Deux grandes sources d’inspiration de l’écriture sont la souffrance et l’amour. Dans son recueil « Fulgurance », Abder Zégout les réunit pour parler de son pays et de sa nostalgie dans l’exil. En divisant son ouvrage en deux parties, il veut reprendre une part de sa vie pour mieux l’appréhender dans son futur. Dans celle intitulée « Le village de mon enfance », il présente une jeunesse qu’il décrit comme heureuse jusqu’à la limite de la prise de conscience des réalités de la vie. Et dans son pays, les conditions d’existence passent par le combat, l’injustice et la mort.

 

A travers ses poèmes, il déplace, presque alternativement, le lecteur d’une page d’amour à une autre de vers dramatiques. Son écriture romantique vibre de l’émotion des sentiments amoureux. L’auteur aime et respecte la femme dans sa beauté et dans sa dignité. Cette adoration est associée à l’opposition d’une déception qui est perceptible dans plusieurs poèmes. L’amour apporte ses joies et ses peines que le poète reçoit avec la force de sa sensibilité à fleur de peau. IL perçoit ce sentiment avec une intensité qu’il ne retrouve pas toujours chez l’être aimée : l’âme humaine vit trop souvent dans un univers d’apparence, et les traditions restrictives de liberté de son pays ne facilitent pas la qualité des rapports humains.

Dans ses poèmes qui abordent la dure réalité de la vie sur son sol natal, l’auteur devient révolté : révolté contre la souffrance de ses contemporains, révolté contre l’injustice qui fait loi, révolté contre la misère de son peuple dont il est fier. Sa nature profondément humaniste ne peut le laisser indifférent aux malheurs des êtres humains et encore moins à ceux de ses frères et sœurs. D’un vocabulaire doux et romantique, il passe à un style où chaque mot est porteur d’une douleur, où chaque phrase est un cri. Le peuple kabyle a souffert tout au long de son histoire sous le joug de pouvoirs qu’il a toujours contesté et qu’il a souvent combattu par les armes.

Abder Zégout est un enfant de la liberté, et, ne pouvant supporter un asservissement contraire à ses convictions, il est parti pour un long voyage vers la patrie des Droits de l’Homme qu’il admire. Dans la deuxième partie « Mimosa de Menton » l’auteur trouve cet espace où il peut respirer et où il peut laisser sa créativité poétique s’exprimer. La richesse des rencontres qu’il fait au fil de son parcours lui apporte les satisfactions qu’il ne pouvait avoir de l’autre côté de la Méditerranée. Son inspiration reste la même entre la puissance de l’amour, et la force de la révolte. La vie sentimentale de l’être sensible ne connait aucune altération. L’éloignement, devenu exil, n’efface pas le lien éternel qui le relie avec sa terre natale.        

La nostalgie est présente entre souvenir et questionnement. Sa foi en la bonté de l’homme et en l’avenir d’un monde meilleur ne faillit pas. Le texte en conclusion du recueil se veut optimiste et tourné vers l’espoir d’une « Très Bonne et Heureuse Année ». La plume d’Abder Zégout est promise à de très belles années d’écriture, avec une authenticité qui met en valeur son talent et sa créativité. Par la poésie, il exprime une variété de sentiments et d’émotions qui correspond à la marque même d’un art qu’il maîtrise admirablement. 

 

 

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