Où sont les marcheurs de la bien-pensance.
Où sont les déposeurs éplorés de gerbes et de fleurs.
Depuis le début du génocide, voilà un mois que les adeptes des marches blanches et les pratiquants de dépôt de fleurs, sont absents, des sentimentaux désintéressés par le massacre des innocents de GAZA.
Et pourtant, c’est l’une des plus grandes tragédies humaines, à laquelle assiste un monde à majorité humaniste.
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Depuis un certain temps, une coutume s’est instaurée parmi la population des pays occidentaux, lors de la survenue de certains drames.
Un affût spontané de centaines de personnes, individuellement mus par des sentiments humanistes, accourt sur les lieux d’un drame, ou lors d’un rassemblement.
Ces drames sont en général des faits divers, impliquant plus ou moins de victimes.
Loin de supposer un engagement valable dans une cause sérieuse, ces mouvements ne sont que des actes symboliques très populaires, concernant de simples faits divers, plus ou moins importants et loin de toute considération politique.
Ces humanistes du dimanche qui marchent en blanc et déposent des fleurs avec un mouchoir à la main, ne sont pas plus des militants de causes réelles que des alertes citoyennes, ce ne sont que des touristes d’un humanisme guidé par la bien-pensance.
Alors, à chaque fait divers, à chaque drame personnel, les médias inondent et occupent les esprits les poussant à cet humanisme popularisé, comme pour les détourner des vrais drames, comme pour leur livrer des tragédies en pâture, pour en cacher d’autres, celles qui dérangent.
Et les fleurs tombent sur des lieux symboliques, pour pleurer des morts de la providence, et les marches défilent dans les rues pour marquer une mobilisation souvent sans but.
Et les gens brandissent leur humanisme, pour des faits qui demain seront oubliés et n’ont d’intérêt que pour ceux qui y croient.
Alors que ces fleurs, par centaines, honorent des morts sans héroïsme et des drames sans lendemain, alors que ces fleurs fustigent un destin malheureux contre lequel personne ne peut rien, les fleurs pour les vrais drames, les fleurs pour tous ces morts sans nom, tous ces morts sans tombes que le vent de l’ignorance balai et oubli … ces fleurs-là, on ne les voit pas.
Car on ne verra jamais des fleurs pour les massacres des guerres inavoués, on ne verra jamais des fleurs pour les assassinés des grands bouleversements, ceux qui naissent des erreurs de l’histoire.
Les convictions sont absentes de la bien-pensance, autant que les engagements politiques contre l’injustice du monde.
Et pourtant, ce sont les vraies tragédies à dénoncer, et pourtant, ce sont les morts à pleurer.
Les fleurs seront toujours des preuves d’humanité mais jamais des actes majeurs.
Alors on verra toujours et encore des fleurs sur tous les pavés, comme on l’a vu encore récemment.
On continuera à déposer des fleurs, mais pas pour les vrais victimes, pas pour les martyrs.
On continuera à déposer des fleurs pour le monde entier, pour les morts de tous les naufrages et de tous les pays, mais pas pour les morts de GAZA, mais pas pour GAZA…
… Mais toujours pas de fleurs pour GAZA.