L’Espagne dévoile sa position

Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a fait tout une série de propositions pour gérer la crise de la dette et apaiser les marchés financiers à la veille du sommet européenne qui se tiendra les 28 et 29 juin. L’Espagne, en récession depuis le trimestre 2012, va connaître une nouvelle contraction de son Produit Intérieur Brut (PIB) pour le deuxième trimestre selon les estimations de la Banque d’Espagne. Son secteur bancaire, dévasté par des problèmes de financement et des créances immobilières douteuses, va recevoir une aide européenne comprise entre 51 et 62 milliards d’euros, montant annoncé comme le pire des scénarios par des audits indépendants commandés par le pays. Mariano Rajoy souhaite que cette aide soit versée directement aux banques par un fonds de soutien, tel que le Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) ou le Mécanisme Européen de Stabilité (MES) sans que ce dernier ne possède de statut de créancier privilégié par rapport aux autres investisseurs comme c’est actuellement prévu. Concernant l’aide accordé à Bankia, la Commission Européenne a donné son feu vert pour un montant de 19 milliards d’euros assorti de conversions d’actions préférentielles en capital pour un montant de 4,4 milliards d’euros.

Le chef du gouvernement va également demander tout ce qui est possible pour stabiliser les marchés financiers, comme par exemple une nouvelle opération LTRO ou le rachat d’obligations souveraines de la part de la Banque Centrale Européenne (BCE). Les rendements espagnols sur la dette s’envolent, et dépassent régulièrement la barre des 7%, un niveau jugé intenable sur le long terme et à cause duquel l’Irlande, le Portugal et la Grèce se sont résignés à demander une aide à la Troïka (Union Européenne, BCE et Fonds Monétaire International).

 

Vers un taux de refinancement à 0,75% ?

Selon une majorité d’experts interrogés par Reuters, la BCE pourrait décider de baisser son principal taux directeur, le taux de refinancement, à un nouveau plus bas historique. Il passerait de 1% à 0,75% et resterait à ce niveau jusqu’en 2014 au moins. Le taux de refinancement est le taux auquel empruntent les banques auprès de l’institution de Francfort. Il implique plus au moins directement les taux interbancaires, et donc les taux auxquels prêtent les banques aux entreprises et aux ménages. En baissant son taux, le BCE favorise la création monétaire, mais le risque se nomme inflation. 

Des Deutschland-bonds pour les Landers ?

Totalement opposé à l’idée d’euro-obligations pour une mutualisation de dette, en tout cas dans un avenir proche, Angela Merkel l’est beaucoup moins quand cela concerne ses régions, les Landers. La différence, c’est que ces émissions en commun permettront à tous les Landers de bénéficier du même taux d’emprunt. A l’image des pays de la zone euro, des Landers vivent mieux que d’autres et empruntent beaucoup moins cher que d’autres. Mais les régions sont aussi très solidaires : historiquement, les plus riches ont toujours aidé les plus pauvres.