Le « Z » du titre n’est pas une faute de frappe ; il ne signifie pas non plus « il vit », comme dans le film de Costa-Gavras. C’est une figure de style pour souligner à quel point est anguleux le tracé de l’itinéraire de l’intéressé ; une initiale que pour un peu il signerait de la pointe de son épée, pas moins Zorro qu’un autre.

Voici 7 semaines, la France se réveillait en sursaut : elle venait d’apprendre dans tous ses détails l’incroyable arrestation. Voici à peine 96 heures, nouveau soubresaut nocturne : l’accusation serait sur le point de s’effondrer. Des zigzags effectués à une vitesse telle que nous encaissons des accélérations très nettement supérieures aux quelques g subis par les pilotes dans les plus sinueux des grands prix de formule 1.

 

Nous risquons donc à tout moment le voile noir (bref évanouissement) bien connu et redouté des pilotes de chasse, s’ils n’étaient revêtus de leurs combinaisons anti-g. Soyons donc indulgents à l’égard de ceux dont le comportement et ou les déclarations suggèrent qu’ils ont d’ores et déjà été pris dans les plis d’un voile gris très foncé (ah qu’elle était donc opportune cette loi faite tout exprès pour l’interdire, le voile !).

Je t’aime ; moi non plus

Jef Tombeur nous offre un éblouissant florilège de couvertures du New York Post dans DSK : après la Porsche, les truffes… et la p… irrespectueuse). Elles passent sur la période considérée du « putois » à la « putain » ; un grand écart auquel ne peuvent résister que des périnées solidement body-buildés.

Gardons-nous pour autant d’oublier l’adage cher à Pierre Desgraupes, incontestable référent de la déontologie journalistique : « Une fausse nouvelle plus un démenti, cela fait deux informations », ni cette fine observation météorologique de feu Edgar Faure, expert reconnu en cette matière : « Ce n’est pas la girouette qui tourne en premier ; c’est le vent ».

La morale buissonnière

Il n’y a pas plus d’un mois et demi, les têtes parlantes (et défaut d’être véritablement pensantes) de la majorité présidentielle clamaient urbi et orbi que « la morale avait changé de camp ». Étrange aveu au demeurant, car comment mieux reconnaître que si désormais elle s’était installée dans le leur, c’est que juste auparavant, elle en était étrangère (comme l’aurait finement observé Monsieur de La Palice, donnant ainsi raison à leurs adversaires) ?

Mais là non plus, n’accablons pas ces hérauts dont le seul tort n’est que d’avoir usé d’une formule approximative, alors qu’ils voulaient en réalité faire observer que les donneurs de leçons se recrutaient à présent sur l’autre rive du fleuve des enfers. « Pour ces messieurs, la moralité devient rigide quand le reste ne l’est plus » nous disait déjà Coluche naguère ; encore qu’en l’espèce, la formule tombe quelque peu à plat, si j’ose ainsi m’exprimer.

Le calendrier

Beaux joueurs, reconnaissons sans barguigner une incontestable qualité à la justice étatsunienne : celle de la vitesse à laquelle elle est capable de réagir, avec les bonus et les malus qui en découlent (aussi prompte à se reprendre qu’à s’égarer). Les développements à venir (à venir, à venir, à venir…) de l’affaire Tron nous permettront de faire d’utiles comparaisons avec la nôtre (puisse notre sympathique petit homme bleu me pardonner de remuer ainsi le fer dans la plaie).

Déjà, elle a su convoquer dès le 1er juillet une audience exceptionnelle (qualificatif tellement plus approprié que le « surprise » dont les médias se sont gargarisés, en hommage, probablement aux pochettes éponymes). Je ne serais pas autrement surpris qu’elle ait déjà réalisé que le 18 juillet étant postérieur au 13, elle serait bien venue d’anticiper la date prévue pour la prochaine audience, si celle-ci devait inéluctablement conclure au non-lieu. Ce serait pour elle le plus sûr moyen d’éviter d’être mise en accusation sur la scène internationale pour ingérence dans la politique intérieure de notre pays, date limite de dépôt des candidatures oblige.

To be (back), or not to be

Le Landernau ne bruisse désormais que d’une seule question : « quant DSK va-t-il refaire surface », faisant ainsi fi d’une autre question dont l’antériorité s’imposerait pourtant : « DSK va-t-il refaire surface ». Ne sommes-nous d’ailleurs pas nous-mêmes les jouets (ou les victimes) de cette précipitation, à en juger par le fait que son nom a déjà été ajouté en cours de route et sans aucun fondement factuel au sondage Qui va remporter la primaire socialiste ? C’est une pratique à laquelle même les instituts spécialisés n’avaient pas osé se livrer (attention C4N : toutes les innovations ne sont pas nécessairement positivement innovantes)…

Pour ma part, après avoir pesté contre l’odieuse assimilation qui faisait de tout dirigeant du PS un accusé (voire dans certains cas un coupable), par une contamination qui s’étendait bientôt aux militants de ce parti pour englober bien vite aussi tous ses sympathisants, je demeure dans une forte expectative et pour tout dire, je n’ai pas franchement envie de sa participation aux primaires.

Serais-je à mon tour en train de céder aux sirènes du « présumé coupable », après les avoir pourfendues de tout mon être ? Je ne le crois pas, mais je redoute qu’en ce cas, il en sorte vainqueur.

Or je ne souhaite pas, je ne souhaite plus, que DSK soit élu à la présidence de la République et ce pour au moins deux raisons dont la première est l’épisode de la Porsche Panamera, qui démontre incontestablement qu’il avait bien mal choisi ses conseillers en image (pourquoi les conseillers dont, devenu Président, il s’entourerait en d’autres matières seraient-ils plus avisés parce que plus compétents ?).

La seconde est que si la probabilité est désormais forte, et j’en suis fort heureux, que DSK soit lavé de tout soupçon d’agression et de violence, il reste que son système de défense reposait, semble-t-il, sur le concept de relation consentie (pour mémoire, voir ici mon point de vue sur cette triste expression). Il reste aussi la vidéo de l’émission de Thierry Ardisson dont il sera toujours temps de savoir par quel miracle elle est revenue sur le devant de la scène en un temps et à une vitesse si opportuns, dès le 15 mai (après tout, il n’aura fallu attendre qu’un demi-siècle à peu près pour apprendre les turpitudes de JF Kennedy).

Or il se trouve que je n’ai pas trop envie que soit confiée la responsabilité suprême à quelqu’un qui gère ainsi ses priorités : celles-ci ne sont à l’évidence pas les miennes. Voici venu le temps de conclure, avant qu’une bonne âme me cloue le bec arguant à juste titre que ma propre moralité semble commencer à se rigidifier…