Une enquète de plus de 3 mois et portant sur une centaine d'immigrés clandestins originaires du Mali, du Sénégal, du Ghana et de la Mauritanie a permis de confirmer ce que d'autres enquètes effectuées au Sénégal avaient déjà mis en lumière. L'imigration clandestine n'est pas qu'une affaire de pauvreté.
Cette étude a été menée par l’Open Society Institute of West Africa (OSIWA, un organisme financé par la Fondation Soros), et intitulée « Irregular Migration in West Africa » (« Migrations clandestines en Afrique de l’Ouest »).
Au Sénégal, les candidats à l'immigration clandestine ne sont d'ailleurs pas majoritairement chomeurs. Il faudrait plutôt aller chercher les motivations dans les pressions familiales exercées. Les femmes encouragent leurs fils à émigrer pour améliorer leur position au sein du foyer, d'autant plus dans les ménages polygames où les rivalités entre co-épouses sont très fortes. Nombre d'entre elles déclarent que leur fraction d'époux ne peut subvenir à leurs besoins et qu'elles dependent, financièrement, entièrement de leurs enfants. La vérité n'est peut-être pas encore si simple.
Les émigrés qui rentrent au pays, font des dépenses ostentatoires, organisent des cérémonies familiales fastueuses, construisent de grosses maisons, contribuent à transformer l'Europe en Eldorado trompeur. D'autant que rares sont ceux qui parlent réellement des difficultés de leur vie. De l'immigration clandestine les mères de famille ne voit que les maisons à étages construites pour leurs mères par les immigrés ou les dispentieuses cérémonies où celles-ci paradent.
Cette pression exercée sur tous les jeunes les amènent à se sentir fautif par rapport à leur famille s'ils ne "réussissent" pas aussi bien que leurs frères ou cousins émigrés. Du fait de l'énorme dépendance et des devoirs de tout africain envers sa famille, cette "motivation extérieure" peut devenir invivable pour beaucoup de jeunes qui finissent par se convaincre que cette décision est la leur.