Dans la nuit de jeudi à 21h45, deux véhicules de pompier et de police s'en allait éteindre un incendie près d'un centre commercial, lorsqu'une bande de quarante à cinquante personnes a surgi, munie de barres de fer, et s'en est prise aux deux véhicules, blessant trois pompiers et un policier de la BAC, provoquant leur repli. Les "jeunes" âgés de 12 à 20 ans, "encagoulés et masqués", ont continué ensuite leur chemin, incendiant et dégradant au passage 41 voitures, incendiant trois immeubles (c'est à dire une MJC, un office public HLM et une agence local de location automobile), détruisant un abri-bus, tout ceci jusque dans le centre ville. Les habitants de Saint-Diziers ne comprennent pas et le début d'explications pour ces violences est consternant: un "jeune" aurait été interpellé pour avoir donné une gifle à un policier, et leurs actes ne seraient qu'une représaille envers les policiers.
Pour la MJC incendiée, le premier secrétaire fédéral PS de Haute-Marne dans un entretien avec le journal Libération explique que le bureau du directeur a été incendié, et que du personnel se trouvait encore, malgré l'heure tardive, à l'intérieur du bâtiment, "ces jeunes n’avaient visiblement aucune autre préoccupation que de réaliser des exploits. Les habitants du Vert-Bois disent avoir reconnu malgré les cagoules des jeunes du quartier."
Ce qui aurait pu déplaire dans le fonctionnement de la MJC, c'est toujours selon le secrétaire général, "qu’ils (le personnel du MJC) imposent à tous les jeunes les mêmes règles d’accès aux activités et aux locaux: il n’y a plus de passe droits pour les caïds, plus de privilèges. Cela ne plaît pas à tout le monde… l’animateur de la salle multimédias s’est fait agresser par un jeune qui ne supportait pas de devoir faire la queue pour accéder à un ordinateur. " Selon les premiers témoignages, rien ne présageait cet évènement, mis à part quelques feux de poubelle, oubliant l'attaque du commissariat de police du 22 septembre après-midi par une bande qui protestait contre un interrogatoire, toujours selon le premier secrétaire, retournant violemment bureaux et chaises.

Dans cette affaire la police n'arrive pas à contenir les attaques des jeunes, les renforts arrivent trop tard, personne n'est interpellé. Après les déclarations fracassantes de l'ancien ministre de l'intérieur, et ses intentions de nettoyer au karcher les cités HLM, ses statistiques sur la délinquance en baisse, force est de constater qu'au contraire les violences augmentent et les bandes sont de plus en plus virulentes. Lors du procès pour l'attaque gratuite du bus de Marseille dans lequel avait été brûlée vive Mama Galedou (choquant les témoins au passage), la mère de l'un des incendiaires expliquait à la sortie du tribunal, que dans sa "cité" HLM, celui qui parle risque sa vie, et qu'en conséquence, les accusés ne pouvaient raconter plus que ce qu'ils n'avaient dit. Lors des émeutes de 2005, alors que plus de 400 véhicules, bien souvent de gens des quartiers, qui partaient travailler avec, brûlaient chaque nuit, les Français apprenaient que la moyenne habituelle se situait autour de 100 véhicules incendiés par nuit, sur tout le territoire. 100 véhicules, et peut-être cent drames personnels, mais parfaitement acceptés, comme une fatalité.
Lorsqu'il y a peu de temps, deux bandes se sont affrontées en plein Paris, il fut dit que cela ne pourrait se généraliser en plein centre ville, que c'était une exception qui ne se renouvellerait pas de sitôt. Cela s'était pourtant déjà produit avec l'émeute de la gare du nord, sans oublier les risques qu'ont couru les passants. Après le "sentiment d'insécurité" du gouvernement Jospin, qui cherchait à cacher une vérité, est donc arrivé "la délinquance qui baisse" de Nicolas Sarkozy, qui semble s'être apparentée à ce qui a été appelée "La délinquance routière". Ni l'attitude des uns ni celle des autres n'a enrayé la montée de la violence.
La délinquance des banlieues, et son cortège de violence ne s'est pas réduite, cette affaire en est l'exemple. Les bâtiments dégradés sont presque tous très symboliques: le MJC, l'abri-bus, l'office HLM… Durant les grandes émeutes de 2005, des écoles maternelles ont été chargées à coups de bêlier, bien heureusement en pleine nuit. Pour que cela cesse, il faudrait une véritable volonté, plus forte que les déclarations à l'emporte-pièce des dirigeants, ou que l'angélisme de l'extrème-gauche, trop prompte à s'imaginer les banlieues comme une réserve de révolutionnaires en puissance, les deux attitudes étant trop démagogues.
Les autorités ont fait un appel à témoins, qui sera peut-être entendu, les habitants semblant connaître les vandales, et cependant, c'est un risque à courir, à l'image d'Amor Kaak qui est traqué depuis son témoignage. 80 policiers ont pris place au vert-bois, jusqu'à ce que la situation se stabilise…