Jijel, une région de l’Est algérien. Des plages magnifiques, une corniche à couper le souffle… Somme toute, un endroit où il fait bon vivre. Du moins, quand on est en bonne santé.Si vous avez la malchance de tomber malade et de devoir passer par la case hôpital : gare à vous. Car le seul hôpital de la ville de Jijel est un endroit sordide. Portant le nom d’un martyr de la guerre d’indépendance, l’hôpital Seddik Ben Yahia semble s’attache à créer de nouveaux martyrs.
De toute façon, les Jijeliens ont donné un tout autre nom à leur hôpital : l’Abattoir. Cela résume clairement la situation. Le taux de mortalité des patients devrait interpeller les pouvoirs publics. Mais rien n’est fait.
Parmi les situations les plus cocasses rencontrées sur place, l’usage pour le moins inhabituel fait de la morgue. En effet, lorsque les citoyens venant rendre visite à leurs malades entrent dans l’enceinte de l’hôpital, ils passent devant l’entrée de la morgue. Et là, parfois, on peut voir une voiture au lavage. Oui, vous avez bien lu. En utilisant le matériel de la morgue (jet d’eau, voire peut-être certains produits), la voiture d’on ne sait qui profite de cet endroit pour se refaire une beauté.
Mais cet exemple épisodique ne fait que cacher le plus grave. On ne parlera pas de l’hygiène déplorable des chambres ni de celle des laboratoires. On ne reviendra pas sur ce scanner tout neuf mais inutilisé faute de spécialistes et hors d’état suite à un dégât des eaux.
Non, le véritable problème, ce sont les erreurs médicales. Diagnostics erronés, intoxications médicamenteuses, délaissement des patients… Le laxisme des docteurs qui ne vérifient pas les traitements en cours avant de rédiger une ordonnance peut malheureusement mener au pire. Un manque de contrôle flagrant de la part des supérieurs conduit les équipes d’infirmiers à se croire tout permis, jusqu’à voler la nourriture des patients, et, plus grave, à leur voler leurs médicaments la nuit.
Le résultat ? Les Jijeliens préfèrent se faire soigner à Constantine (2 heures de route, c’est assez déconseillé pour certains malades), voire à Alger. Ne restent à l’Abattoir que ceux qui n’ont pas le choix, par manque de moyens ou de connaissances bien placées. Ils doivent alors subir tous les désagréments de cet hôpital terrible en priant de pouvoir en ressortir un jour…
C’est une réalité ?
Oui, malheureusement.
C’est bien une réalité et je n’ai écrit ici que ce dont j’ai été témoin personnellement.
Si je devais rapporter toutes les anecdotes dont on m’a parlé au sujet de cet hôpital…
Le pire c’est que tout le monde est au courant, à tous les niveaux. Il y a même un article qui est paru dans El Watan (un grand quotidien national), écrit par la fille d’une patiente morte dans cet hôpital. (reproduit ici : http://www.jijel-echo.com/Le-calvaire-a-l-hopital-de-Jijel.html)