Félix et Meira, c’est un peu comme la rose et le réséda. Celui qui ne croyait pas au ciel et celle qui y croyait. Lui le Québécois, libre de toute attache, butine la vie. Elle, mariée, mère d’une enfant vit au sein d’une famille juive ultra-orthodoxe où les traditions tiennent une place majeure. Sa vie d’une grande sobriété faite d’abstinence, d’abnégation semble ponctuée par les seuls rituels religieux. Par un hasard improbable ces deux personnages vont se trouver au bord d’un chemin enneigé du quartier du Mile End de Montréal. Voilà "le ciel à portée de leurs mains, comme un cadeau de la Providence", à l’heure où ils vont plutôt mal, où ils ont besoin de réparation… 
Félix doit faire le deuil d’un père qu’il avait pourtant choisi de perdre bien avant l’heure. Longtemps façonnée par un quotidien "taliban" où règne sans merci la loi de la prohibition du rien et du tout, s’affranchir de ses repères, de son ancrage, relève de la gageure. Meira, la morte vivante, finira par céder à la tentation, guidée par l’énergie du désespoir et le processus de la "déviance" se mettra en marche. A pas feutrés, elle avancera lentement mais sûrement vers celui qui saura ménager sa sensibilité. Vers la fin de son aliénation. Shulem, le mari, découvrira le pot aux roses et sa réaction, pour le moins inattendue, aura le mérite de sortir le film d’une certaine redondance, d’une certaine torpeur. 
Il faut dire que la mise en scène tout en délicatesse sans fioriture, restitue une certaine atmosphère intimiste en surjouant une alternance de lumière obscurité ; tout ou presque y est murmures, effleurements, verbigérations, sons parfois inaudibles, en yiddish, anglais ou français québécois. De quoi réjouir les adeptes du fameux ASMR…Si malgré le talent de Félix et Meira,( Martin Dubreuil et Hadas Yaron), le film est un peu mou, il aborde toutefois un sujet d’actualité : les abus de l’intégrisme religieux tout-puissant qui va jusqu’à phagocyter toute une vie… 
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