Il était un homme qui, le matin en se rasant, se voyait président de la République.

 

A la lueur de ce qui se passe actuellement à Florange, à Aulnay sous Bois, dans divers sites de Sanofi, Pétroplus et de nombreux autres, je me demande comment les dirigeants de ces entreprises se voient le matin dans la glace.

 

Celui dont l’entreprise survit difficilement, qui se résout, en dernier recours, à supprimer des postes dans son entreprise, la boule au ventre, doit se voir le teint blême, les cernes sous des yeux rougis par la fatigue après une nuit d’insomnie.

 

Mais celui qui décide d’envoyer au chômage des personnes qui ont donné à son entreprise de nombreuses années de travail, parfois mal payées, uniquement pour mieux rétribuer ses actionnaires ou pour faire monter le cours de bourse, ou qui transfère ses usines à l’étranger pour faire la même production à moindre coût ou parce que, là-bas, il peut exploiter ses ouvriers davantage qu’en France, comment se voit-il dans la glace ?

 

Messieurs les patrons, votre entreprise n’est pas seule. Et si vous réagissez tous comme ceci, sachez que vos salariés et ceux de vos homologues sont aussi vos clients, et que si, tous, vous les privez d’emploi et de ressources, vous tuez aussi vos clients. Ce ne sont ni les Chinois ni les Malaisiens qui vont venir écouler les stocks que vous aurez importés en France, et vous verrez vos bénéfices fondre puis vous entendrez vos actionnaires maugréer, protester, et ils finiront par se séparer de vous puisque vous ne pourrez plus répondre à leurs exigences.

 

Alors, peut-être, regretterez-vous de ne pas les avoir convaincus de garder leurs employés et de trouver d’autres moyens de développer leur entreprise.

Mais il sera trop tard pour ceux que vous aurez « remercié » (quel terme inapproprié ici), et il sera trop tard pour vous.