Réaction à l'éditorial du Monde de ce samedi 4 août. Pourquoi y sommes-nous ? Nous y sommes allés pour traquer les auteurs des attentats du 11 septembre, les talibans refusant de livrer Ben Laden et ses comparses ; puis, après avoir chassés du pouvoir ces talibans – suppôts du terrorisme international -, nous y sommes restés pour mettre en place un Etat de droit.

Il s’avère que c’est une mission impossible, car rien dans ce pays n’y est favorable : ni son histoire, ni sa culture, ni ses « élites » ! Un Etat de droit suppose l’adhésion de l’élite dirigeante à certaines valeurs, une classe moyenne, une volonté commune de vivre sans avoir systématiquement recours à la force et aux armes, et sans faire de la production et du trafic de drogue la source première du PIB du pays.

Entre autres choses, comme la reconnaissance du Droit… Puisque les conditions permettant d’établir cet Etat de droit ne sont pas remplies, nous devons nous retirer de ce pays, et le laisser à ses us et coutumes quelles qu’en soient les conséquences.

Les femmes et les enfants, c’est certain, seront les premières victimes de notre départ ; mais faut-il pour les sauver déplacer des dizaines de milliers de soldats pendant un temps qui paraît illimité, en étant assuré de tuer autant de civils que de terroristes à chaque intervention ?

La réponse est non. Y a-t-il d’autres raisons stratégiques d’y rester ? on sait que ces visions à long terme apparaissent, un jour, finalement assez futiles… ne nous laissons pas abuser par ces experts stratèges. Il faut quitter ce pays, comme les Russes l’on fait, sans attendre d’avoir perdu autant d’hommes qu’eux.

Et si – heureux effet positif collatéral de notre départ -, nous coupions les réseaux d’exportation de drogue, il est probable que l’Afghanistan évoluerait enfin dans le sens favorable que nous cherchons en vain à initier par notre présence militaire : les chefs de guerre seraient obligés de se reconvertir dans la culture des fruits et légumes pour ne pas mourir de faim !

C’est donc sur ses frontières que devrait se jouer l’avenir du pays. Cela prendra du temps ; mais nous  ne serons plus les acteurs directs (et impuissants) de l’affaire, ce qui satisfera tout le monde y compris les Afghans.