De mauvais présages pour l’économie française
Après le temps des bonnes nouvelles (révision de la réforme des retraites moins coûteuse que prévu, baisse des rendements à 10 ans sur la dette française, baisse des cours du pétrole), voici venu le temps des mauvaises nouvelles. La Banque de France a abaissé aujourd’hui se prévision de croissance pour le deuxième trimestre 2012. Elle tablait sur une stabilité du PIB, comme au premier trimestre, elle prévoit désormais une contraction de 0,1%. François Hollande anticipe une hausse de 0,1 à 0,2%, même s’il a avoué que les chiffres ne seraient pas très bons. Il espère toujours une croissance de 0,5% pour l’ensemble de l’année 2012. De plus, les Douanes ont publié les chiffres du commerce extérieur en avril. Le déficit commercial (23 milliards d’euros) s’est creusé par rapport à mars, mais surtout, il ne baisse que trop peu par rapport à l’année dernière (26 milliards d’euros), année durant laquelle il avait atteint un niveau record (70 milliards d’euros). Selon les organisations patronales qui estiment déjà le coût du travail trop élevé en France, ce déficit commercial n’est pas prêt de s’améliorer avec la prochaine hausse du Smic et une hausse des cotisations retraite. Enfin, le déficit du budget de l’Etat, qui avec le déficit des comptes de la Sécurité Sociale et le déficit des collectivités territoriales forme le déficit public, a atteint 59,9 milliards d’euros fin avril. C’est mieux que les 61,4 milliards de fin avril 2011, mais ce n’est pas suffisant vis à vis des objectifs de réduction des déficits.
Les banques se préparent aux réformes fiscales
Les réformes fiscales de François Hollande inquiètent beaucoup les banques et ces dernières tentent de se préparer. Ce qui est prévu : une hausse de 15% de la taxation des banques, lutter contre les produits dits "toxiques" ou encore interdire aux établissements d’effectuer des opérations dans les paradis fiscaux. Mais la plus grosse révolution serait une séparation des activités des banques. Il y aurait alors des banques de détail qui récolteraient les dépôts des clients, et des banques d’investissement qui réaliseraient les opérations de marché. Tout cela dans le but d’éviter que le consommateur paie la note d’une crise financière. Il y a principalement deux façons de faire : la manière américaine et la manière anglaise. La loi Dodd-Frank, introduite en juillet 2010 par Barack Obama, contient la règle de Volcker (du nom de l’ancien président de la banque centrale des Etats-Unis, la Fed). Elle prévoit que les établissements bancaires ne peuvent plus, d’une part, collecter des dépôts et, d’autre part, effectuer des activités très spéculatives tel le trading pour leur compte propre, c’est à dire investir sur les marchés pour leur propre profit.
La deuxième, connue sous le nom de réforme Vickers en Angleterre, préconise que les banques n’aient pas à abandonner complètement leur double activité mais à procéder à des filialisations des activités de marché, de sorte que la banque de dépôt soit indépendante juridiquement de celle d’affaires.
La France opterait plutôt pour la solution américaine, ce qui soulagerait quelque peu les banques. Des estimations montrent qu’une réforme de type Volcker coûterait jusqu’à 6% de leurs bénéfices, alors qu’une réforme de type Vickers en coûterait le double.
D’autres prônent pour une idée américaine des années 30, connue sous le nom de Glass-Steagall Act. Il y avait alors une scission juridique entre banque de détail et banque de financement d’un côté, et banque d’investissement de l’autre.
L’Espagne va-t-elle demander une aide extérieure ?
De source européenne, l’Espagne serait toute proche de demander une aide pour la recapitalisation de ses banques. Il s’agirait alors du quatrième pays à demander une aide extérieure après l’Irlande, le Portugal et la Grèce. Le gouvernement espagnol n’a pas confirmé cette information et dit vouloir attendre le chiffrage exact des besoins de son secteur bancaire. Le Fonds Monétaire International (FMI) a chiffré ces besoins à 90 milliards d’euros dont près de 50 pourront être supportés par les banques elles-mêmes, de sorte qu’une aide de 40 milliards devrait être nécessaire. Mais des responsables estiment que le FMI s’est basé sur des chiffres beaucoup trop anciens et que la situation s’est dégradée depuis. Par conséquent, le chiffrage de 60 à 100 milliards de l’agence de notation Fitch, qui a dégradé de trois crans la note de crédit de l’Espagne, paraît plus proche de la réalité. Pour donner un ordre de grandeur, 100 milliards d’euros, c’est 9% du Produit Intérieur Brut (PIB) de l’Espagne. C’est comme si la France avait un besoin imminent de 170 milliards d’euros.
Pour l’Espagne, la véritable question reste de savoir sous quelle forme on va leur apporter notre aide me semble – t -il ?
Après la Grèce, l’Espagne, après l’Espagne, l’Italie, après l’Italie, la France. Hier, malgré sa dégradation de trois crans, l’Espagne a pu emprunter sur les marchés. Ce qui permettait à la propagande de titrer « L’Espagne a encore accès au marché ».
Oui, mais elle n’emprunte plus que de petites sommes, et à des taux exorbitants. Il ne fait aucun doute que l’Espagne verra sa dette totale portée au-delà des 90% du PIB dans les prochains mois, et qu’elle sera, à son tour, privée de financement sur les marchés dans les deux années qui viennent.
La seule solution pour maintenir l’Europe à flot, c’est une intégration plus forte, et l’émission d’euro-obligations, qui éviteront aux pays en difficulté de payer des taux exorbitants aux marchés.
C’est la seule solution, mais ce sera insuffisant, parce que ça ne règlera pas les problèmes structurels. Sans une transformation majeure de notre appareil économique, ces euro-obligations ne feront que retarder l’inévitable : l’effondrement de l’économie mondiale.
Il est temps que nos politiques s’activent à une convergence financière et économique de tous les états de la zone euros ! >:(