La récession en Grèce plombe les perspectives 

Antonis Samaras, le premier ministre grec, a annoncé que son pays allait sans doute connaître une récession de 7% cette année, contre 5% prévus initialement, avant d’ajouter que le retour à la croissance ne se ferait pas avant 2014. Obligatoirement, ce recul du PIB plus fort qu’attendu, aura des répercussions sur les finances publiques que le nouveau gouvernement de coalition tente de redresser. La troïka des créanciers internationaux (Commission Européenne, Banque Centrale Européenne, Fonds Monétaire International) est arrivée lundi soir à Athènes et devrait séjourner sur place une semaine au moins, afin de vérifier que le plan d’aide de 130 milliards d’euros reste toujours viable. Les conclusions sont attendues en septembre, mais la Grèce a pris beaucoup de retard dans la mise en place des réformes promises, notamment à cause des difficultés qu’a rencontré le pays à former un gouvernement après deux élections législatives. La Grèce devait annoncer en juin 11,7 milliards de baisse des dépenses publiques pour la période 2013-2014, mais quatre milliards restent à trouver.

Antonis Samaras voulait deux ans de plus (2016 au lieu de 2014) pour atteindre un déficit public de 2,1% du PIB contre 9,3% fin 2011. Une telle décision coûterait trop cher, au moins 30 milliards d’euros. Il souhaitait également d’autres aménagements pour tenter de calmer la grogne sociale, mais la troïka reste déterminée. La Grèce a bénéficié d’un deuxième plan d’aide de 130 milliards d’euros, auquel s’ajoute l’effacement de dette à hauteur de 70% des avoirs, de la part des créanciers privés, d’un montant total de 107 milliards d’euros. Une aide qui devait permettre à la Grèce de baiser son ratio de dette à 120% du PIB à l’horizon 2020, contre 160% actuellement. Cet objectif semble aujourd’hui compromis et la situation sociale s’empire, le taux de chômage s’élevant à 24% de la population active.

Par conséquent, l’idée d’une nouvelle restructuration de la dette s’amplifie, et cette fois-ci, ce serait le secteur public qui serait concerné, autrement dit les gouvernements de la zone euro et la BCE. Une dépréciation du portefeuille des 40 milliards d’euros de dette grecque que détient l’institution de Francfort est envisagée, ou encore une amélioration des conditions de prêt, même si cette dernière solution risque de ne pas trouver beaucoup de soutien. 

Espagne : fin de la décentralisation ?

Alors que le pays doit payer toujours plus cher pour emprunter sur les marchés (plus de 7,6% aujourd’hui) et qu’il a demandé à l’Union Européenne de mettre en place rapidement les mesures décidées lors du dernier sommet européen de fin juin(supervision des banques, possibilité pour les fonds de soutien d’acheter de la dette sur les marchés et de prêter directement aux Etats), la décentralisation, qui allait galopante depuis 20 ans, risque de devoir s’arrêter net. Elle a permis aux régions d’être extrêmement autonomes vis à vis de Madrid, en gérant indépendamment des budgets clés comme celui de l’emploi, de l’éducation ou encore celui de la santé. Les régions en ont profité pour augmenter leurs dépenses de fonctionnement et pour réaliser des investissements monstrueux. Mais l’éclatement de la bulle immobilière et la crise de la dette ont eu raison d’elles. Aujourd’hui, elles ont de plus en plus de mal à se financer, et viennent tour à tour demander de l’aide à Madrid. Après Valence, c’est la Catalogne qui a officialisé cette demande ce mardi. A elles seules, elles totalisent 60 milliards d’euros de dette.

Les rendements à 10 ans sur la dette grecque ont atteint7,63% en finde journée, et sur le marché secondaire, les rendements à cinq ans ont dépassé les rendements à 10 ans, une première depuis 2011, montrant un risque accru de défaut de paiement ou d’une restructuration de la dette.
 

Les banques doivent 16 milliards d’euros aux ménages 

Une dizaine de millions de ménages serait concernée par cette affaire de non remboursement de surprimes liées à des prêts immobiliers (11,5 milliards) ou à des crédits à la consommation (4,5 milliards). Concrètement, lorsqu’un ménage se fait prêter de l’argent pour acheter un logement par exemple, il souscrit en même temps à un contrat d’assurance spécifiant les événements qui le verraient contraint à ne plus payer ses échéances, comme l’incapacité, l’invalidité, ou bien sûr le décès. Mais lorsque le prêt est entièrement remboursé, ce ménage doit être remboursé des frais liés à ce contrat. Alors certes, les assureurs ont bien payé, mais ont versé l’argent aux banques, qui ont malencontreusement oublié de les reverser aux particuliers. Les sommes en jeu s’élèvent à 16 milliards d’euros, et les ménages ont deux ans pour porter réclamation.

 

En bref, Moody’s a surpris son petit monde en décidant d’abaisser la perspective sur les notes du Luxembourg, des Pays-Bas et surtout de l’Allemagne. Leurs triple A sont désormais assortis d’une perspective négative. La Finlande est désormais le seul pays de la zone euro (pour Moody’s) à posséder un triple A avec une perspective stable.