Dans quarante villes de France étaient organisées hier des manifestations pour protester contre la globalité du projet de loi de Brice Hortefeux, et pas seulement ses tests ADN : que cette disposition-là soit retirée n'empêchera pas que ce texte soit inacceptable, en ce qu'il instrumentalise l'immigration de façon "dégueulasse", comme le dit Fadela Amara, désignant les immigrés comme boucs-émissaires et flattant l'électorat raciste qui a porté Sarkozy au pouvoir.

Trois associations, l'UCIJ (Uni(e)s contre l'immigration jetable), RESF (Réseau Education sans frontières) et CSP (Collectifs des sans-papiers d'Ile-de-France) avaient donc appelé à "une journée de solidarité contre les poursuites à l'encontre des gens qui sont solidaires des sans-papiers", pour "dire non à ce projet de loi et d'appeler à la résistance et à la solidarité", comme l'explique Brigitte Wieser, responsable de RESF à Paris. La préfecture a évalué le nombre des participants au défilé parisien à 4000 personnes, parmi lesquels des responsables politiques, associatifs et syndicaux comme Arlette Laguiller (Lutte ouvrière), Alain Krivine (Ligue Communiste révolutionnaire), Mouloud Aounit, président du manif_sans_papiers_oct07_3Mrap, ou Gérard Aschiéri, secrétaire général de la Fédération syndicale unitaire. Les "socialistes" brillaient par leur absence, ainsi que les personnalités ayant signé la pétition de Charlie Hebdo.

Sur les banderoles et pancartes, on pouvait lire "régularisation de tous les sans-papiers", "halte aux rafles et aux expulsions" ou "halte au fichage génétique". Un slogan s'est taillé un franc succès – non repris par les dépêches d'agence rendant compte de la manifestation : "Sarkozy, on n'est pas à Vichy !"

Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des droits de l'Homme, a fait observer que "l'immigration est un phénomène irréversible qui n'a rien d'une invasion" et qu'il convient de "traiter ces travailleurs immigrés comme des êtres humains qui ne partiront pas de notre pays". Interrogé par l'AFP, Ahmed, déménageur de 37 ans sans-papiers, expliquait pour sa part : "nous payons tous des impôts depuis des années et nous devons être considérés par le gouvernement comme les autres travailleurs".

Le projet de loi sur l'immigration sera définitivement adopté mardi prochain.

Quelle réaction avez-vous à l'idée de cette future adoption ? Vous laissez passer ou vous continuez à vous battre ? manif_sans_papiers_oct07_4