A la simple évocation de son nom, les inconditionnels du genre scanderont dans la seconde "Kaamelott", "La poulette", "C’est pas faux", ou encore "Sir, on en a gros" (liste non-exhaustive – l’énumération de la totalité des répliques cultes de cette série menaçant de faire planter le serveur).
Couronne royale vissée sur la tête pendant plusieurs années, Alexandre Astier l’a pourtant récemment troquée contre un costume de réalisateur grand écran, dirigeant et accompagnant dans son premier long-métrage l’actrice Isabelle Adjani.
Véritable artiste-couteau suisse (bien que Lyonnais d’origine), c’est plus récemment encore que le public a pu découvrir une autre teinte de sa palette de talents. Sur les planches, seul en scène. "Que ma joie demeure".  Une pièce de théâtre, un one-man-show retraçant ses grandes années de conservatoire avant son arrivée sur nos petits écrans ? Rien de toute cela. Quoique…

Pour sa première apparition théâtrale solo, Alexandre choisit de rendre un hommage 100 % Astier au grand Jean-Sebastien Bach. Campant son personnage dans un décor aussi épuré que fort de sens, le comédien lui tape cordialement dans le dos et donne à voir au public une facette du musicien baroque que personne (ou peu) ne connaissait de lui.
Efficace ? Et comment !

 

 

Désapprendre Alexandre Astier pour traduire Bach. Le ton est donné dès le lever de rideau. Plus que le choix du costume ou le décor dans lequel il évolue, c’est toute la personnalité du comédien qui épouse celle du génie Baroque. Un peu comme si ces deux-là étaient faits pour se rencontrer, pour dialoguer, mais jamais directement. Puisque les siècles les séparent, les planches d’une scène les réuniront. Le temps d’une heure et demie, la musique règne en maitre, et Astier s’en joue. "Ce cours est ouvert à tous". Et aux autres aussi. Puisque musiciens confirmés et novices en la matière ne sont que rire de la plume et du jeu de l’acteur. Toutes les émotions défilent, et nous arrivent en pleine tête.
Alexandre Astier peint le portrait d’un homme torturé, en colère, touchant, souvent drôle, tissant le fil de son jeu jamais là où on l’attendrait. Et ça fonctionne.
Le temps passe à une vitesse folle. Les mesures s’enchaînent, on en voudrait encore et toujours plus. Serrer la main et la vie de ce Jean-Sebastien a la vie en montagnes russes. S’éloignant avec goût de tous les clichés lui étant contemporains, Bach se trouve à portée des sourires, des regards qui brillent de découvrir l’homme qu’il était, avec et sans sa musique.

 

Le génie d’Alexandre Astier marié à celui du metteur en scène Jean-Christophe Hembert se muent en un voyage intemporel, remodelant les frontières des codes, des on-dits et des "ça, j’le savais".
Le comédien épouse la folie de l’artiste, donnant naissance à une pièce au terme de laquelle écriture envolée, musique et religion essorrée feront même se lever les septiques sur strapontins.

Chapeau bas l(es)’ artiste(s).

 

  DVD "Que ma joie demeure", disponible depuis le 6 novembre 2012.