Dans sa chronique du 8 novembre titrée Obama dans le sillage de Bush, Alexandre Adler, membre du comité éditorial du Figaro, après quelques considérations générales, commence son festival par cette sentence inouïe : "L’ascension d’un président noir à la tête des États-Unis a été voulue tout d’abord par une pléiade de scénaristes hollywoodiens et blancs, qui n’ont cessé depuis vingt ans de confier aux Noirs des rôles de chefs, de responsables, de pères, en un mot de leur faire occuper la place symbolique que la société américaine profonde n’avait cessé de leur dénier".
 
Comme s’il n’existait pas dans la réalité des chefs, des responsables et des pères afro-américains ! "Ensuite sont venus des conservateurs éclairés qui, conscients de l’ampleur du problème, ne voulaient pas se voir imposer, par un communautarisme régressif des démagogues de rue, des tribuns antisémites à la Jesse Jackson, des intellectuels et artistes haineux à la manière du cinéaste Spike Lee ou de l’historien de Harvard Cornell West. Pour conjurer la montée en puissance de ces chevaliers à la triste figure, il valait mieux et vite sélectionner des talents noirs exceptionnels dont l’ascension serait due à un mérite, certes reconnu un peu plus précocement", poursuit Triple Crème.
 
Les noirs ayant réussi à s’élever dans la société américaine le doivent par conséquent moins à leurs qualités personnelles qu’aux "conservateurs éclairés" qui les ont installés là où ils sont… Il y a là un mépris manifeste, un présupposé raciste à la Henri Guaino. "Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire", avait fait dire à Sarkozy son conseiller spécial à Dakar le 26 juillet 2007. Adler lui fait écho en estimant les afro-américains incapables de s’élever par eux-mêmes. Le chroniqueur cite alors les ascensions de Colin Powell et Condie Rice au sein de l’administration républicaine pour en arriver à ce saisissant raccourci : "Pour mettre les points sur les i, on ne peut pas effacer les mérites de l’aile progressiste du Parti républicain, de George W. Bush en particulier, quand c’est l’organisation de ce courant ascensionnel qui aura permis, in fine, à Obama de déployer son exceptionnel talent".
 
Déjà, accoler les mots "progressiste" et "Bush" est cocasse. Ensuite, heureusement que le figariste a mis "les points sur les i" : il nous eût sans cela totalement échappé qu’Obama devait son élection à Bush ! Mais les meilleur reste à venir car voici notre phrase du jour. Après avoir (tout de même) adressé quelques reproches au président américain, Adler écrit : "On oublie un peu vite d’instruire à décharge et de reconnaître le grand courage du président à l’heure de l’épreuve, sa détermination à porter le fer au cœur du dispositif ennemi, en Irak". Nous ignorons où il a vu dans la réaction de Bush au 11 septembre un "grand courage", mais ce n’est pas le pire. Comment ose-t-il mettre au crédit de W. "sa détermination à porter le fer au cœur du dispositif ennemi, en Irak" ?
 
Adler reprend l’argument que même le dernier des faucons néo-cons a abandonné : que l’Irak aurait été "le coeur du dispositif ennemi", traduisez terroriste, alors même qu’est établie l’absence de liens entre Al Qaïda et Saddam Hussein. L’éditorialiste illuminé termine son éloge à Bush en le félicitant pour "son engagement dépourvu de cynisme au profit de la démocratie moyen-orientale (formule hilarante), lequel aura fait basculer l’Irak dans le camp iranien et la Palestine dans les mains du Hamas". Ainsi, si l’on veut "instruire à décharge", il conviendrait d’accorder au président américain l’immense mérite d’avoir fait "basculer l’Irak dans le camp iranien et la Palestine dans les mains du Hamas"… Dire que ce type est payé pour écrire de telles conneries âneries !

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