Après avoir dans un premier temps laissé entendre que la Turquie privilégierait la voie diplomatique, Ankara, par la voix d'Ali Babacan son ministre des Affaires étrangères, vient de rejeter le cessez-le-feu proposé par les séparatistes kurdes (1).
Ali Babacan, en déplacement à Bagdad pour demander aux dirigeants irakiens de l'appuyer dans sa lutte contre le PKK, a signalé que « les trêves sont possibles entre États et forces armées nationales, le problème c'est qu'ici nous traitons avec une organisation terroriste. » Le ministre des Affaires étrangères a poursuivi en signalant qu'il y avait plusieurs manières de combattre le terrorisme et qu'Ankara les utiliserait au moment approprié.
Pour l'instant, les forces turques continuent à converger vers la frontière irakienne et de nombreux hélicoptères ont amené dans la zone des commandos spécialisés dans la lutte contre la guérilla. Cette accumulation de forces militaires dans la zone frontalière avec l'Irak laisse présager une attaque imminente de l'armée turque.
L'Angleterre, s'unissant à son grand allié américain, a demandé aux autorités turques de ne pas attaquer les camps militaires des séparatistes kurdes en Irak. Selon les Anglo-saxons, cette invasion pourrait très rapidement dégénérer en une guerre régionale sanglante, et nul ne sait comment réagiront les Kurdes irakiens et iraniens. Londres a insisté pour qu'Ankara laisse le gouvernement irakien régler seul le problème de la guérilla kurde sur son territoire. Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a répondu aux Britanniques que la Turquie ne pouvait attendre éternellement que le gouvernement irakien agisse contre les rebelles kurdes, que l'Irak avait d'autres problèmes à régler et que la Turquie savait comment traiter les terroristes du PKK.
Ainsi, la trêve proposée unilatéralement par le PKK a officiellement été rejetée par la Turquie, et une nouvelle guerre peut éclater d'un instant à l'autre dans ce Kurdistan qui, je vous le rappelle, s'étend sur quatre pays : la Turquie, l'Irak, la Syrie et l'Iran… et qui sait si un conflit dans la région ne donnerait pas aux États-Unis l'occasion qu'ils espéraient de pouvoir intervenir militairement contre Damas et Téhéran ?
(1) voir article précédent : http://www.come4news.com/2007-le-pkk-propose-une-treve-a-ankara-3.html