J’écrirai sur un monde qui n’est plus,

sur le regard lumineux qui, jadis, brillait de bonheur;

sur le pur-sang royal et fougueux

qui versera ses larmes au milieu d’un abattoir.

J’écrirai sur cet amour qui a vu grandir le monde

et qui tombe en panne des sens;

sur les bourgeons prometteurs d’une apocalypse proche.

J’écrirai sur mes nobles ancêtres à qui l’on a octroyé le pouvoir

d’apprivoiser la clarté qui n’a plus rien de céleste, aujourd’hui.

J’écrirai sur les sables chauds et dorés

qui accueillent les rescapés des marées noires;

sur cette tempête, comme un reproche,

qui déverse sur nos têtes, des trombes d’eau.

J’écrirai sur le sexe fané de ceux qui ne connaîtront plus le bonheur à deux;

sur ces poèmes d’Eluard pour Elsa, sur Héloïse et Abélard

Qui tombent dans l’oubli des pages froissées.

J’écrirai sur ce siècle des Lumières, terrassé par l’ère industrielle

qui a fait de notre cerveau une mécanique molle.

 

Mais je n’écrirai plus sur toi.

Tu es un ciel sans couleur aucune,

une tâche d’huile

Sur laquelle glissent mes mots.