C’est pour le moins insolite. Nous avons une histoire, une affaire de presse quasiment sans précédent depuis celle de Roger Salengro (ministre du gouvernement Blum salit par des calomnies et qui finit par se suicider), et les « ligues », à savoir le Front de Gauche et le Front national, conservent un silence qui aurait été naguère, et même antan, qualifié d’assourdissant. On ne sait comment l’interpréter : les formations à la gauche et à la droite des deux principales formations prennent de la hauteur ou considèrent qu’entrer dans la mêlée décevrait leurs électorats respectifs, trop altiers pour s’intéresser à ces épiphénomènes d’une basse politique politicienne ?

Chaque jour, par acquit de conscience, après avoir abordé les aspects médialogiques (ou médiologiques) des affaires Cahuzac et Mediapart (car il s’agit bien de deux affaires, l’une politique, l’autre de presse), je lance quelques requêtes. Par exemple, je note combien de fois L’Humanité évoque le lourd différend opposant Jérôme Cahuzac à Mediapart. Et je compare avec les autres titres de presse.

Ou je me rends sur le site de Minute, et je constate que pour une recherche sur site avec le mot-clef Cahuzac, je n’obtiens que trois réponses. Toutes trois antérieures à ou aux « affaires ». Je visite aussi les sites officiels ou officieux du Front national.
Je sais, c’est très ingrat. L’université vous forme à ces tâches de chartiste. Fastidieuses. Chaque jour, visiter Nations Presse (.info), ou les sites liés au Front de gauche… En vain.

J’en suis à quoi ? Une douzaine d’articles de Come4News, depuis près de trois semaines, sur les démêlés de Jérôme Cahuzac avec Mediapart. Et j’attends toujours que le Front de Gauche ou le Front national entrent vraiment en lice. En vain.

Croyez-moi, pour qui s’est intéressé à la presse depuis La Gazette de Théophraste Renaudot en France (et antérieurement en Europe), soit depuis, en gros, les années 1500, c’est quelque peu… stupéfiant. Je pèse mon mot. J’hallucine, ou quoi ?

Ce n’est plus l’UMPS, c’est l’UMPSFNFG ? Posez-vous la question. Cherchez un précédent. Pas du côté de la crise du canal de Suez, de l’assassinat du prince de Broglie, de l’affaire Stavinsky, &c. Aidez-moi, je ne trouve pas, je ne débusque rien, mais alors, rien de rien.

D’habitude, et il y eut énormément de premières fois, les formations à la gauche et à la droite de celles composant « l’échiquier » central des assemblées, s’emparent de tout ce qui peut gêner les formations politiques dominantes. Un hiatus : Mediapart contre Cahuzac. Démentez-moi. Trouvez-moi des précédents, comblez les lacunes de mon ignorance crasse.

Que l’UMP, l’UDI, le Modem, d’autres, se préservent d’entrer vraiment en lice (sauf pour parfois jeter l’opprobre sur Mediapart), on peut comprendre. Mais les autres ? Certes, il y a bien eu une allusion du côté de Lutte Ouvrière, un timide commentaire du NPA, mais, j’ai beau chercher… où sont les éditoriaux du Front national, du Parti communiste, du Parti de Gauche relatifs à ces affaires ?

Suis-je vraiment le seul (à moins de m’être fourvoyé, d’avoir négligé des pistes) auquel cela saute aux yeux ?

Faut-il en déduire que la caste politique dénoncée par les ailes des partis majoritaires est beaucoup plus étendue qu’il n’y paraîtrait ? Je n’irai pas jusque là. Certes, certes, François Bayrou a déclaré que « Monsieur Cahuzac devra de toute façon apporter la preuve de sa bonne foi. ». J’ai bien relevé. Tout comme les déclarations de Laurent Wauquiez, très isolé du côté de l’UMP : « il faut qu’il [ndlr. J. Cahuzac] dissipe les choses. ». Sinon, qui et quoi ?

Je ne peux que conclure avec cette citation de Jérôme Cahuzac : « Mélenchon est d’une certaine manière à gauche ce que Marine Le Pen est à droite. » (sur Public Sénat, le 4 octobre 2012). Un avenir très proche allait-il l’établir ? Là, vu le contexte, on serait tenté d’abonder. Pas vous ?