« La violence politique est excusée, voire justifiée dès lors que les assassins peuvent être assimilés à des révolutionnaires ou à des progressistes » : tel est le constat dressé par Frédéric Valandré, qui, dans son essai : « Justice : Mise en examen »(1), s'en prend à « toutes celles et à tous ceux , qui », à ses yeux, « mettent la justice en accusation, cherchant toujours des excuses à celles et ceux qui transgressent les lois ! ».

Ayant obtenu son Baccalauréat littéraire, Frédéric Valandré a fait toutes ses études en histoire – DEUG, licence, maîtrise, DEA, pour, enfin, soutenir sa thèse de doctorat à l'Université de Versailles – Saint Quentin en Yvelines.

On sent déjà, chez cet homme de 33 ans, qui a quitté les bancs universitaires en septembre 2007, un souci permanent face à la vérité qui doit être de mise dans la diffusion de l'information. En effet, son essai : « France Intox », paru en juin 2006 aux Éditions Underbahn, parle de cette désinformation qui existe dans notre Pays. Très vite, il est confronté à cette désinformation qui peut apparaître, surtout dès lors qu'il s'agit de chercher de mettre à mal l'institution judiciaire dans son ensemble !

Or, l'institution judiciaire est là pour faire son travail de justice ; la Police nationale et la Gendarmerie nationale sont là pour faire leur travail d'enquête et d'investigation ! Aussi, lorsque ce jeune écrivain, par ailleurs Docteur en Histoire Contemporaine (spécialité: histoire du livre et de l'édition) parle d'« Un gangster dénué de pitié et aux mains tâchées de sang, considéré comme un justicier solitaire lâchement assassiné par la police », on devine aisément qu'il nous parle de Jacques Mesrine( 2) Pour Frédéric Valandré, qui va beaucoup plus loin dans son analyse, « On transforme un criminel avéré, tel un violeur en série ou le meurtrier d'une femme âgée, en l'innocente victime d'une prétendue erreur judiciaire »« Comment est-ce possible ? », demande-t-il.

Aussi, ce jeune auteur a décidé de passer au crible toutes ces aberrations, qu'il considère comme une « pseudo justice »… dans « Justice : Mise en examen ». Ce dossier noir de la justice médiatique, car il s'agit bien d'une accusation lancée contre certains médias, est à lire d'urgence…

Mais, avant, et pour vous donner un avant goût de ce que vous allez lire, Frédéric Valandré a bien voulu, pour C4N, répondre à mes questions.

Pourriez-vous nous présenter votre livre « Justice : mise en examen » en nous disant ce qui vous a poussé à le rédiger ?

Avant de vous répondre, je tiens à remercier mon père : c'est lui qui a trouvé le titre de l'ouvrage. Contrairement à ce que d'aucuns pourraient croire, cette "mise en examen" n'est pas une analyse de l'institution judiciaire française, mais de la justice telle qu'elle est présentée par nos médias. En clair, ce que j'appelle une justice parallèle. Je m'intéresse aux faits divers depuis bien longtemps, et j'ai pu constater que, entre la réalité de certains dossiers criminels et la manière dont ils étaient traités dans des journaux, des livres, des émissions de télévision, il y avait un fossé, pour ne pas dire un gouffre ! Alors, j'ai souhaité remettre les pendules à l'heure. De fait, cela faisait quatre/ cinq ans que je voulais rédiger un livre sur la question, mais c'est seulement après ma soutenance de thèse que je me suis attaqué sérieusement à la rédaction de ce travail.

En constatant que votre éditeur se trouve aux États-Unis, tout particulièrement à Wilmington dans le Delaware, j'ai la nette impression que vous n'avez pas réussi à trouver une maison d'éditions en France. Est-ce dû au sujet développé tout au long de votre ouvrage ? Est-ce dû également à la méfiance de certains éditeurs français face à des auteurs, qui critiquent presse, journalistes, associations s'occupant de Droits de l'Homme ?

Mon livre est, pour reprendre l'expression d'un magistrat, « judiciairement incorrect ». Cela explique t-il les refus que j'ai essuyés ? Je n'en suis pas si sûr. Certes, certains éditeurs refusent des manuscrits dont le contenu leur paraît trop « sensible », dirons-nous. Ceci dit, j'ai étudié le monde de l'édition durant des années –  ma thèse est en grande partie consacrée à l'édition à compte d'auteur –  et je peux vous certifier que pour un écrivain lambda, qui n'a pas de relations, publier sa prose n'est pas une mince affaire, quelle que soit la qualité du manuscrit. Je me suis donc adressé à mon premier éditeur – William Lamprey, des éditions Underbahn, que je remercie ici – , qui a accepté de publier mon nouvel ouvrage. 

En vous lisant, Frédéric Valandré, j'ai la nette impression que vous êtes favorable à la peine capitale. Si c'est le cas, ne pensez-vous pas que ce châtiment est un crime judiciaire et que seul Dieu a le droit de vie et de mort sur tous les hommes ?

Sans être un chaud partisan de la loi du Lynch, je suis en effet favorable à la peine capitale, mais uniquement pour les crimes plus graves, notamment les meurtres avec préméditation d'enfants, de personnes âgées, de représentants des forces de l'ordre. Est-ce Dieu seul qui a le droit de vie et de mort sur tous les hommes ? Je ne pense pas. Du reste, on peut être un homme de Dieu et en même temps un partisan du châtiment suprême ; je pense au Père Bruckberger, auteur de « Oui à la peine de mort » (Plon, 1985).

Toujours sur ce sujet, et je suis opposé à la peine capitale, ce, pour quelques crimes que ce soient, ce, en temps de paix comme en temps de guerre, ne pensez-vous pas qu'il serait préférable qu'une personne coupable de crimes particulièrement horribles puisse être condamné à une peine de prison à perpétuité « incompressible totalement » ?

Je suis lucide : je sais bien que la peine de mort ne sera pas rétablie de sitôt en France. Votre proposition va dans le bon sens, car en France, on a souvent l'impression que la réclusion perpétuelle n'est qu'une aimable plaisanterie ! D'ailleurs, une association, l'Institut pour la Justice, se bat pour que soit instituée une peine de perpétuité réelle. Le Président du Comité de parrainage de l'institut est Philippe Schmitt, le père de la jeune Anne-Lorraine, assassinée le 25 novembre 2007 dans le RER D par un délinquant sexuel récidiviste.

Toujours sur ce sujet, beaucoup pensent que Christian Ranucci est innocent des crimes qui lui furent reprochés… Aux USA, beaucoup pensent que Mumia Abu Jamal est innocent du crime qui lui est reproché. Sur quels thèses vous fondez-vous pour dire que ces hommes sont coupables des faits qui leur sont reprochés ?

La thèse de l'innocence de Christian Ranucci ne tient pas la route une seule seconde, quoi qu'en dise Gilles Perrault, l'auteur du Pull Over rouge. C'est  Ranucci, et lui seul, qui a indiqué aux policiers l’endroit exact (un tas de tourbe) où se trouvait le couteau ayant servi à tuer la petite Marie Dolorès Rambla. Un détail que seul le meurtrier pouvait connaître. J'observe par ailleurs que le sieur Perrault a été maintes fois condamné pour diffamation envers les enquêteurs de l'époque, et que ses arguments ont été démontés par l'ancien policier Gérard Bouladou, dans « Affaire Ranucci : autopsie d'une imposture » (Pascal Petiot, 2006). Hélas, la légende a la vie dure !  Pour l'autre cas de figure,  je me réfère dans mon livre à l'expertise balistique d'Anthony Paul, expliquant que la balle qui a tué le policier Daniel Faulkner a été tirée par le revolver calibre 38 de marque CharterArms ayant appartenu à Mumia Abu-Jamal.  Par ailleurs, tous les abolitionnistes américains ne sont pas persuadés de l'innocence de cet homme ; voir à ce sujet l'article de Sylvie Kaufmann paru dans Le Monde du 14 octobre 2003. Et j'ai pu constater le même phénomène en France, quand je préparais mon livre.

Pour vous, Seznec est coupable, ce, même si le corps de sa ''supposée'' victime n'a jamais été découvert… Comprenez-vous le combat mené par son petit fils pour le faire réhabiliter ? Ne pensez-vous pas que la Justice, qui est composée d'êtres humains, peut également se tromper ?

C'est entendu : la justice des hommes n'est pas infaillible. Quant au combat mené par Denis Le Her-Seznec – « le combat de toute une vie »  – il est en soi tout à fait respectable, admirable même. Moi-même, j'ai longtemps cru en l'innocence de son grand-père. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, car même si on n'a jamais retrouvé le corps de Pierre Quémeneur, on ne peut pas en déduire que : « Pas de cadavre, pas de preuve ; pas de preuve, pas de crime ». Il y avait contre Guillaume Seznec un faisceau de présomptions, qui a conduit à sa condamnation. En fait, deux choses m'agacent fortement dans l'attitude du petit-fils Seznec – même si, je le répète, son combat est respectable. Tout d'abord, il développe une interprétation complotiste du dossier – thèse de la machination politico-policière contre son grand-père – qui tient difficilement la route. Un complotisme qu'il manifeste également quand il évoque d'autres affaires, comme celle des disparues de l'Yonne ; voir sa prestation dans C dans l'air du 11 novembre 2004 (intitulé « Qui a peur d'Émile Louis ? »). Ensuite, j'ai la désagréable impression qu'il ne supporte guère la contradiction. Quand Bernez Rouz publie en mars 2005 un ouvrage pourtant fort objectif, « L'affaire Quémeneur-Seznec Enquête sur un mystère » aux éditions Apogée, il s'insurge en disant que cette parution est pire encore que les actions des antidreyfusards (Le Figaro, 11 avril 2005). Et dans le bulletin de février 2009 de son association France-Justice, ceux qui croient en la culpabilité de Guillaume Seznec sont assimilés à une « peste noire » ! Tout cela est aussi excessif que dérisoire.

A vous lire, beaucoup de personnes ne sont pas innocentes des faits qui leur sont reprochés ! Pour vous, Patrick Dils, certains des Acquittés d'Outreau…, sont-ils coupables ?

Par respect pour l'autorité de la chose jugée, je préfère ne pas répondre. Cependant, je ferai une observation : compte tenu des zones d'ombre subsistant dans les deux dossiers en question, il n'est guère étonnant que certaines personnes soient dans le doute. La piste Francis Heaulme dans le meurtre de Cyril Beining et Alexandre Beckrich à Montigny-lès-Metz a, semble t-il, beaucoup contribué à l'acquittement et à la libération de Patrick Dils en avril 2002. Or, ladite piste n'a cessé de s'enliser, et elle est aujourd'hui au point mort. Quant à l'affaire d'Outreau, il faut savoir une chose : Chérif Delay, l'aîné des frères Delay/ Badaoui, affirme que certains de ses bourreaux sont aujourd'hui en liberté, et regrette de ne pas avoir témoigné au procès en appel de l'automne 2005 (voir Minute du 3 décembre 2008).

En lisant votre ouvrage, j'ai constaté que vous n'étiez pas favorable à la création de cette Commission d'Outreau… Vous, ainsi que Ludovic Lefebvre que vous avez interrogé, reprochez le lynchage organisé du Juge Burgaud… Ne pensez-vous pas que c'est toute l'institution Judiciaire qui est coupable, sachant que le Procureur Lesigne, lui, n'a pas été inquiété, ni montré du doigt sur la place publique ?

Tout n'était pas inintéressant dans cette commission d'enquête parlementaire, loin s'en faut. L'idée de mettre les choses à plat sur le dossier d'Outreau, de donner la parole aux personnes acquittées, avocats, magistrats, journalistes… ce  n'était pas une mauvaise idée. Mais c'est vrai, j'estime que Fabrice Burgaud a été la cible d'un lynchage médiatique, et que c'est un peu commode de lui faire payer l'ardoise de toute cette affaire. A titre d'exemple, on oublie, ou on feint d'oublier, que c'est son successeur, le magistrat instructeur Cyril Lacombe, qui a décidé d'envoyer 17 personnes aux assises, le 13 mars 2003. A un degré moindre sans doute, Gerald Lesigne a été épinglé lui aussi, notamment lors de son audition devant la commission d'enquête le 9 février 2006 ; du reste, il a comparu devant le Conseil Supérieur de la Magistrature au printemps 2008, qui ne lui a infligé aucune sanction. Faut-il déclarer coupable la Justice dans son ensemble ? Culpabilité est un terme un peu fort : que je sache, il n'y a pas eu de volonté délibérée d'envoyer des accusés en prison tout en les sachant innocents. Par contre, on peut parler de responsabilité de l'institution judiciaire, au regard des erreurs commises. J'ajoute qu'il ne faut pas tomber d'un extrême à l'autre. Si les audiences contradictoires des deux procès d'assises de 2004 et 2005 ont vu s'effondrer la thèse du réseau pédophile, n'oublions pas qu’il y a eu quatre condamnations définitives dès le premier procès : les couples Thierry Delay/ Myriam Badaoui et David Delplanque/ Aurélie Grénon, et douze enfantsdont les fils du couple Delay/ Badaoui – ont bien été victimes de viols, d’agressions sexuelles, de proxénétisme ou de corruption de mineurs. Alors, oui, le dossier a été "gonflé", mais il n'était pas totalement vide.

Au delà de cette affaire d'Outreau, ne pensez-vous pas que le rôle du Juge d'Instruction aurait dû être modernisé, repensé et modifié le cas échéant ? Ne pensez-vous pas non plus que le secret de l'instruction est trop souvent bafoué par ceux qui sont charger d'instruire ?

Modifier le rôle du juge d'instruction ? Pourquoi pas, bien sûr… Mais encore faut-il savoir ce qu'on entend par là. Du reste, une réforme à ce sujet n'empêchera pas forcément des loupés judiciaires de se reproduire. Quant à la violation du secret de l'instruction, c'est vrai, on a pu voir des magistrats se faire piéger par des journalistes, ou d'autres plaider ouvertement pour une instruction "à ciel ouvert" – tel Henri Pascal, le célèbre magistrat instructeur de l'affaire de Bruay-en-Artois. Ce problème ne date pas d'hier, et je ne suis pas certain qu'on pourra y mettre un terme. Notons par ailleurs que sur le plan médiatique, la dénonciation de la violation du secret de l'instruction est à géométrie variable : quand cette dernière donne des arguments en faveur de l'innocence d'un mis en examen, aucun problème, mais dans le cas inverse, c'est une autre paire de manches. A ce sujet, je vous renvoie au texte percutant d'un ami isérois sur l'affaire de Tarnac : http://s.huet.free.fr/dotclear/index.php?post/2009/04/03/551-le-coup-de-tarnac#c159

Que pensez-vous de la suggestion du Président Nicolas Sarkozy de supprimer le juge d'instruction ?

Tout en reconnaissant que parmi les partisans de cette réforme, il est des personnes animées des meilleures intentions, je suis contre cette suggestion. Rien ne prouve qu'elle constituera un "sérum" permettant d'éviter de nouveaux chaos judiciaires.

Ne faudrait-il pas, afin d'éviter toutes les erreurs qui peuvent être commises, donner, aux avocats, les mêmes possibilités d'enquêtes et d'investigations, qui, sont détenues par les juges d'instruction, par les policiers et par les gendarmes ?

C'est une idée intéressante, mais qui fournirait alors aux avocats les moyens nécessaires pour mener leurs propres enquêtes ? L'État ? Je ne sais pas si ce serait possible, financièrement parlant. Aux États-Unis, il y a égalité de l'accusation et de la défense, qui mènent leurs investigations chacun de leur côté. Mais c'est une égalité souvent théorique : le ministère public dispose des moyens de l'État, contrairement à la défense, qui doit faire avec ce qu'elle a, c'est-à-dire pas grand chose. A moins bien sûr, que le client soit fortuné, tel feu Michael Jackson (paix à son âme).

Concrètement, que faudrait-il faire pour redorer l'image de l'institution Judiciaire, très souvent mise à mal par certains médias ?

Sur le plan du fonctionnement de l'institution judiciaire, une réforme comme celle que vous évoquiez tout de suite pourrait aller dans le bon sens – malgré mes réserves sur sa possibilité d'application – tout comme l'institution d'une perpétuité réelle. En outre, à l'instar de l'Institut pour la Justice, je suis favorable à la possibilité pour les parties civiles de faire appel d'un jugement d'assises, au même titre que la défense et l'accusation. Mais il ne faut pas se leurrer : quelles que soient les mesures prises pour redorer l'image de la Justice, celle-ci n'échappera pas à la critique. Une critique en soi  légitime, mais entre cette critique et une agression médiatique dépourvue de nuances, il existe une sérieuse marge.

Bien que le sujet n'ait pas été abordé dans votre livre, j'aimerais vous parler des prisons françaises, qui sont montrées du doigt par les institutions européennes, par l'Observatoire des Prisons. Ne faudrait-il pas changer la prison en l'améliorant(3) ? La solution, ne consisterait-elle pas à considérer qu'il devrait y avoir ce principe clair : « un détenu = une cellule = une douche », ce, pour éviter les crimes entre détenus ?

L'article que vous avez consacré à ce sujet en septembre dernier sur C 4N est pour le moins édifiant ! Il est clair qu'il est tout à fait anormal de mettre dans la même cellule un détenu condamné pour un délit et un dangereux assassin. Je sais, par exemple, qu'un détenu emprisonné quelque temps pour escroquerie s'était retrouvé dans la même cellule que Didier Gentil, avant que celui-ci ne soit jugé (et condamné) pour le viol et le meurtre de la petite Céline Jourdan.

Quant au principe « un détenu = une cellule = une douche », c'est assurément une bonne idée, mais pour la mettre en pratique, il faudrait désengorger les prisons, c'est évident. Dans le cas contraire, ce serait tout bonnement impossible, faute de moyens financiers.

Certains, dans notre Pays, s'accordent à penser qu'il y a trop de mises en détention préventive, qu'il y des peines qui devraient être remplacées par des peines alternatives, que les prévenus et condamnés sont détenus dans des conditions inhumaines, dans la promiscuité qui mène trop souvent au crime, au suicide… Ne pensez-vous pas que la prison ne devrait être réservée qu'aux assassins, qu'aux criminels, qu'aux pédophiles, qu'aux violeurs, qu'aux personnes coupables de violences envers autrui… ? Ne devrait-il pas y avoir, pour les délits relevant de la Correctionnelle, une alternative à la prison, dès lors que les dits délits auraient été commis sans violence ?

Les problèmes que vous soulevez ici ne datent pas d'hier ; il y a plus de vingt ans de cela, le journaliste Gérard Delteil avait publié une étude très documentée, « Prisons : Dossiers brûlants » (Le Carrousel/ Presses de la Cité, 1986). Je pense, moi aussi, qu'il faudrait améliorer le système carcéral, sans aller jusqu'à transformer les prisons en lieux de villégiature. De fait, envoyer derrière les barreaux uniquement les délinquants et les criminels condamnés pour crimes graves pourrait être une solution convenable. Demeure la question des peines alternatives pour les délits commis sans violence. Les bracelets électroniques ? Fort bien, mais il faudrait alors développer le système : d'après le visiteur de prison Claude Veyer, il n' y en avait que 3 900 en circulation en juin 2008, ce qui est insuffisant. Et quelles peines alternatives pourrait-on prévoir pour les personnes condamnées, par exemple, pour escroquerie, pour détournement de fonds ? Ce n'est pas si simple. La mise en place d'une réforme du système carcéral et d'une série de peines alternatives ne se fera pas du jour au lendemain.

On considère également que la Justice est trop lente, ce, à tous les niveaux. Ne pensez-vous pas, histoire de désengorger les prisons, qu'il faudrait que cette justice soit plus rapide ?

Dire que la justice française est trop lente relève de l'euphémisme. Certes, quand un juge doit instruire des dizaines de dossiers en même temps, il n'est pas toujours évident de travailler avec rapidité. Mais pour la défense comme pour la partie civile, cette lenteur peut devenir insupportable, et on le comprend. De fait, c'est l'ensemble de l'institution qui est touchée : de 1999 à 2005, la France a été condamnée 220 fois (!) par la Cour européenne des Droits de l'Homme pour « non-respect des délais raisonnables de jugement ». Là encore, une réflexion de fond s'impose sur ce problème grave, qui ne fait pas honneur à notre pays.

Pour conclure, Frédéric Valandré, pourriez-vous nous dire si vous êtes optimiste pour le devenir et l'avenir de nos Institutions Judiciaires ?

Il faut se faire une raison : quoi qu'on fasse, l'institution ne sera jamais parfaite. Je ne suis optimiste, ni pessimiste. Quand la justice fonctionne, je m'en réjouis. Quand elle fonctionne mal, je le déplore.

« Justice : Mise en Examen » par Frédéric Valandré

Prix : 12,00€ (frais de port compris pour la France)

ISBN 0-9774224-8-8

268 pages, mars 2009

http://underbahn.gorillaguerilla.com/0977422488.html

  1. (1) – 5 mars 2009 aux Éditions Underbahn Ltd, Wilmington, Delaware, USA

  2. (2) -Tué le 2 novembre 1979 à Paris, Porte de Clignancourt, par les policiers dirigés par le Commissaire Broussard

  3. (3) ( Voir la liste des articles à lire ci-dessous
  4.  

Ces articles, qui ont été lus par Frédéric Valandré, sont à lire ou à (re)lire :

– Dominique Dutilloy : « Condamné à mort et exécuté pour conduite en état d'alcoolémie », publié le 13 septembre 2008
http://www.come4news.com/index.php?option=com_content&task=view&id=20780

– angie 47 « Ferrara et ses complices jouent les fines gueules », publié le 7 octobre 2008
http://www.come4news.com/index.php?option=com_content&task=view&id=21549

– SOPHY : « Valenciennes : Quand on reparle de la "Privatisation des Prisons" !! », publié le 28 mars 2009
http://www.come4news.com/index.php?option=com_content&task=view&id=25862

– SOPHY : « ''SURPOPULATION CARCERALE" : Réflexions d'un Visiteur de Prisons !! », publié le 18 avril 2009
http://www.come4news.com/index.php?option=com_content&task=view&id=26281