Certes, le cinéma français ne jouit pas d’une réputation mémorable en terme de thriller et l’on assimile souvent, à tort ou à raison, le film policier français à l’ambiance typique et soporifique des Julie Lescaut et autres Navarro. Le film La proie vient prouver avec une éclatante efficacité que le thriller n’est pas le monopole des américains et que quand ils le veulent et s’en donnent les moyens, les français sont capables d’en faire des bons.
La proie est sortie en 2010. Réalisé par Eric Valette, il met en scène Albert Dupontel (acteur dont je suis un fan invétéré) et Alice Taglioni.
Le film retrace l’histoire d’un braqueur qui réussit à s’évader de prison à la recherche de son ancien codétenu, un tueur en série qui décide de mettre ses meurtres sur le dos du héros. Devenu ennemi public numéro 1, le braqueur se voit ainsi traqué par une policière acharnée et déterminée à le remettre en cellule.
La proie prend le parti d’être résolument tourné vers l’action avec des courses-poursuite particulièrement réussies. La volonté évidente du réalisateur de produire un divertissement à la hauteur des canons du genre outre-Atlantique est tout à fait louable et redonne un peu de couleur à un cinéma français qui, je dois le dire, ne m’a qu’en de très rares occasions vraiment scotché à mon siège.
Le scénario du film est certes simple et peu original. On y retrouve un gentil, un méchant et une situation qui apparaît comme quasiment insoluble à résoudre de manière positive. Pour le cinéphile averti que je suis, j’ai bien entendu reconnu dans le film certaines influences notables d’autres œuvres cinématographiques telles que Ne le dis à personne ou encore A bout portant mais il n’en demeure pas moins que La proie est un film que l’on suit avec un plaisir coupable. Le personnage campé par Albert Dupontel est ce que l’on peut appeler un chat noir. Au début du film, il n’hésite pas à sauver son codétenu d’une agression de manière courageuse pour s’apercevoir, au cours du film, que le codétenu en question n’a rien d’une noble personne mais s’avère être un redoutable tueur d’enfants.
En visionnant ce film, on ne peut qu’être conscient de l’amour du réalisateur pour un genre, à savoir le thriller d’action, qui a été si souvent malmené dans notre pays.
Même si son film souffre de quelques maladresses, La proie est assurément une réussite qu’il serait dommage de rater.
La proie est une fois de plus l’occasion d’admirer le travail d’un acteur qui décidemment, excelle aussi bien dans le domaine comique que dramatique, à savoir Albert Dupontel. Avec le culte Le convoyeur, le délirant Le vilain ou encore le glaçant Chrysalis, il nous montre qu’il est capable de jouer tous les rôles avec une émotion palpable à chaque scène. Et même Alice Taglioni, malgré ses formes plantureuses, parvient à être crédible dans ce rôle de femme-flic à la détermination farouche et indestructible.
La proie est la preuve que, même dans un cinéma un peu moribond et manquant souvent de moyens mais surtout d’imagination, il peut émerger des œuvres qui créent la surprise et qui font parfaitement le poids face à certains poids-lourds issus des Etats-Unis.