Je n’y crois absolument pas. La pétition de Greenpride (et du Cniid, Centre national d’information indépendante sur les déchets) n’aboutira à rien. Tous, pratiquement tous les décideurs politiques, toutes les élues, ou presque, sont soit des pourris, soit des incompétents dont des boîtes comme Veolia ou les banques font ce qu’elles veulent. Donc, s’adresser à Hollande pour l’inciter à voir le film Super Trash (la vie d’une décharge, les abus de qui la gère) n’aboutira strictement qu’à pisser dans un violon. C’est un peu comme l’évasion fiscale. Allez donc rappeler à un Sarkozy, un Hollande, une Le Pen, qu’elle pèse sur la majorité des contribuables, mais aussi, comme le rappelle Que Choisir, « qu’elle fausse la concurrence au détriment des consommateurs ».

On le sait, les particuliers les plus riches échappent totalement aux impôts directs ou presque, les plus grosses boîtes reçoivent un max (en équipements routiers, facilités diverses, voire subventions pour la recherche, &c.) et ne rendent absolument rien, si ce n’est à leurs actionnaires. Remarquez, les plus riches dépensent beaucoup, pas qu’à l’étranger, et cela fait rentrer de la TVA. De même, les petits actionnaires français se font taxer…

Mais vous voyez le topo, et la bande Hollande-Moscovici-Ayrault & Co fait à peine mieux que les tandems Chirac-Raffarin et Sarkozy-Fillon pour redresser une barre faussée depuis tellement de temps que ce ne seront pas leurs successeurs, quels qu’ils soient (ou qu’elles soient) qui vont y changer grand’ chose : c’est toujours plus simple de faire raquer les pauvres, les plus nombreux, et les seuls à y échapper (un peu) sont les enfants des indigents enterrés gratuitement (lire ou relire sur Come4News l’article sur les cercueils en carton).

Or donc, un doux rêveur futé, Martin Esposito, a réalisé un film, Super Trash, dont Marianne nous distille des extraits. Il campait sur une décharge des Alpes-Maritimes (un département bien à droite, solidement réac, mais à gauche, c’est pareil : ce sont toujours les mêmes opérateurs, les mêmes grandes entreprises…). Il en a vu des vertes, des pas mûres, des blettes, des franchement aussi pourri·e·s que les élu·e·s du secteur.

Soit, par exemple, de la boustifaille de luxe déversée par bennes entières. Pas périmée, hein. Juste proche de la date de péremption. Dans un autre passage, il s’agit de flacons, bouteilles, cols – comme on dit pour faire genre – de verre. Oui, des boutanches dont je m’efforce de retirer tout l’habillage métallique ou plastique avant de les placer en bennes réservées ou poubelles idoines. 

Là, « deux donnes et demie de bouteilles d’huile d’olives » balancées, broyées, enfouies. Là, toute une benne de bouteilles de soda (à secouer ?). « Le business des déchets » à des intérêts qui n’ont qu’un objectif, « faire des profits plutôt que d’apporter de vraies solutions durables ». Oui, bof. Eh, c’est quand même le b-a-ba du capitalisme, y compris celui qui se pare de l’étui pelvien du développement durable.

Or donc, il y a une pétition sur Change (.org). Bien propre, bien lisse, bien inutile. Allez lire quand même. Ce n’est pas qu’une publicité pour le film Super Trash. 24 millions de tonnes annuelles de déchets : sans oublier ceux des décharges communales ou professionnelles pour les gars du bâtiment. Polluants dans l’air et l’eau. 

Remarquez, question pourris, les consommateurs ne sont pas en reste.

Sauf que, pour moi, hors Lidl, Ed-Dia, pas vraiment de salut. Je ne vais quand même pas faire de l’auto-stop jusqu’à Rungis deux-trois fois par semaine… Quant aux fruitiers, aux bouchers, poissonniers, épiciers, fromagers, ils sont hors de prix, enfin, pour moi…

Vous vous souvenez des scandales des viandes de cheval (et autres) ? Vous avez vu, en France ou à l’étranger, une seule chaîne de la grande distribution sanctionnée, soit tapée au portefeuille ? Pas question. Ce sont elles qui se mettent les élu·e·s dans la poche. Et pas question de faire trop de mal au secteur agro-alimentaire. Les plus gros, plus fraudeurs (pas que fiscaux), plus pourris, savent fort bien faire descendre les agriculteurs qu’ils grugent dans les rues, les lancer à l’assaut de péages ou de préfectures.

Or, quand même… Vraiment dupées, les chaînes de la grande distribution de l’alimentaire ? Vous y croyez vraiment ? En fait, intouchables, impunité totale, comme la majorité des évadés fiscaux, de fait. De temps à autre, avec un Cahuzac, on fait un exemple. Ou on lâche un Tapie à l’opinion. Lequel ne se débrouille pas mal ; croyez-vous vraiment aussi qu’on fera un exemple à Claude Guéant ? Lequel, le 14 juillet 2008 (sources journaux, radios, télés), convoquait François Pérol, Stéphane Richard, Jean-François Rocchi. Ces mousquetaires de la distribution de pognon à Tapie – sur ordre venu de plus haut – se concertent pour arranger le coup…
Remarquez, les consommateurs sont des pourris, mais les électrices et électeurs aussi. Voyez comment ils ont sauvé l’argenterie du couple Sarkozy-Bruni qui les a roulés dans la farine. Ils ont donné, avec pour certains, le seul objectif de soulager leur note fiscale. Même des époux Cahuzac ont peut-être donné à l’UMP pour que les banques n’aient pas à saisir les Sarkozy-Bruni. Les pétitions ne servent à rien, les élections, idem… On ne peut sauver des esclaves complices de leur esclavage. C’est un peu comme l’alcoolisme, le tabagisme, la narco-dépendance.

L’impunité est totale, ou presque. Pensez-vous que Dominique Tapie sera un jour inquiétée ? Fin juillet 2010, les époux Tapie, mariés depuis un quart de siècle, optaient pour le régime de la séparation de biens. 

Puisqu’on parle pourritures, Thomas Clay reconnaît que, hormis Cahuzac, personne au PS n’avait envie d’ouvrir le dossier Tapie-Crédit Lyonnais. Au contraire, même, Claude Bartolone, un cacique du PS, soutenait Tapie. L’actuel président de l’Assemblée nationale, quand même…