Il aura soi-disant suffi que le président Ianoukovitch se rétracte par rapport à l’accord économique prévu avec l’Union européenne au profit d’un resserrement avec la Russie pour qu’entre en éruption l’Ukraine. Parti de la désormais très célèbre place Maidan, le mouvement de contestation n’a cessé de s’étendre à travers le territoire national. 

Au fur et à mesure que la grogne s’amplifiait, les insurgés redoublaient d’exigences, de violences et leurs revendications allaient en crescendo jusqu’à ce que deviennent inéluctables élections présidentielles et parlementaires anticipées en 2014. Sitôt exprimés, les vœux ont été exaucés. Il faut dire que le président, complètement aux abois, a fini par céder du terrain sans même rechigner, de crainte de perdre les acquis illicites qu‘il détient, à l’instar de la majorité de ses homologues. 

Malgré les concessions faites, le calme ne revenait pas. Et le président a pris de court son monde en fuyant, direction Est de l‘Ukraine. Et par la suite, tout s‘est emballé sous nos yeux à une vitesse déconcertante avec à la clé, destitution du chef de l’Etat par le parlement, mise en place  d’un remplaçant intérimaire, libération de l’oligarque Ioulia Timochenko, etc. Pour couronner le tout un mandat d’arrêt a été lancé à l’encontre de Victor Ianoukovitch. Un scénario immuable devenu classique à force de se répéter, au cours duquel un dictateur élu démocratiquement se fait éjecter par plus tyrans que lui, sous le regard bienveillant de la communauté internationale. 

Désormais entre russophones, russophiles qui dénoncent un coup d’Etat mené sous le parrainage de l’Occident, et nationalistes ukrainophones qui veulent s’émanciper de la Russie mère, les choses s‘enveniment. Une quête de grande envergure a été lancée par les nouveaux dirigeants ukrainiens pour combler le manque à gagner russe via la Conférence internationale de donateurs incluant Union européenne, Etats-Unis, FMI et d’autres organisations financières. 

Une manipulation qui fait grincer des dents  la Russie, laquelle ne tarit pas de menaces à l’encontre de ce nouveau pouvoir jugé « illégitime ».  Alors que des observateurs craignent une partition du pays, dans sa chronique de ce mercredi Bernard Guetta lui, a préféré se montrer optimiste : une coopération est envisageable entre tous les protagonistes qui auraient adouci le ton et pour lesquels le retour à la guerre froide serait plutôt un scénario à éviter…

Pourtant sur le terrain, les choses ne s’améliorent pas, la Crimée est le théâtre de violents affrontements entre pro et anti russes. Moscou a mis sur la table l‘option militaire. Washington se voulant soucieux de « l’intégrité territoriale » de l’Ukraine a tiré la sonnette d’alarme, mettant en garde la Russie contre toute intervention militaire. 

La Bosnie Herzégovine est elle aussi secouée par des manifestations anti-gouvernementales découlant d’une sévère crise économique. Un mouvement social en expansion aux allures toutefois fédératrices et pour cause : vingt ans après la guerre qui avait ravagé la Yougoslavie,  les populations semblent enfin devenues insensibles à toute tentative d’instrumentalisation des clivages identitaires, laquelle ouvre grand la voie aux candidats accrocs au célèbre jeu du "plus hégémonique" ! L’avenir nous dira si pour écrire son Histoire, l’Ukraine est vraiment obligée d’en passer par le démantèlement avant de se réveiller…