Ni propagande (à l’intention de qui ? je ne saurais le dire…), ni déni du fait que les policiers chargés du maintien de l’ordre sont soumis à des situations dangereuses, et que leur métier est difficile. Mais il faut bien comprendre que les citoyennes et les citoyens qui, par l’imposition, assurent les émoluments des fonctionnaires de la police et des militaires de la gendarmerie peuvent s’alarmer du comportement de certains, chefs de corps ou gradés ou non, qui outrepassent le rôle leur étant assigné en se livrant à des violences inadmissibles.

Loin de moi l’intention de stigmatiser l’ensemble des membres des « forces de l’ordre ». Je conserve assez d’amis ou de connaissances parmi elles et eux pour envisager des réalités complexes, et de plus, journaliste retraité ayant eu à couvrir des manifestations tournant parfois à l’émeute, je crois pouvoir faire la part des choses. Je fus placé – abusivement – en garde à vue, dans le cadre de ma profession, mais je n’ai jamais été victime de vraies violences physiques.

En revanche, je consulte régulièrement les sites de la fachosphère qui nient véhémentement tout soupçon de violence policière. Les faits sont têtus, documentés, attestés, prouvés, vérifiés, recoupés, les violences policières ne sont pas une invention d’histrions, de belles âmes bêlantes, &c.

Ce qui est lamentable, c’est que les médias, dont certains employés sont victimes de violences policières, ne rapportent, le plus souvent, que les agressions subies du fait de manifestants. C’est assez compréhensible. La police, la gendarmerie, sont des sources, de même que les syndicats, mais, c’est patent, on peut se priver – un certain temps – de sources syndicales ou autres, pas de sources policières. Mais il est tout aussi réel que, lorsque les casseurs sont des nervis de la FNSEA, quand il y a des affrontements violents entre pompiers et policiers, la presse minimisera les comportements des uns et des autres…

La rétorsion, qui consiste à priver le titre de presse ayant déplu à la hiérarchie policière ou gendarmesque de toute information relative aux faits divers, implique, en particulier en situation de concurrence aiguë, des répercussions économiques auxquelles les patrons de presse sont ultra-sensibles.

Pour saisir l’ampleur et la nature des violences policières en France, mieux vaut consulter la presse étrangère. Le dernier en date des exemples – j’avais auparavant signalé le cas d’un manifestant en tongs et maillot, mais nues, violenté – est celui, rapporté par la presse britannique (dont le Daily Mail), d’une wag (femme de footballeur) aspergée à Marseille de gaz lacrymogène (ou autre, dont des plus incapacitant).

Elle s’est retrouvée aussi en garde à vue, enfermée telle une animale, selon ses propres termes. Shocking !

Ce n’est pas le pire. Juste un fait trop « ordinaire ». Usuel, commun. Top commun. Et la plupart des ministres de l’Intérieur (Joxe fit figure d’exception, Chevènement se coucha comme tant d’autres) se savent otages des syndicats de policiers.

Je, nous pour la plupart, désirons une police, une gendarmerie, saines. Elles existent. Il serait grand temps de se rendre compte qu’elles risquent de disparaître. Il ne s’agit absolument pas d’opposer « bons » manifestants (et encore moins « bons » émeutiers) et « méchants » policiers, ou inversement. Ni de se livrer à des généralisations abusives. On peut fort bien comprendre que des policiers caillassés dérapent, perdent leur sang-froid, répliquent durement. Mais dans le cas de cette épouse d’un footballeur anglais, et d’autres similaires, se taire revient à se désigner en tant que possible future victime…

Faire état de ce que, non la police, non la gendarmerie dans leurs ensembles, est le fait d’officiers, de gradés, qui incitent ou tolèrent, d’hommes du rang, ne vaut absolument pas indulgence pour les casseurs. Dans les deux cas, les blessés (membres des forces de l’ordre et civils) sont généralement couverts par la Sécurité sociale, les dégâts aux propriétés privées répercutés par les assurances sur tous les assurés, ceux endommageant des bâtiments ou équipements publics finissent par être réparés par les contribuables (au sens large : tout le monde, casseurs, policiers, gendarmes, est assujetti à la TVA). D’où que vienne la violence, les victimes induites, c’est nous… Toutes et tous.