Je suis au service de cette littérature à part entière qui appartient désormais à la Grande littérature de l’universel. Amadou GAYE
Le devoir de mémoire est un des repères qui affermit toute société dans son fondement et libère son énergie. Amadou Gaye est un de ses porteurs de la parole des êtres qui ont fait l’Histoire, et des peuples qui ont souffert.
Le concept de la Négritude a été mis en forme par trois personnages illustres, à partir des années 1930 : Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire et Léon-Gontran Damas. Sensible à la condition du peuple nègre, ils ont apporté une superbe pierre à l’édifice de la liberté des êtres, dans le pays des Droits de l’Homme.
Amadou Gaye est devenu la voix des poètes et des écrivains sur une scène qu’il maîtrise remarquablement dans les représentations qu’il donne au théâtre « Le Local » du 14 au 23 mars 2014.
De son mouvement et de sa passion, il fait vibrer les mots et les métaphores si bien inscrits dans les textes qu’il a choisis. Mais n’est-ce pas les Pères Fondateurs de la Négritudes, et les autres passeurs de mémoire tels Jean Metellus, Birago Diop et Guy Tirolien qui l’ont guidé sur ce chemin éclairé ?
D’un regard appuyé, d’une pirouette ajustée, d’un silence puissant, l’artiste distille la force de sa lumière et de sa chaleur dans un enchaînement de textes d’une valeur à la portée universelle.
La mise en scène de Gabriel Debray, soigneusement coordonnée par les éclairages de Thomas Bonnet apporte une dimension supérieure à un spectacle qui marque le public, qu’il soit initié aux sources de la Négritude ou qu’il découvre le miroir sans fard de la civilisation.
« Paroles de Nègres » est un spectacle qui tient sa place sur la scène théâtrale parisienne, si bien assuré par un comédien authentique et passionné.
Théâtre « Le Local » : 18 rue de l’Orillon 75011 Paris – Métro Belleville
Réservations : 01 46 36 11 89
www.le-local.net – [email protected]
Article de Joël Conte, le 21 mars 2014
Bonjour Joel Francis Conte, votre article donne envie d’y aller, ayant lu des extraits de cette poésie et fait travailler des élèves étrangers sur des poèmes de Leopold Sedar Senghor, comme:
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Poème à mon frère blanc[/u]
Cher frère blanc,
Quand je suis né, j’étais noir,
Quand j’ai grandi, j’étais noir,
Quand je suis au soleil, je suis noir,
Quand je suis malade, je suis noir,
Quand je mourrai, je serai noir.
Tandis que toi, homme blanc,
Quand tu es né, tu étais rose,
Quand tu as grandi, tu étais blanc,
Quand tu vas au soleil, tu es rouge,
Quand tu as froid, tu es bleu,
Quand tu as peur, tu es vert,
Quand tu es malade, tu es jaune,
Quand tu mourras, tu seras gris.
Alors, de nous deux,
Qui est l’homme de couleur ?
Un poème d’Aimé Césaire
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En vérité…[/u]
la pierre qui s’émiette en mottes
le désert qui se blute en blé
le jour qui s’épelle en oiseaux
le forçat l’esclave le paria
la stature épanouie harmonique
la nuit fécondée la fin de la faim
du crachat sur la face
et cette histoire parmi laquelle je marche mieux que
durant le jour
la nuit en feu la nuit déliée le songe forcé
le feu qui de l’eau nous redonne
l’horizon outrageux bien sûr
un enfant entrouvrira la porte…
[u]LE PRETEXTE[/u] (Bigaro Diop)
« Qu’avait-on dit? Qui avait parlé? Sur quoi parlait-on et de quoi avait-on parlé? Je n’avais pas écouté. J’ouvris mes oreilles lorsque j’entendis :
– Non!
Et la voix d’Amadou Koumba :
– Non, dit Amadou Koumba, point n’est besoin d’un gros appât pour piéger une grosse bête. Des prétextes? Qui veut peut en trouver. Certes, il y faut l’occasion. Le bambin s’attrape au flanc du canari d’eau à la canicule, et Guéwel M’Baye, le griot, admire encore en ses vieux jours comment son maître, Mar N’Diaye, se débarrassa, un soir, d’un hôte trop encombrante… »
[url]http://www.biragodiop.com/index.php/extraits/78-oeuvre/145-le-pretexte[/url]