Aux Etats-Unis, tout ou presque se doit d’être gargantuesque. Pas de fine bouche qui vaille, on mange, on boit, on vit, on sanctionne toujours dans le gargantuesque ! Quiconque a le malheur d’être pris dans le collimateur par nos redresseurs de torts risque sa peau. Qu’il soit petit ou même grand ! Dotés de gigantesques oreilles, nos gendarmes du monde se tiennent à l’affût prêt à verbaliser tout contrevenant : ça surveille, harcèle, menace, humilie, massacre ; ça met sous embargo jusqu’à ce que coma advienne ; ça programme, déprogramme des guerres ; ça rackette tous azimuts sans jamais  risquer de représailles. 

BNP Paribas, banque phare de la zone euro, est sur la sellette. Mal lui en a pris de réaliser des opérations avec des pays sous embargo en utilisant de surcroît comme monnaie de règlement le dollar, devise internationale.  BNP pour ce pêché mignon de banquier encourt la fermeture de ses succursales aux USA avec accessoirement la perte de ses transactions en dollars. Elle devrait aussi débourser une modique somme avoisinant les quelque dix milliards de dollars, l’équivalent du montant de la pénalité ; de quoi lui faire mordre sans vergogne la poussière ! 

Un coup dur pour la Banque et surtout pour la France en cette période de disette budgétaire où l’on s’arrache ces entrées vitales pour les finances publiques. Pour le bon déroulement de cette enquête pénale, BNP Paribas, motus et bouche cousue, ne nie pas les allégations retenues contre elle. Paris, par la voix de Laurent Fabius, a enfin fini par hausser le ton dénonçant là un déséquilibre patent entre la faute commise et la sanction. Mettant sur le tapis les négociations en cours sur l’accord de libre échange entre l’Union européenne et les Etats-Unis(TTIP), Paris joue la carte de la pression ; il y a de quoi y réfléchir à deux fois avant de s’engager dans un tel partenariat où les risques de se faire bouffer par des boulimiques de cette envergure sont visibles même à l’oeil nu du non averti. 

Désormais tous les espoirs se portent sur le président François Hollande pour dénouer cet abracadabrantesque fatras à moindres frais : lors du dîner prévu demain à l’occasion du soixante dixième anniversaire du Débarquement en Normandie, le sujet sera abordé entre les chefs d’Etat français et américain. 

L’occasion choisie pour traiter de cette histoire "d’extorsion de fonds" n’est pas vraiment idéale : le deuxième conforté dans sa posture de sauveur par l’évènement sera sans doute branché dans l’anachronisme. Rancoeurs, redevabilité, tous ces héritages frappés de l’ultime sceau de l’ obsolescence méritent une remise à jour pour aider à en finir avec un certain rapport de force…