color). Mais vous pouvez passer à la variante 8 bits, et réduire le nombre des couleurs à, par exemple, 256, ce qui est généralement suffisant.

Riot, plutôt bien, gratuit

Riot, qui passera en 2013 en version 0.5, est un logiciel gratuit (graticiel) créé par le Roumain Lucian Sabo, fondateur de CriosWeb, une société d’hébergement et de création de sites. Apparu vers fin 2007 en version 0.1, il a rapidement gagné en notoriété lorsqu’Irfan Skiljan, le créateur d’IrfanView (actuellement en v. 4.33) l’a intégré en tant que module additionnel à son programme (mais il le conserve en v. 0.3.3 à ce jour).

Riot existe en deux versions, l’une autonome, l’autre en tant de greffon pour divers programmes de traitement des images (IrfanView ou Xnview, d’autres). Voyons ce qu’on peut faire avec la dernière version de Riot

Vous chargez une image, et là, pour faire d’une pierre, deux coups, celle de l’ami Jiji Tachdjian, dit El Rotringo, qui a réalisé une affiche pour son exposition Le Typonoclaste (du 29 oct. au 11 nov. à Halluin, à La Galerie, puis du 16 nov. au 20 déc. au CRDP de Lille). Le fichier d’origine à une taille de 690 × 960 pixels (sans doute du 22 cm de largeur, au pif), pour une résolution de 96 ppp et une profondeur de couleur de 24 bits. C’est un .jpg comprenant des à plats contrastés. Le poids est vraiment trop lourd.

Une résolution de 72 ppp est généralement suffisante pour obtenir en ligne un affichage convenable. Si vous avez un logiciel permettant de baisser la résolution de 96 à 72 ppp, tout en conservant les mêmes dimensions, c’est la première chose à faire. Mais Riot va vous permettre la conversion du .jpg en .png, format mieux adapté à un visuel contenant textes et à plats.

Lancez Riot, et déterminez ce que vous allez faire. La première solution, qui risque d’être… risquée (quant au résulat) consiste à comprimer à la taille voulue. Soit, pour Come4News, 149 ko. D’une part, certains fichiers vont « résister » (trop lourds pour être ainsi allégés direct), d’autre part vous ne visualiserez le résultat qu’une fois l’opération effectuée.

Le .png est non destructif qu’en mode True Color 24 bits. Passez donc déjà au mode 8 bits en optant pour une palette de 256 couleurs, et voyez le poids qui s’affiche (265 ko, encore trop lourd). Soit vous utilisez le curseur (vers la g.) pour réduire le nombre de couleurs (vers une vingtaine seulement), soit vous choisissez l’option 16 couleurs, et vous visualisez le résultat.

Notez qu’un second onglet vous permet aussi d’ajuster la luminosité et le contraste. Au final, vous sauvegardez (soit sous le même nom, ce qui écrasera l’image d’origine, soit sous un autre). Ces ajustements ne feront que très légèrement varier le poids de votre fichier…

Mieux, beaucoup plus cher

D’autres logiciels, commerciaux, ayant recours à d’autres algorithmes, permettent d’obtenir des résultats supérieurs en terme de ratio poids/qualité d’image. Il en est de dédiés, d’apparence assez faciles à utiliser, comportant de plus nombreuses options, mais le néophyte risque de s’y perdre.

Par comparaison, j’ai eu recours à la version actuelle de la fonction Enregistrer pour le Web et les périphériques de Photoshop (celle de la 13, ou CS6, n’a pas bougé depuis la précédente). Cette fonction est dérivée d’une autre, incluse dans ImageReady, qu’Adobe intègre dans Photoshop depuis sa version 5.5, en 1999.

Avec cette fonction, la réduction de poids, pour un résultat supérieur (128 couleurs), est beaucoup plus spectaculaire. On passe au dixième (moins de 50 ko) du poids initial. Mais Photoshop, même en version Elements (v. 11), allégée, représente un petit investissement (81 euros pour la mise à jour, près de cent pour la version complète en téléchargement).

Comptez plutôt 150 euros, hors promotion, pour un coffret (disponibilité : mi-octobre).

En tout cas, pour la plupart des visuels, un poids de 150 ko reste raisonnable pour permettre leur affichage de manière sinon conforme à l’original, du moins acceptable. Et avec Riot, dans la plupart des cas, vous disposez d’un moyen gratuit et convenable pour ce faire. Essayez, et vous conserverez peut-être plus durablement vos amis si, fréquemment, vous leur envoyez, liés à des courriels, des fichiers d’images trop lourds pour les ouvrir rapidement… Car vous ne vous en rendez peut-être pas compte, mais une fois, ça va, deux fois, ça passe,mais dès trois fois, parfois, c’est bonjour la corbeille…

P.-S. – Et pour économiser davantage de place sur les disques durs des serveurs de Come4News, j’ai réduit la dernière capture d’écran à 31 ko. Pour une affiche sans photo, cela peut suffire. Pour une photo, évidemment, une telle réduction aurait fortement dégradé la qualité de l’image. 

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !