Du 21 au 24 janvier a eu lieu une des plus importantes réunions de capitaines d’industries, d’hommes politiques, d’économistes et de journalistes. Comme à l’accoutumée, les débats ont porté sur les grandes mutations économiques et politiques notamment concernant les pays émergents. Or, il est évident que les véritables changements que connait le Sud n’ont pas fait l’objet d’une approche réaliste.

 

Si les premiers doutes sont apparus à la lecture du programme du Forum,  à l’écoute des discours les failles apparaissent clairement : Davos n’arrive pas à se débarrasser d’une approche beaucoup trop technicienne, loin des réalités qui touchent les pays du  Sud. Un peu plus de tensions, de réactions ont été attendues…la déception a été au rendez-vous. Pourtant les enjeux étaient bien là,  alimentés par une actualité dramatique mais porteuse en questionnements sur le contexte futur et sur la manière qu’auront les peuples à vivre ensemble. Un constat partagé par l’homme d’affaires franco-marocain Richard Attias, fondateur, entres autres, du New-York Forum Africa : « J’ai connu un Davos plus prospectif et visionnaire ! Bien sûr des leaders de 400 cités du monde sont invités, mais pour quelles confrontations ouvertes, pour quelles actions partagées ? En vérité, il n’y a pas encore de « nouveau contexte global » commun ».


C’est bien là tout le problème. Le Davos est de plus en plus apparenté à une sorte de club des élites du Nord. Or, force est de constater que si les pays occidentaux sont très représentés au sein de ce forum, à travers notamment la présence de personnalité éminentes du monde de l’entreprise (Bill Gates, Eric Schmidt…), les pays du Sud sont, eux, faiblement présents. Ainsi, les délégations les plus importantes sont celles des zones les plus riches : 1037 participants pour l’Europe de l’ouest, 791 pour les Etats-Unis….124 personnes à peine sont venues du contient africain. La Chine elle-même, pourtant première puissance économique, n’a eu que 56 participants. Un comble pour un sommet qui prétend aborder les difficultés rencontrées par les pays émergents.


Comment parler  dans ces conditions de problèmes aussi concrets que la progression du virus Ebola, des guerres intestines, des catastrophes naturelles, des réseaux de criminalité, de la famine, de la croissance économique locale ? C’est le prochain défi qui attend les leaders de ce projet. Au lieu d’ostraciser les pays du Sud, on devrait au contraire organiser des rencontres. Comme l’explique Richard Attias : « on espère un échange Nord Sud sur la manière de combler le fossé générationnel qui s’approfondit entre populations de plus en plus âgées et jeunesse, ou celui entre élites et peuples, par l’éducation, la formation, l’entreprise »