Peut-être est-ce parce que je suis issu d’une famille de garagistes que je m’émeus face au déclin de certaines usines automobiles, aux licenciements massifs des employés, aux fermetures de sites, à l’abandon des chaînes de montage…

Dans mes souvenirs d’enfance, je revois l’atelier de mon père et les plus de 20 mécaniciens s’affairant autour des véhicules de l’époque.

Il me semble encore sentir les odeurs de cambouis et du caoutchouc vulcanisé… Une époque extraordinaire je puis vous l’assurer.

La cessation d’activités d’usines qui furent pourtant autrefois le fleuron de l’industrie automobile, a provoqué en moi un immense sentiment de tristesse.

Lorsque j’étais un gamin, je rêvais devant les bolides vrombissant sur lesquels les metteurs au point, en blouses blanches procédaient aux réglages et discrètement je me glissais sur le siège passager, pour que le chef d’atelier m’emmène essayer le véhicule sur la route.

Le dessus des établis étaient décorés de calendriers coquins certes, mais également d’autres sur lesquels trônaient ces merveilleuses et imposantes voitures américaines…

 

Qui aurait pu présager que mon rêve américain à moi, à savoir les usines de construction des marques les plus prestigieuses de Détroit, Ford Chrysler, Général Motors, s’écroulerait un jour comme un vulgaire château de cartes…

C’est hélas ce qui se passe en ce moment, Détroit "Motor City" comme on l’appelait à l’époque héroïque, est morte…

 

Dans un communiqué le gouverneur de l’état du Michigan, Rick Snyder a officiellement déclaré la ville en faillite.

C’est en effet le seul moyen selon lui, de permettre à Détroit de repartir sur de bonnes bases et surtout de croître à nouveau pour que les derniers habitants puissent encore accéder aux services publics, laissés eux aussi à l’abandon.

 

Le déclin s’est fait progressivement et à ce jour la moitié de la population s’est expatriée, un nombre impressionnant de maisons sont abandonnées, des bâtiments officiels également, l’éclairage public ne serait plus assuré et le taux de criminalité n’aurait jamais atteint de telles proportions depuis 40 ans, car le temps d’intervention des autorités policières mettent 58 mn pour parvenir sur place, contre une moyenne de 11 minutes dans l’ensemble du pays.

Sans parler des retraités municipaux dont on dit que leurs pensions seront diminuées de 50 à 80 % !

 

Avec 18,5 milliards de dette l’ex "Motor City" n’est pas assurée de relever la tête, même si Amy Brundage, une porte-parole de la Maison Blanche, a affirmé dans un communiqué, que Barak Obama lui-même assisté de son équipe rapprochée, surveillait de très près la situation de Détroit.

 

A l’issu d’un procès, un juge fédéral devra établir si Détroit est susceptible d’être placée sous "la protection de la loi des faillites" afin de pouvoir renégocier la dette, à la condition que les dirigeants du Michigan et les créanciers de la ville, acceptent de trouver des solutions visant à la "revitaliser".

 

L’affaire n’est en tout cas pas des plus simples, car jamais dans l’histoire des Etats-Unis, une ville d’une telle importance n’avait été déclarée en faillite et il n’y a donc pas de précédent en matière de décision judiciaire.

 

Quand on pense qu’au début du 20ème siècle, Détroit était encore le fer de lance de l’industrie automobile, on ne peut qu’avoir un pincement au cœur…