Il y a comparateurs de prix et services et comparateurs de services et prix… Soit des meilleurs (que la moyenne, n’espérez guère plus) et des pires. À l’occasion de la mise en ligne du comparateur de mutuelles santé de l’UFC-Que Choisir ? (sans doute, à priori, le meilleur des meilleurs), Le Canard enchaîné daté du 14 octobre revient sur les pratiques des comparateurs… Rares – très rares – sont ceux n’étant pas liés à des fournisseurs ou partenaires commerciaux. Souvent les prix varient, parfois du simple au double, bien fols qui s’y fient !
Bonne nouvelle tout d’abord. Le Comparateur de mutuelles de l’UFC-Que Choisir ? est consultable gratuitement en ligne jusqu’au 31 décembre. Mauvaise nouvelle, pour un senior à dépenses dentaires faibles et oculaires nulles, et fréquentant peu la faculté, il faut quand même compter au minimum quelque 50 euros mensuels pour une couverture, mettons, « moyenne ». Mais avec quelques garanties supérieures (à peine parfois), comptez jusqu’au quintuple, voire dix fois plus (eh oui, près de 500 euros du mois), pour le même profil.
D’où l’intérêt d’un vrai comparateur de prix en tous domaines. Le Canard enchaîné de cette semaine évoque brièvement l’étude de l’UFC-Que Choisir, qui vaut vraiment d’être consultée… Pour résumer (voir http://www.quechoisir.org/sante-bien-etre/complementaire-sante/enquete-mutuelles-sante-que-valent-les-comparateurs-de-complementaires-sante), six comparateurs ont signé un code de bonne conduite, parfois peu respecté à la lettre selon Le Canard, et les autres ne signalent pas leurs liens avec qui les finance, ou gonflent abusivement leurs prestations. Quand une centaine, voire un millier de formules sont annoncées comparées, il n’y a en fait derrière qu’une douzaine ou moins d’une vingtaine de partenaires. Lesquels sont rarement de grandes mutuelles mais assez souvent des courtiers. « On est donc bien loin d’une réelle représentativité du marché » assène l’association. De plus, les partenaires, sur leurs sites respectifs, proposent les mêmes tarifs (qui pourraient être moindres encore puisque les comparateurs seront rétribués de 20 à une centaine d’euros par prospect).
Évidemment, que ce soit un assureur directement ou un comparateur, il n’est pas garanti que votre profil ne sera pas utilisé par des tiers, voire largement revendu.
En fait, comme l’indique Le Canard, les comparateurs agissent tout comme Clicplan ou d’autres qui sélectionnent les « bonnes affaires » (proposées par leurs partenaires) en ignorant qui ne les rétribue pas. Ainsi, par exemple, pour un même produit, Clicplan renverra vers Showroomprivé mais non vers Vente privée, vers Groupon mais non vers un autre site proposant des rabais. Aussi convient-il, pour chaque produit, de se livrer à une recherche personnelle.
Un exemple ? Dell ou HP, sur leurs propres sites, vont proposer des rabais parfois (légèrement) supérieurs à ceux qu’ils font promouvoir par des agrégateurs ou des revendeurs (Grosbill, Pixmania, &c.). Si je repère une offre intéressante, je la traque systématiquement et le différentiel est souvent supérieur à 15 %. Cela vaut bien sûr pour les sites de réservation de vols ou de nuitées d’hôtel (dernier cas en date : Booking à 95 euros pour une chambre à 72, mais il est vrai que Booking imposait le petit-déjeuner, moins cher, mais de peu, sur le site de l’hôtel, et dont j’ai pu me dispenser).
Le Canard remémore les avis de l’Autorité de la concurrence et de ses instances associées. Les choses ont peu évolué. Certains sites se rémunèrent au clic, d’autres en pourcentage de l’achat, et mettent en valeur les partenaires les plus rémunérateurs.
Quant aux comparateurs de la grande distribution (Leclerc, Carrefour), c’est un peu comme l’Insee qui se livrerait, pour indiquer l’inflation, à un « panier moyen » qui ne le serait pas vraiment pour la moyenne des consommateurs ou vraiment très éloigné de la consommation réelle de très nombreuses personnes. C’est bien connu, qui fume ne subit pas l’inflation calculée par l’Insee, et par conséquent, le taux de rendement de son livret A sera identique à tout autre.
Le Canard trouve donc des produits telles la sauce soja ou des mini-bouteilles de soda dans le panier moyen. Bref, des producteurs nouvellement référencés et consentant des remises maximales vont retrouver leurs produits dans le fameux panier égal à… lui-même (certains sont bien sûr beaucoup plus égaux et moyens que d’autres).
Pour les billets d’avion, nous avions autrefois de simples comparateurs qui ont… évolué. Ainsi de Bravofly, qui s’est mis depuis à la réservation en ligne. Selon les compagnies, réserver directement sur leurs sites sera (ou non) plus avantageux. TripAdvisor renvoie sur des centrales de réservation et est associé à La Fourchette. Pour le moment, les tarifs de La Fourchette ne sont pas déjà mis en avant, mais cela pourrait advenir. Il n’est pas garanti qu’on ne trouvera pas plus avantageux en se rendant sur place.
Le Canard rapporte qu’Auto Plus s’est livré à une étude portant sur des accessoires automobiles. Avec des écarts allant du tiers à la moitié (32 à 50 % en sus du prix le plus bas).
L’ennui, c’est que les tribunaux ou l’Autorité de la concurrence sévissent trop sporadiquement et que le montant des amendes infligées finit répercuté sur les prix. On se fait donc gruger deux fois. Regardez les banques et les amendes record qu’elles se voient infliger. Les rémunérations des grands dirigeants progressent cependant et les tarifs des frais ne baissent pas, au contraire. On retrouvera bien sûr les banques parraînant des événements sportifs ou culturels ou humanitaires et nous en répercutant la facture.
Il en est de même, en diverses mesures, des comparateurs de prix et des sites promettant de bonnes affaires. Lesquels lèvent des fonds, peuvent effectivement un temps proposer de vraiment meilleurs tarifs, histoire de mieux se positionner que la concurrence (réelle ou arrangée), avant de rétribuer les actionnaires et les établissements financiers.
Les grands acteurs des divers secteurs organisent eux-même leur propre concurrence. Cela vaut pour les banques en ligne, filiales directes de banques facturant beaucoup plus cher leurs prestations, ou, par exemple, pour Direct Assurance, marque d’Anssur, filiale d’Axa. Au moins, c’est très clairement indiqué sur le site de Direct Assurance.
Mine de rien cet article a demandé à notre Jef (comme à son habitude) un travail véritablement objectif ! Merci pour ces indications pleinement utilisables !