Né en Iran, ayant fui les mollahs avec sa famille, marié à une chrétienne, Reza Aslan, 41 ans, n’est pas qu’un théologien de culture musulmane comme tant d’autres. C’est aussi un docteur en sociologie et histoire des religions. Qu’il ait « flotté » entre le christianisme et l’islam, pratiquant les deux cultes, n’entre pas ici en ligne de compte. Alors que l’histoire du personnage Mahomet a été examinée par des historiens chrétiens, israélites et musulmans, Reza Aslan fait le point sur l’histoire de Jésus, l’homme, tel qu’on peut le concevoir en son propre temps. Chacun·e, religiophobe ou croyant·e, pourra trouver son compte en consultant son Zealot: The Life and Times of Jesus of Nazareth.
Non encore traduit, mais cela ne saurait tarder, le livre de Reza Aslan a tout pour devenir un succès mondial. Son titre (« Zélote : vie et “environnement” de Jésus de Nazareth ») centre bien le propos.
Il s’agit bien de Jésus, et non du Christ, et d’un zélote avant l’heure, soit un homme issu d’une famille d’opposants au pouvoir romain de l’époque. Ce qui est bien sûr discutable car le premier des zélotes, Pinhas, s’est affranchi de l’interdiction testamentaire de tuer, comme tant d’autres, postérieurement à la mort de Jésus.
Mais il semble bien que Jésus ait été proche d’un Judas Iscariote (le sicaire, l’assassin) des Évangiles, qui aurait pu livrer l’un des siens (ou un allié convenable) pour s’éviter le même châtiment.
Ce n’est là bien sûr qu’une hypothèse.
Reza Alsan soutient – il n’est guère le seul – que Jésus n’est pas du tout né à Bethléem, soit au sud de Jérusalem, mais bien à Nazareth, ce qui lui valut son appellation.
Après tout, les évangélistes Matthieu et Luc pourraient fort bien avoir fait référence à Bethléem afin de créer un lien entre Jésus et le prestigieux roi David.
L’auteur – aussi diplômé de la prestigieuse Iowa State University, qui a formé tant et tant d’auteur·e·s de premier plan – dresse un portrait passionnant de la Rome impériale en Palestine. Mais, se sachant attendu au tournant, il modère la virtuosité de sa prose pour s’éviter le reproche d’avoir romancé ses sources.
Selon lui, le pouvoir romain n’allait nullement risquer, lors du fameux recensement du légat Quirinus en Judée, dont l’arrivée est postérieure de quelques années à la naissance présumée de Jésus, de risquer de longs et incessants déplacements de foules. Certes, la plupart des gens résidaient sur (ou à proximité de) leur lieu de naissance, mais s’il ne s’agissait que de lever des taxes, autant les localiser sur leurs lieux d’activités lucratives. À quoi bon d’ailleurs recenser les plus pauvres, aux trop maigres possessions.
Autre mythe mis à mal, les hésitations de Ponce Pilate. À l’époque, les dissidents ou réfractaires étaient fort nombreux, et un de plus ou moins mis à mort n’allait pas forcément soulever les foules. Qui se déclarait susceptible de supplanter Hérode, d’une manière ou d’une autre, ou de remettre en cause son autorité, s’en prenait à Rome. Toute faiblesse aurait pu coûter davantage que sa place à Ponce Pilate.
Aslan Reza s’interroge aussi sur l’ascension de Paul, qui supplante Jacques, frère de Jésus, et prend le pas sur les autres apôtres, peu soucieux de mettre en cause les préceptes de l’Ancien Testament.
Les sources juives, musulmanes, chrétiennes sont sondées et confrontées, sans que les questions de croyances soient opposées. Il ne s’agit pas pour l’auteur de semer le doute, même s’il laisse fortement penser que certains points aient pu être embellis ou travestis pour mieux glorifier un messie parmi d’autres. En tout cas, la question de la résurrection est laissée de côté.
Jésus apparaît en tant que personnage politique, nationaliste, désireux de se rallier le peuple et critiquant la classe possédante trop conciliante avec la domination romaine. Par la suite, il se peut que cet aspect des choses ait été minoré afin de se concilier d’autres populations sous domination romaine, et le pouvoir central, progressivement, lui-même. Quoi qu’il en soit, il semble bien que la crucifixion n’ait pas été le lot, à l’époque, des voleurs ou même des meurtriers de droit commun, mais bien la peine réservée aux séditieux remettant en cause Rome et ses alliés. Mais en raison du nombre élevé de crucifixions, il se peut aussi fort bien que des délinquants s’étant rendus aussi coupables d’outrage à la force publique, aient pu se retrouver sur une croix. Ou que faire les poches d’un Romain, tant bien même ne serait-ce qu’un légionnaire étranger, soit considéré atteinte à la sûreté impériale.
Il est envisageable d’imaginer que Jésus ait été le fils d’une mère célibataire, ou d’une jeune veuve. Aslan n’accrédite pas du tout le coran qui la fait visiter par un certain Gabriel mais estime, comme le texte musulman, qu’elle fut vierge (comme toute jeune fille) et ne se prostitua pas notoirement.
Aslan ne cherche pas à contredire les récits de miracles ou de guérisons miraculeuses, faute de sources incontestables et s’il doute, il en fait bénéficier non point l’adversaire mais son personnage. Lequel n’était sans doute pas un charpentier, mais un manœuvre dans le secteur de la construction, certes « fils de Dieu » (comme d’autres messies de l’époque se proclamaient tels).
Parfois, Aslan s’avance dans le domaine théologique, faisant par exemple remarquer que, pour l’évangéliste Marc, Jésus aurait pu être adopté par le présumé créateur de toutes choses après sa crucifixion.
L’un des points d’interrogation se rapporte à la chronologie. Jésus a-t-il été très vite un propagandiste nationaliste, renonçant après son baptême par Jean, ou s’est-il ensuite détaché de son mentor, affinant son propre message ?
Quoi qu’il en soit, Aslan n’affirme pas détenir le tout dernier mot, ni révéler quoi que ce soit qui n’ait pas déjà été avancé ou discuté par des historiens. Ses seules certitudes sont que Jésus pouvait affaiblir, comme d’autres, le pouvoir romain s’appuyant sur le clergé juif dominant, et qu’il a fini crucifié et non pas exécuté d’une autre façon. Il signale les contradictions de ses propres opinions soulevées par d’autres auteurs fortement documentés sans chercher à les réfuter catégoriquement.
L’histoire est une chose, la Bible une autre : le mouvement protestant néerlandais SGP se fait fort d’interpréter Ancien et Nouveau Testament de manière irréfutable, par exemple pour interdire aux femmes d’accéder aux fonctions publiques. Ce n’est plus le cas du tout de l’église catholique romaine (et l’entretien avec le pape François dans son avion, au retour du Brésil, laisse entrevoir que leur rôle sacerdotal pourrait être revalorisé, tout en écartant l’ordination).
L’une des hypothèses de l’auteur est que, par la suite, les premiers chrétiens de la diaspora aient édulcoré le personnage pour le rendre moins « juif » et plus proche d’eux (et de leurs gouvernants). Autant faire des Juifs, décrits tels de dangereux et séditieux fauteurs de troubles, les responsables de la mise à mort de Jésus. Cela évitait aux citoyennes et citoyens romains pouvant être convaincus de se sentir responsables ou redevables de l’erreur d’appréciation (ou de la concussion) de l’un des leurs, Ponce Pilate. C’est plausible, pas forcément irréfutable, ce n’est qu’une déduction qui, certes, semble logique.
L’un de ses arguments est que la nature divine d’un gouvernant était impensable pour les Juifs (mais pas pour les Égyptiens ou les Romains). Cela arrangea d’ailleurs beaucoup de monarques « par la grâce de dieu » par la suite. Ce qui accrédite ce point de vue admissible, c’est que par la suite, un peu partout, de très nombreuses fêtes ou événements « païens » (ou propres à d’autres religions) furent assimilés par les diverses, multiples, églises catholiques (ou orthodoxes).
Scott Korb, qui avait voulu faire un livre sur l’entourage de Jésus, soit sur ses contemporains, était allé plus loin, imaginant le corps de Jésus picoré et lacéré par des oiseaux sur la croix. En général, d’ailleurs, la plupart des corps des condamnés finissaient dispersés, voire mangés par les chiens. Son Life in Year One (dans la Judée de Jésus) n’a d’ailleurs pas échappé à la vigilance d’Aslan. Il n’est pas loin de penser comme John Dominic Crossan que Jésus aurait pu être un réformateur, se faisant l’avocat d’un mode de vie naturel, fondé sur des habitudes de consommations alimentaires ou des pratiques sanitaires contredisant les préceptes juifs et romains. Bref, on peut imaginer l’homme Jésus pratiquement à sa propre guise, et l’humanité ne s’en est guère privée.
Aslan va un peu plus loin en faisant de Jésus un prétendant à un trône théocratique qui aurait voulu déléguer douze vice-rois pour diriger les douze tribus d’Israël. Aslan en veut pour preuve la fameuse inscription « Jésus de Nazareth, roi des Juifs ». Que l’on sache, elle n’a pas été préservée.
Tout comme plus tard les musulmans avec La Mecque, les juifs avaient fait de Jérusalem un passage obligé, un lieu de pèlerinage incontournable (et plusieurs fois par an). La ville est fréquentée par près d’un million de visiteurs. Cela ne fait pas vivre que le clergé, loin de là. Le shekel est la seule monnaie acceptée dans l’enceinte de la ville. Mais bien d’autres monnaies existent. Donc, les agents de change pullulent et prélèvent une sorte de taxe de séjour. Les pigeons, agneaux, veaux destinés aux sacrifices doivent avoir été élevés à cette seule fin. Impossible de les apporter avec soi, le monopole du commerce local est préservé.
Lors du Yom Kippour, le Saint des Saints est d’accès réservé au seul grand prêtre, Jonathan, nommé par Rome, parmi des fils de familles cléricales pouvant acheter la charge. Il se trouve, et c’est le premier chapitre du livre, qu’il sera assassiné par, sans doute, un homme de peu.
Alors, on comprend qu’un Jésus venant mettre le souk dans un tel capharnaüm ait été estimé hautement indésirable. D’autant que d’autres rivalités entre sectes, tournant à l’émeute ou à l’invasion du Temple, avaient privé Rome de quelques solides redevances. Et que d’autres messies avaient rameuté des foules hostiles.
Si, comme l’interprète Aslan, le fameux « rendez à César » (ce qui lui appartient) signifie en réalité que les Romains peuvent reprendre leurs possessions, conserver les taxes perçues, mais évacuer le « royaume de dieu », soit Israël, terre divine, seule d’ailleurs à pouvoir se targuer de cette qualité, Jésus est bel et bien un nationaliste. Pour Aslan, Jésus aurait été crucifié aux côtés de deux de ses fidèles, ou de deux autres partisans d’un autre (d’autres) messie(s).
D’autres universitaires vont plus loin qu’Aslan, supputant qu’un certain Yeshuah le Galiléen serait devenu si légendaire après son exécution que sa quête et saga auraient été ensuite attribuées au Jésus des chrétiens. L’apôtre Paul aurait su « l’ambiancer » à sa guise tout comme, par la suite, on figera les moindres détails de son chemin de croix, ou qu’on fixera la longueur de sa barbe en se référant à un suaire.
Sauf que, selon les versions, répondant peut-être aux nécessités des temps des narrateurs ultérieurs, on ne sait plus trop situer les convictions de ce Jésus, parfois ne s’intéressant qu’aux peuples des tribus d’Israël, parfois voulant évangéliser toutes les nations, une fois prêchant paix et réconciliation, à d’autres incitant à vendre son manteau pour s’acheter un glaive.
Mahomet avait imaginé ce Jésus plutôt costaud et rougeaud. D’autres en ont fait un blondinet au berceau. Quatre évangiles ont été canonisés, pour ainsi dire, les autres, dont le dernier à avoir été découvert (en Égypte, en 1945), construisent ou reconstruisent un Jésus quelque peu différent.
On ne sait d’ailleurs vraiment qualifier quel Jésus Aslan a construit. Sans doute plus un Juif à l’image des autres Juifs de sa classe sociale (l’équivalent d’un Vercingétorix, mais beaucoup plus mal équipé, beaucoup moins nanti, et démuni de troupes expérimentées) que d’un dieu dont personne ne saurait décrire le portrait ni même la matérialité.
Mais après tout, que Jésus ou Yeshuah ait été comme ceci, ou comme cela, précurseur du mouvement slow food ou léniniste anticlérical, ne rend aucunement compte du Christ, figure intime, inspiration morale, référence commune à une vaste partie, sans doute minoritaire, de l’humanité, mais s’estimant ou se proclamant « de bonne volonté ».
L’histoire du premier siècle de l’ère chrétienne en Judée est assez passionnante, et très agréablement décrite par Reza Aslan, qui ne peut être suspecté de visées prosélytes. Son livre met à mal les vues de l’islam sur le personnage du prophète Jésus (qui n’aurait pas été forcément crucifié, selon certains textes musulmans, mais aurait ressuscité). L’islam salafiste se gardera sans doute de faire référence à Zealot.
L’un des reproches que des universitaires peuvent lui faire est de reporter d’une bonne décennie l’écriture des évangiles « canoniques » mais soutenir qu’il seraient antérieurs à la destruction de Jérusalem (70) du fait qu’ils rapportent que le Christ la prédisait est quelque peu farfelu. N’importe qui la souhaitant pouvait augurer une invasion, un soulèvement, et convaincre les contemporains, Juifs, Romains ou autres. Que les évangiles ne soulignent pas qu’elle se soit réalisée, fait de notoriété publique postérieurement, ne dément pas d’autres hypothèses.
Cela étant, pour lire sur la plage, Les Écritures, de François Cavanna, sont peut-être mieux indiquées. Et d’une portée philosophique supérieure permettant de briller au moment de l’apéro. J’en veux pour preuve ce biblique et cavannesque passage :
7. Or Dieu ne savait pas qu’Il était Dieu,
8. Puisqu’Il était tout seul.
9. Pour savoir qu’on est Dieu, il faut être deux :
10. Un qui est Dieu, et l’autre qui Lui dit : " Mon Dieu ".
11. Car on ne peut pas être Dieu tout court. On ne peut être que le Dieu de quelqu’un.
12. Or Dieu était tout seul.
13. Il n’était donc le Dieu de personne.
46. Or, voyant tout cela, et quelle était la perfection des anges, l’Éternel Se dit en Son Cœur que peut-être Il eût mieux fait de se recréer Lui-même à l’image des anges plutôt que de créer l’homme à sa propre image. Mais ceci est son affaire.
Aslan a peut-être créé un Jésus à l’image de lui-même quand il avait grandement envie de chasser les mollahs des mosquées de Méched, Ispahan, Qom et Téhéran. Mais quand il s’est aperçu qu’il était moins risqué de passer à la télé en écrivant sur Mahomet ou Jésus, il s’est ravisé.
Intéressant cet article!
C’est vrai qu’il y a des tas de contradictions dans la personne du Christ!
Hello Mozarine,
Il y a contradictions dans les divers et nombreux évangiles sur la personne de Jésus (filiation, famille, fuite en Égypte, temps passé ici ou là…).
Et aussi sur la personne du Christ. Soit ses dires rapportés.
Rien d’intéressant dans cet article.
Supposition sur supposition, avec des fables.
« C’est vrai qu’il y a des tas de contradictions dans la personne du Christ! »
C’est sûr, quand l’on se base sur du n’importe quoi, on ne peut voir que des contradictions.
Dire par exemple que Jésus était un nationaliste et un politique, il ne faut pas avoir lu les Saintes Ecritures. Ou se baser sur un autre Jésus
Peut etre à cause de ce type d’affirmation que certains chrétiens trouvent normal de faire de la politique…
Bref je n’ai qu’à lire ma Bible et là tout est claire, la personne du Christ est claire.
Il est vrai que c’est le St Esprit qui éclaire mais la Bible, et en l’occurence le Nouveau Testament, est simple à comprendre, il faut lire tel que c’est écrit.
2 Corinthiens chapitre 11v4
La dérive anti-christique qui consiste à Dire
que Jésus n’est pas ressucité et n’est pas Dieu
de Reza Alfan et qui est reprise ici ne date pas
d’aujourd’hui !!!
Bien d’autre l’ont formulé avant lui dont Arius
qui vivait à Alexandrie au 4em siècle.
Les Juifs ont aussi été très fort dans le domaine
aux lendemains de la resurrection!!!
Maintenant le pentecôtisme demeure et il demeurera,
jusqu’au retour en gloire de Jésus-christ !
Il demeurera toujours des témoignages de ce genre
et personne ne pourra éteindre ce feu !!!:
[i] »C’est le 9 février 2000 que le Seigneur est intervenu miraculeusement dans ma vie, lors d’une réunion d’évangélisation avec la pasteur Gilmer Roman (http://www.facebook.com/people/Gilmer-Roman/721394116). Ce soir- là près de 450 personnes étaient réunies pour entendre le puissant message de l’Evangile.
Après avoir attentivement écouté la prédication, je décidais de répondre à l’appel du pasteur et demandais que l’on m’avance sur le devant pour qu’il prie pour moi. Sur l’instant rien ne s’est passé, mais c’est lorsque je rentrais chez moi que le miracle eu lieu. Je devais gravir quelques marches pour accéder à mon appartement et c’est ma soeur qui habituellement, m’aidait à les monter. Ce soir-là elle était très fatiguée, alors la foi jaillissant dans mon coeur, je fis une simple prière: »Seigneur, tu vas m’aider à monter seule ! ». Marche après marche, tout en louant Dieu de tout mon coeur , je parvenais à mon appartement sans l’aide de ma soeur.
A l’age de 42 ans , je redécouvrais avec joie tous les actes de la vie quotidienne que je pouvais maintenant accomplir seule. Le Seigneur Jésus m’avait bénie et je compris que désormais , je devais lui donner ma vie. C’est pourquoi quelques temps après, le 25 septembre 2000, conformément aux enseignements de la Bible , je m’engageais publiquement dans les eaux du baptême.
Plus tard, mon fils et ma belle fille acceptèrent aussi Jésus dans leur vie. Leur couple brisé fut restauré.
Aujourd’hui , nous avons le bonheur d’aller dans la même église avec mes petits enfants , et d’appartenir à la famille de Dieu. Jésus m’a comblée de ses bienfaits et je réalise chaque jour l’amour qu’Il a pour moi. Josiane-Dani Patrac Avignon 84000″[/i]