All is lost, le film de J.C.Chandor

Le film de Jeffrey C Chandor ne s’adresse surtout pas aux personnes qui privilégient dialogues, actions, au cinéma. Dans all is lost il faut compter passer l’intégralité du film, soit une heure quarante, aux côtés du seul Robert Redford presque muet, de surcroit. 

L’unité de temps et de lieu étant de la partie, les symptômes de la claustrophobie ne sont pas à exclure chez certains, malgré l‘immensité de l‘océan indien où se dérouleront les dix jours cruciaux de la vie du vieil homme. 
Les tout premiers  mots en voix off donnent le ton du film : « tout est perdu sauf le corps et l’âme », écrit-il dans une lettre testamentaire dans laquelle le naufragé se désole auprès des siens de devoir les quitter après avoir tout tenté pour s‘en sortir:  On n’en sait pas plus ni de son passé ni des raisons qui ont pu le motiver à se lancer en solo dans une escapade maritime de cette envergure. 
On constate juste qu’à son réveil d’une sieste, le navigateur découvre que son voilier de plaisance est affreusement endommagé suite à une collision avec un conteneur échappé d’un cargo chinois. A défaut de choix, le naufragé doit parer au plus pressé : colmater la brèche avec les piètres moyens du bord !  
Le bateau coule et sa résistance d’enfer le conduit à se rabattre sur le radeau de survie au milieu de requins de tous genres ! Mais d’avanie en avanie, la situation ne fait qu’empirer sans jamais porter atteinte à son inépuisable ferveur malgré le choc cuisant des contrastes : la puissance dévastatrice des éléments déchaînés face à celle dérisoire et réparatrice de l’homme. L’infini et le fini. 
On a beau se battre mais le moment inéluctable arrivera où contraint et forcé, il faudra se résigner ; les ressources à portée humaine quoique stériles s’amenuisent jusqu’à épuisement et les effets en sont palpables : la démarche du vieil homme s’alourdit, son regard s’obscurcit, son souffle se fait un peu plus bruyant. 
Quant à la pire des calamités, elle est incarnée par ces bateaux qui filent sans voir les signaux de détresse, ni entendre cette voix inaudible perdu dans cet espace hostile : « ici le Virginian Jean pour un SOS » ! Une situation aussi éprouvante pour le naufragé que pour le spectateur aux sueurs devenues froides et pris d’une intense affection pour ce personnage si authentique, si attachant. 
La fin du film reste ouverte comme le début d’ailleurs ; elle laisse libre cours à l’imagination de chacun. Trouvera-t-il ou pas du fond de l’océan devenu grisâtre une main pour prendre la sienne désespérément tendue vers la vie ? Et dire que le temps passant, tout est quasiment fait pour que s’épaississe encore plus ce carcan qui enserre la condition humaine ! 
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