En 1998, sorti le long-métrage Un élève doué (titre original : Apt Pupil) mis en scène et écrit par Bryan Singer (Ennemi public, Usual Suspects, Saga X-Men et Jack le chasseur de géants).
Ce film Un élève doué est en fait une adaptation cinématographique édulcorée du roman de Stephen King du même nom, sorti lui en 1982 dans le recueil intitulé Différentes saisons.
Depuis ses 19 ans, Bryan Singer rêvait d’adapter Un élève doué.
Bryan Singer parvint à acheter les droits acquis précédemment par le producteur Richard Kobritz (qui ne parvint jamais à les exploiter), et obtint également le précieux aval de Stephen King impressionné par le scénario écrit à partir de son histoire.
Le réalisateur chercha parmi 200 jeunes, celui qui serait capable d"incarner Todd Bowden, un personnage complexe, corruptible, froid et vide.
Brad Renfro avait l’intensité émotionnelle que Bryan Singer recherchait, mais aussi ce regard vide et exempt de toutes émotions humaines qui devait marquer la fin de l’histoire.
L’histoire narre la rencontre entre un jeune lycéen de 16 ans et un retraité habitant le voisinage qui s’avère être en fait un ancien nazi, dissimulé sous une fausse identité.
Un jeu machiavélique et de pouvoirs foncièrement ambigu va s’exercer entre les deux personnes, jusqu’aux confins de la noirceur humaine.
John Ottman, un fidèle de Bryan Singer, est un compositeur réputé qui a composé la musique de ce film (en plus des films de Bryan Singer, il a signé la musique de Superman Returns, Gothica et Walkyrie).
L’histoire :
En Californie du sud, en 1984, un lycéen nommé Todd Bowden assiste à une semaine de cours sur la Shoah, fasciné par ce qu’il vient d’apprendre, il effectue des recherches à la bibliothèque de son lycée et découvre qu’un de ses voisins est vraisemblablement un ancien nazi, dissimulé sous une fausse identité.
Pour en avoir le cœur net, il se rend chez ce certain Arthur Denker, en le menaçant d’appeler la police, il pousse ce vieil homme à dévoiler sa véritable identité, à savoir que son vrai nom est Arthur Dussander, un ancien officier de la Schutzstaffel, précisément l’ancien directeur du camp de Patin et qui aurait pris part à la Shoah.
Au lieu d’alerter les autorités, le jeune Todd va exercer son pouvoir de manipulation sur le vieil homme, en le poussant notamment à lui raconter toutes les atrocités qu’il a commises pendant la guerre dans les camps de concentration.
Le jeune Todd, depuis sa rencontre avec cet ancien nazi, fait d’horribles cauchemars, et finit progressivement par changer, il se désintéresse de sa petite amie et ses notes scolaires se dégradent énormément.
Dussander sentant que le jeune est en difficulté vis-à-vis de ses notes qu’il doit à tout prix cacher à ses parents, tente de retourner la situation à son avantage en se faisant passer pour son grand-père aux yeux du conseiller scolaire.
Dussander menace également Todd de dire à ses parents la complicité qui existe entre eux.
Dussander fait travailler le jeune Todd sans relâche pour que ses notes s’améliorent, dans le même temps, le récit quotidien des atrocités du passé finit par faire rejaillir les pulsions meurtrières jadis enfouies dans la mémoire de ce nazi.
Il commence par tenter de tuer des animaux et ensuite tente de tuer un sans-abri dans sa cave, mais ne peut finir son œuvre, étant pris par un malaise cardiaque.
Il rassemble ses dernière forces pour appeler le jeune Todd et prétexte une fausse raison pour le faire venir.
Le jeune Todd se sentant obligé se rend dans la demeure du vieil homme et découvre la scène horrible, Dussander enferme le jeune homme dans la cave et l’oblige ainsi à achever le pauvre homme.
Hospitalisé, Dussander est reconnu par un survivant de la guerre…
Ceci marque le début de la fin pour ce criminel en fuite, mais aussi la déchéance vers le mal contagieux de ce jeune lycéen qui se trouvera à jamais changer, par ce qu’il n’aurait jamais dû côtoyer.
Conclusion :
Bien que traitant d’un sujet foncièrement dérangeant, Bryan Singer explore avec un certain brio les aspects tortueux de l’âme humaine et rend un digne hommage à l’œuvre de Stephen King qui, soit dit en passant, excelle dans l’art de dépeindre les parts d’ombre que cachent certaines personnes.
Le concept de la contagion du mal imaginé dans l’histoire de l’écrivain est ici repris avec justesse, efficacité et lucidité par le réalisateur.
Il est intéressant de voir comment un jeune homme vierge et innocent découvrant la vie avec une curiosité effrénée et avide, va finalement se révéler aussi sombre que le nazi qu’il menace de dénoncer.
La fascination pour le nazisme va envahir le jeune lycéen, tel un cancer, telle une épidémie, et on découvrira avec effroi combien le mal domine son âme et son cœur, à la fin de l’histoire.
Si ce film n’a point connu de succès au moment de sa sortie, cela est dû en grande partie au fait que beaucoup n’ont pas compris le véritable sens de l’œuvre de Stephen King et donc de cette adaptation, l’histoire ne fait en aucun cas l’apologie du nazisme, mais démontre bien au contraire que le nazisme est le mal, et que ce mal contagieux, telle une boîte de Pandore, convertira à nouveau de nouvelles personnes, si on le laisse se répandre de quelque manière que ce soit !
L’acteur Brad Renfro est impressionnant de réalisme, son regard vide devient terrifiant à la fin de l’histoire, et on le sent prêt à faire n’importe quoi à tout moment.
Ian McKellen incarne parfaitement son rôle de nazi sadique en fuite, il est intéressant de le voir osciller dans des relations équivoques de sadomasochisme qui sont le symbolisme d’un certain pouvoir de domination.
En conclusion, le film est plus intéressant qu’il ne peut paraître de prime abord, une histoire qui a le mérite de montrer que le monde n’est pas si manichéen que l’on pourrait le penser, le mal se trouvant là, où on ne l’attend pas toujours.
Un film que je recommande, mais à déconseiller aux moins de 16 ans.
quelle distraction ! se vautrer dans l’ignominie est à la mode? pour moi non merci.