Ce n’est certes pas la première fois qu’Hollywood tourne des films patriotiques à la gloire des armes et des armées des United States of America. Le genre est tout à fait « All American », mais avec Act of Valor, un pas a été franchi. C’est classé R (violence, sexe, &c.) mais non pas en raison des filles en bikini, mais des actions des acteurs incarnant des terroristes russes et de celles des commandos des forces spéciales, les fusilliers-marins des SEALs, qui sont de vrais militaires engagés. 

Le film sort dans pas moins de 3 000 salles aux États-Unis ce samedi, et la presse de droite, du genre Fox News, ne tarit pas d’éloges.
Évidemment, le film se termine par le déroulement à l’écran des SEALs tombés au combat.
God Bless America.

Le Washington Post remémore que le premier film du genre, Wings, avait été tourné, en muet, en 1927, avec l’assistance de l’armée de l’air américaine. Tout le monde se souvient aussi de Top Gun.
De fait, la presse aux armées fournit aussi des spécialistes, des experts, qui offrent leurs conseils pour les scénarios et les scènes d’action des films à thème guerrier.

Scott Waugh et Mike « Mouse » McCoy avaient auparavant produit un court documentaire sur les opérations spéciales de sauvetage de pilotes, marins ou soldats blessés ou encerclés en opérations ou lors de récupérations d’otages civils. Entretemps, la Navy avait fait des appels du pied pour qu’un film mettant les SEALs en valeur soit produit. Le Royaume-Uni dispose de deux princes pilotes d’hélicoptères, la Navy des É.-U. compte sur Hollywood.

Mais cette fois, pas de vedettes (les rôles des terroristes ne sont pas tenus par des pointures connues du grand public), juste des starlettes et de vrais membres des forces spéciales, de vrais commandos marine. Nous avons donc, en premiers plans, un vrai officier et son second, un sergent, et six autres militaires. Ils doivent récupérer un membre de la CIA en Amérique centrale. Ce sera le prétexte à montrer aussi des images censées avoir été tournées aux Philippines, en Somalie, et en Tchétchénie. Engagez-vous, rengagez-vous, vous verrez du pays.

Les décors, notamment des « villes » ou « villages », sites d’entraînement aux combats urbains, ont été fortement crédibilisés, et les silhouettes, soit les figurants, étaient priés de prendre encore plus soin de leurs treillis ou uniformes. Les cinéastes ont bien entendu profité de toutes les facilités possibles, et ils ont dû largement utiliser l’aubaine.
Je me souviens d’un confrère qui avait œuvré au Sirpa, en tant que caméraman appelé, notamment pour des films visiblement destinés à aider des ventes d’armes, et il lui suffisait de dire à un général de l’Air ou de la cavalerie blindé de faire repasser un avion dans le ciel ou faire de nouveau rentrer dans le champ des chars pour les galonnés s’exécutent : « on la refait ! ».
C’était évidemment mieux que de faire tourner des camions dans les cours des casernes pour brûler les stocks de carburant afin de retrouver la même allocation budgétaire l’année suivante.

Le film a aussi bénéficié de 30 millions d’USD pour sa promotion. Le site lié ne vous donne certes pas l’intégralité des séquences, mais des scènes du « making of » ont été placées sur YouTube sans attendre la sortie du DVD. Il y a un sous-marin, un porte-avion, des véhicules amphibies, des hélicos, et tout et tout. Cela tire et explose évidemment de partout. Peut-être pour faire genre, on a ressorti de vieux Dakota censés être toujours en service (certains le sont encore vraiment).
Et puis, beaucoup de gros plans des visages des militaires : il faut de l’empathie. Du James Bond, mais avec un collectif.

Le scénario est un peu tiré par les cheveux, mais le public est content. Il n’y a guère que les critiques professionnels pour se plaindre – pas trop pour ne pas se faire insulter – du jeu un peu guindé des acteurs principaux. Les dialogues sont aussi un peu trop factuels, centrés sur les actions à accomplir.

Les voix off sont aussi critiquées : pompeuses, édifiantes, frôlant le trémolo des actualités télévisées du temps du noir et blanc.  

 

Il a été remarqué que la manière de filmer était quelque peu calquée sur le jeu vidéo Call of Duty. C’est un peu normal, le jeu s’inspirant du réel.
Ce qui me remémore qu’un jeu vietnamien, inspiré de la bataille de Dien-Bien-Phu, a été sorti par Emobigames fin décembre 2011.

Le but est de tuer le maximum de légionnaires et parachutistes français. Il y avait déjà, dans Call of Duty 2, une séquence d’attaque d’un aérodrome tenu par des militaires français du futur « mauvais bord ».

Je n’ai pas vu Act of Valor, mais je doute qu’il y ait beaucoup de morts ou de blessés du fait de « tirs amis ». Ni trop d’accidents dus à des cafouillages. Le réalisme a ses limites…