Les trois partis grecs de la coalition ont trouvé un accord sur de nouvelles mesures d’austérité ce jeudi.

 

 

 

Mario Draghi, le président de la Banque Centrale Européenne (BCE) a annoncé ce jeudi lors d’une conférence de presse qu’un accord était intervenu en Grèce entre les trois partis de la coalition, les socialistes de Pasok, les conservateurs de la Nouvelle Démocratie et le LAOS d’extrême-droite. Le premier ministre grec, Lucas Papademos, a confirmé la nouvelle peu après. Les négociations coinçaient depuis plusieurs heures sur les retraites et notamment sur le niveau des coupes dans les retraites complémentaires en vue de sauver le système des retraites. Peu d’informations ont filtré sur les réformes prévues. On sait juste que 3,3 milliards seront ponctionnés pour réduire le déficit public dès cette année. La troïka exige également une baisse du coût du travail dans le secteur privé de l’ordre de 20%. Pour financer cette somme, on parle d’une réduction de 20% du salaire minimum, d’une suppression des primes de congés payés ou encore certains accords salariaux de branche. Dans un projet d’accord envoyé au Fonds Monétaire International (FMI) et relatif au nouveau plan d’aide au pays, la Grèce s’engage à prendre des mesures fiscales représentant 15 milliards d’euros d’ici 2015. Cet accord gouvernemental, voulu par les bailleurs de fonds, était indispensable au déblocage de l’aide de 130 milliards accordés à la Grèce, le deuxième plan de sauvetage accordé au pays. Il faut maintenant que la troïka approuve ces réformes avant le 15 février, la date limite souhaitée par les bailleurs pour ensuite laisser le temps à la Grèce de terminer ses négociations avec ses créanciers privés. Le 20 mars, sans accord et donc sans deuxième plan de sauvetage, la Grèce fera défaut car 14,5 milliards de dette obligataire arrive à échéance. 

 

Alors que les négociations se poursuivent en Grèce avec les créanciers privés à propos d’une restructuration de la dette, la Banque Centrale Européenne plancherait actuellement sur une éventuelle participation. Le privé a d’ailleurs appelé le secteur public à prendre ses responsabilités, avec en première ligne la BCE. Problème : l’institution européenne ne peut pas prêter directement à un Etat. Ses statuts juridiques lui interdisent ainsi de monétiser directement la dette d’un pays. On chercherait en ce moment, du côté de Francfort, un moyen pour contourner ce petit souci. La solution envisagée serait une vente des titres de dette détenus par la BCE au Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) au prix où elle les avait initialement achetés il y a quelques mois. Elle les céderaient ainsi pour 38 milliards d’euros alors que ces titres valent 50 milliards aujourd’hui. Ensuite, le FESF sera chargé de reverser cette plus-value à la Grèce. Le but est bien entendu de combler une décote plus faible qu’espérée avec les créanciers privés. La décote espérée serait de 70%, elle pourrait être de l’ordre de 60%, tout au plus. L’agence de notation Standard & Poor’s dont la note pour la Grèce est actuellement de CC et qui envisage d’à nouveau la baisser en catégorie "défaut sélectif" estime qu’une décote de 70% ne suffirait même pas à rendre tenable le niveau d’endettement de la Grèce.

 

En reversant ses bénéfices réalisés sur la dette grecque, la BCE éviterait une perte qu’aurait engendré une décote de ses titres. Une perte qui aurait remis en cause l’indépendance de l’institution. Certains craignent que ce nouveau coup de pouce allège la pression sur Athènes. 

 

En réponse à cette nouvelle cure d’austérité, un appel à la grève nationale à partir de vendredi a été lancé pour 48 heures par les deux principaux syndicats du pays, le GSEE pour le privé et l’Adedy pour le public, craignant pour les jeunes, les retraites et le chômage. Le chômage grec a d’ailleurs atteint un nouveau record de 20,9% de la population active en novembre, contre 18,2% en octobre dans un marché de l’emploi atteint par la crise de la dette et l’austérité ambiante. Ces chiffres ne sont pas ajustées aux valeurs saisonnières. Le taux de chômage moyen dans les 17 pays de l’euro a quant à lui légèrement augmenté passant de 10,3% en octobre à 10,4 % en novembre, ajusté aux valeurs saisonnières.

 

Concernant la croissance, le gouvernement grec s’attend à un recul du PIB de 4 à 5%, beaucoup plus que celui qui était retenu dans le budget 2012 présenté en novembre dernier (2,8%). Les économistes interrogés estiment qu’une baisse d’au moins 3,7% en 2012 ne serait pas étonnante.