Le 7 mars dernier, invité de l'émission A vous de juger sur France 2, le candidat Sarkozy avait promis de «poursuivre les fraudeurs, les tricheurs». Il ignorait alors qu'il s'en trouverait au sein même de son gouvernement !
Que nous apprend en effet 20 minutes, reprenant une information de L'Express ? Que Rachida Dati, pour intégrer l'Ecole Nationale de la Magistrature, a présenté un dossier faisant état d'un MBA européen du groupe Hautes Etudes Commerciales-Institut Supérieur des Affaires. Or la grande école affirme qu'elle n'a jamais obtenu le diplôme !
20 minutes aurait donc pu enlever son précautionneux – mais inapproprié – point d'interrogation : Calamity Dati a bien menti sur son CV. Si elle est aujourd'hui ministre de la Justice, sa légitimité à ce poste provient du fait qu'elle ait exercé la profession de magistrat.
Et l'on apprend donc qu'elle a fraudé pour entrer à l'école de la magistrature ! Nicolas Sarkozy va-t-il respecter sa promesse et "poursuivre" sa ministre, tricheuse et fraudeuse ? Qu'elle soit installée à un poste aussi emblématique que celui de ministre de la Justice, censé incarner la probité suprême, tout en étant convaincue de violation de la loi fait tout de même désordre ! Rappelons qu'en droit du travail, l'usurpation de diplôme est une faute grave justifiant le licenciement, comme l'a jugé la Cour de cassation (arrêt de la Chambre sociale du 26 janvier 1983, Lubart contre Association Les papillons bleus).
Mais si le président devait virer Dati, il devrait aussi se séparer de trois autres membres du gouvernement, ainsi que l'a révélé Rue89 : Roger Karoutchi, secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement, Christine Lagarde, ministre de l'Economie et des cadeaux fiscaux, ainsi que Brice Hortefeux, son homologue préposé à la persécution des étrangers, mentionnent tous dans leur CV l'Institut d'Etudes Politiques de Paris, sans qu'aucun des trois ne soit diplômé de Sciences Po !
Une vraie manie que ces petits arrangements avec l'honnêteté, au sein du gouvernement de la Sarkozie. Sans compter que le secrétaire d'Etat à la fonction publique, André Santini, est mis en examen pour "prise illégale d'intérêt", "faux" et "détournement de fonds publics", dans l'affaire du projet (avorté) de création d'un musée d'art contemporain à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), la ville dont il est l'inamovible maire.
Et le petit dernier fraîchement arrivé, "auréolé" d'une calamiteuse fin de Coupe du monde, Bernard Laporte, traîne derrière lui la casserole des investigations poussées menées sur ses activités d'homme d'affaires, par la Direction nationale d'enquêtes fiscales : "Présomptions de détournements d'actifs, dissimulations de recettes d'établissements, majoration artificielle des charges, double comptabilité, travail au noir." Alors avec tout ça, vous pensez bien que le faux diplôme de Rachida…
Diplôme humoristique, faux diplôme.
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