L’Allemagne a fait des concessions

 

Angela Merkel a fait des sacrifices lors du sommet européen des 27 pays de l’Union Européenne sur lequel était rivés tous les regards, particulièrement ceux des marchés financiers. C’est surtout les décisions concernant la zone euro qui étaient attendues. La chancelière allemande était opposée au soutien direct du Mécanisme Européen de Stabilité (MES) aux banques, ainsi qu’à la possibilité que les fonds de soutien achètent de la dette sur les marchés. Elle voulait d’abord plus de rigueur budgétaire et plus d’intégration politique. Mais les deux mesures ont bien été acceptées par les 17 pays de la zone euro. La première était souhaitée par le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, afin que l’aide aux banques espagnoles, qui atteindra 60 milliards d’euros, ne transite pas par l’Etat espagnol et ainsi éviter d’alourdir le fardeau de la dette. La seconde était voulue par le président du conseil italien, Mario Monti, pour tenter de pousser à la baisse les taux d’emprunt qui se sont envolés ces dernières semaines. En contrepartie, la chancelière allemande a obtenu satisfaction sur un point : la création d’une surveillance centralisée de l’ensemble des établissements bancaires de la zone euro, organisée probablement sous l’oeil avisé de la Banque Centrale Européenne (BCE). C’est un premier vers une union bancaire. 

Les 27 ont également approuvé un plan de 120 milliards d’euros destiné à relancer la croissance. Les fonds structurels européens non utilisés seront mobilisés, les moyens de la Banque Européenne d’Investissement augmentés, et des projets-bonds en vue de financer de grands chantiers seront créés. 

 

Rien n’a en revanche filtré sur une taxe sur les transactions financières, ni sur la mutualisation des dettes. Mais les sujets risquent de revenir sur la table rapidement.

Les marchés ont très bien réagi, les banques françaises prenant parfois jusqu’à 8%. 

François Hollande souhaite que ce plan soit adopté rapidement par le parlement français, de même que le pacte budgétaire que le président avait promis d’adopter en cas de progrès sur la croissance.

Ce samedi, le parlement Allemand a voté en faveur de pacte budgétaire et du MES. Ce n’est pas une surprise, les députés de l’opposition ayant obtenu ce qu’ils voulaient concernant des créations d’emploi, des mesures stimulant la croissance, et d’un aval sur une taxe sur les transactions financières.

 

Les chantiers de Jean-Pierre Jouyet

 

Actuel président de l’Autorité des Marchés Financiers, Jean-Pierre Jouyet va être nommé directeur de la Caisse des Dépôts et des Conciliations (CDC), sous réserve de l’accord des parlementaires et de la commission de déontologie. Il va hériter de la construction de la Banque Publique d’Investissement (BPI), l’un des engagements de campagne de François Hollande, destinée à favoriser le financement des Petites et Moyennes Entreprises (PME) ainsi que des Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI), dévastées par un accès au crédit devenu difficile auprès des banques, en proposant un guichet unique en région. Elle sera financée par le doublement du plafond du Livret de Développement Durable (LDD) qui sera rebaptisé pour l’occasion Livret Epargne Industrie. Cette BPI inquiète les filiales de la CDC qui craignent d’être marginalisées.

L’autre chantier sera le logement social, une autre priorité du gouvernement Ayrault, à travers la doublement du plafond du livret A. 

Enfin, outre le financement des entreprises, celui des collectivités locales est aussi en pleine reconstruction après le démantèlement de la banque franco-belge Dexia. La Banque Postale Développement Local qui doit succéder au Dexia Crédit Local, n’est toujours pas rentrée en vigueur en raison de blocages engendrés par des fonctionnaires de la Commission Européenne. La CDC est concernée, car elle détient 35% de cette nouvelle structure, et près du tiers de Dexma, la filiale de Dexia qui gère les prêts anciennement octroyés par le Dexia Credit Local.