Vite (trop vite) fait, (très) mal fait : je ne l’ai pas lu, ne le demanderai pas en service de presse à l’éditeur (Les Liens qui libèrent), et ne le lirai que si l’auteure, Danièle Laufer, me le dédicace. Ce qui ne m’empêche pas de vous entretenir de L’Année du Phénix, essai journalistique traitant de l’entrée en retraite (et non recollection).
Je n’ai donc pas lu le dernier Danièle Laufer, et il est probable que je ne me soignerai pas… Mais, après tout, l’excellent article-entretien de Gaëlle Robin, dans Madame Figaro, m’en dispense. Cela ne m’empêche nullement de vous en entretenir, pour au moins deux raisons. D’une part, grâce à Danièle Vaudrey (autre journaliste signalée largement sur la Toile et Come4News), avec l’auteure de L’Année du Phénix, nous copinâmes du temps où elle créchait du côté du Mont Parnasse. Je dois avoir encore quelque part son Livre des voisins, aussi une autre pochade alimentaire astucieuse (oublié le titre, mais cela parlait de nanas célibataires et c’était aussi chez Carrère), et d’autre part et autre part son L’Été de mes treize ans.
En sus, si cela se trouve, nous nous trouverons peut-être des connaissances communes (je songe à Isabelle Q…d, native de Casablanca en 1951, donc aînée de fort peu de Danièle Laufer).
La seconde raison, c’est que le sujet ne peut me laisser indifférent. Depuis environ cinq ans en quasi pré-retraite (en chômage puis fin de droits), je devrais me dire retraité à temps quasi-plein d’ici quelques semaines. Danièle Laufer, qui a depuis longtemps embrayé dans les pas du regretté Studs Terkel, fait beaucoup, talentueusement, dans le sociétal. Elle s’était intéressée aux enfants uniques (pour Bayard éds), voilà qu’elle fait dans les retraités, surtout en couples, semble-t-il.
Je ne la crois pas capable d’opter pour le fameux « un angle, un seul » qui fait tant plaisir à la hiérarchie, au client, à l’éditeur. Mais d’appuyer un peu sur la pédale du cliché reçu voulant que les nouveaux (et nouvelles) retraités se sentent quelque peu désemparés, si.
Marrant, si j’ose, ce couple qui, après 35 ans de mariage, s’aperçoit qu’ils n’avaient ni les mêmes centres d’intérêts et aspirations : moralité, vivre avec un conjoint, une compagne, qui n’a absolument pas les mêmes modes de comportement, voire de pensée. Parvenus à la retraite, on s’est largement habitués.
En sus, évidemment, s’il y a décalage entre les dates de départ à la retraite, sûr, voir l’une ou l’un musarder ou traîner au lit tandis que l’autre se tape les transports en communs, cela fait bizarre. « Moralité », se choisir très tôt une conjointe, un compagnon, de deux bonnes décennies d’écart d’âge : on s’habituera beaucoup plus tôt à ce décalage.
La retraite, il faudrait y penser longtemps avant. Personne ne le fait, et pour mon compte, je me suis seulement demandé si j’aurais plaisir à prendre le petit déjeuner (chez elle ou chez moi, à l’hôtel, en plein air, on the road, Eugénie) avec la fille qui me semblait propice à prolonger autrement la soirée.
Danièle conseille de s’investir dans une association, une activité sociale, un truc de ce genre. Mais sans se précipiter, en prenant le temps de choisir. Pour mon compte, j’ai encore assez de copains, copines à dépanner, appuyer, des djeun·e·s à conforter dans leurs études pour m’en soucier. Je serais d’ailleurs surpris que Danièle Laufer, qui restera sans doute active encore fort longtemps, s’applique à elle-même les conseils (certes avisés, judicieux) qu’elle prodigue.
En revanche, je suis certain qu’elle n’a rien bidonné. Elle a certainement un peu galéré pour trouver des couples acceptant de témoigner. Voyez un peu une vidéo qui lui permet de condenser ses observations (sur le site toutsurlaretraite).
À part cela, ce bouquin d’entretiens avec de récents retraités se vendra ; la très efficace Anne Vaudoyer s’en occupe (en relations presse). Le « juste à temps » est parfait. Selon le gars qui s’occupe de mes complémentaires chez Audiens (la boîte qui traite les retraites des journaleux), on est tout plein, tout plein, échaudés par les annonces gouvernementales, les déclarations syndicales, et le battage de presse, à s’être un peu précipités à demander à partir en retraite au premier octobre (de peu qu’on nous refasse le coup de la CFDT, faire passer le calcul des années prises en compte non plus aux dix meilleures, non plus au 25 meilleures, non même pas au 35 meilleures, mais, tenez-vous bien, aux 45 dernières années d’activité). Du coup, voilà une sorte de manuel du savoir-vivre sa retraite qui tombe à pic.
Comme j’ai l’intention de devenir agent secret, ou contrebandier, ou gigolo pour jeunes femmes (attention : présentées par leurs parents) soucieuses de perdre leur virginité, ou encore vendeur ambulant de snacks truffe-foie gras-homard (si mon pote Stan remet en état le combi WW), je ne me sens que distraitement concerné-distancié.
Remarquez, je finirai peut-être par lire L’Année du Phénix, si je le trouve chez Zuzu, la bouquiniste de la rue de Metz (métros Strasbourg-Saint-Denis ou Château d’eau), qui sera mon prochain sujet sur Come4News… à moins que ce ne soit Le Whispers, un nouveau bar du faubourg Saint-Martin, un peu en-dessous de la Porte Saint-Martin. Voyez déjà la page Facebook de Zuzubooks (allitération facile, ne reculons jamais devant la facilité).
Tiens, Danièle, pourquoi pas une petite séance de signature chez Zuzu : il y a plein de restaus et rades sympas à proximité… Mais ce sera une autre histoire (À suivre).