Activités de vacances au Cameroun : entre exploitation des enfants et survie !

 

 

Au Cameroun comme dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, plus de deux habitants sur trois vivent en dessous du seuil de pauvreté. C’est ainsi que pour survivre, chaque membre de la famille – grand ou petit –  se doit de mettre la main à la pâte afin d’assurer à la famille un certain nombre de conditions indispensables à la vie. 

Au jour d’aujourd’hui, la quasi – totalité des élèves camerounais sont totalement en vacances. Une longue période de trêve de trois mois  au cours de laquelle les élèves sont supposés se reposer avant de reprendre les cours en septembre. Si pour les familles aisées cette période de « repos » est véritablement observée, tel n’est jamais le cas pour les familles nécessiteuses qui y voient une réelle occasion d’agrandir la main d’œuvre familiale, afin d’arrondir les revenues de celle – ci.

Au fil des années, avec la percée de la misère, le phénomène tend à se généraliser alors que les organisations de lutte contre la traite des enfants ne cessent de condamner cette forme nouvelle d’esclavage. Une petite ballade dans les rues de Yaoundé la capitale camerounaise,  nous a permis nous aussi de toucher du doigt cette triste réalité.

 

 

Nous sommes au rond point de la poste centrale à Yaoundé ; malgré la chaleur infernale que connaît la cité capitale ce samedi 18 juin 2011,  la place ne cesse de grouiller de monde. Tant sur les trottoirs que sur les passages croutés. Aussi, au bord des trottoirs, des jeunes enfants, âgés parfois de moins de 10 ans vous proposent des paquets de mouchoirs de poche, des bonbons, des friandises de toutes sortes et bien beaucoup d’autres choses. Ici, les prix sont des prix défiant  toute concurrence : c’est le prix des vacances.

Afin de mieux attirer leur clientèle, ces mineurs vous tendent leurs produits jusqu’aux yeux, non sans vous affubler de tous les grands titres qui puissent plaire à un adulte de votre âge (Tonton, Tantine, Papa, grand – frère…). Lorsque vous lui faîtes la recette, il affiche un grand sourire, tout en vous larguant un merci des plus joyeux. À la question de savoir comment il gère ses approvisionnements et ses bénéfices, voici ce que nous répond Yannick, un jeune garçon de 12 ans, vendeur de mouchoirs jetables : «  … depuis trois ans, dès que sonnent les vacances, mon père me donne un fond de commerce de 5000 F.CFA, ensuite, il m’amène dans un magasin, et les confie au responsable. Ainsi, chaque matin, je m’y rends, et je prends une quantité de marchandise correspondant à cette somme. Le soir venu, je leur rends le reste de marchandise et je complète mon fond à la somme de départ. Aussi, je rentre avec le surplus, ce qui correspond à mon bénéfice ».

Contrairement à Yannick, son ami Stéphane vend plutôt des croquettes que prépare sa maman. De même, d’une  manière générale, la gestion des bénéfices est presque la même comme nous explique Stéphane : «  lorsque je rentre chaque soir, ma maman récupère le bénéfice et le place dans une caisse qu’on n’ouvre qu’à la rentrée… »

D’après nos enquêtes, à la fin des vacances, chacun de ces enfants se retrouve parfois avec un bénéfice oscillant entre 20 000 F.CFA et 50 000 FCFA. Lequel argent aide leurs parents dans l’achat des fournitures scolaires et parfois même de la pension.

Si pour de nombreux parents des familles pauvres ce business des enfants constitue quelque chose de très important, tel n’est pas le cas pour ceux des familles nanties qui voient en ce genre de choses une véritable traite des enfants. C’est le cas de cette jeune dame rencontrée sur les lieux : « c’est regrettable qu’on jette les enfants dans la rue de cette façon, sous le prétexte qu’ils préparent la rentrée, c’est une vraie exploitation des enfants… » Martèle cette jeune femme en furie avant de poursuivre «  dans un pays sérieux de pareilles choses ne sauraient être tolérées ». À l’opposé de cette femme, maman marguerite, qui est vendeuse à la sauvette sur place conseille plutôt aux autres familles de copier cet exemple « avec les temps qui deviennent très dures, il est important de ne pas apprendre la facilité aux enfants. Car l’on ne sait dans notre environnement de quoi est fait le lendemain ; chaque famille devrait déjà à un certain âge habitué l’enfant à la débrouillardise ; pour moi je ne trouve aucun mal à cela ».

S’il est vrai que cette contribution de ces jeunes enfants à la construction de leur propre avenir n’est pas négligeable, il reste tout de même à la déplorer la façon avec laquelle sont traités certains d’entre – eux. Aussi, ces enfants, mineurs pour la plus part, courent un grand risque d’accident et d’enlèvement dans la rue, surtout pour les jeunes filles de la bande qui représentent  pour les adeptes du « sexe facile » un terrain très fertile ! Les autorités de leur côté se doivent de sensibiliser les populations à ce sujet.

 

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