Michèle Tabarot, députée-maire UMP du Cannet liée à l’ex-avocat d’affaires Jean-François Copé, dément dans Nice-Matin les informations de la presse espagnole reprises par Mediapart. Selon elle, son frère, Claude Roch Tabarot, inquiété par la police espagnole en 2008 pour des affaires immobilières, de corruption de fonctionnaires et d’évasion fiscale, aurait bénéficié de deux non-lieux pour des accusations considérées « infondées » par la justice espagnole. Accusations plutôt requalifiées, selon notre propre lecture de la presse espagnole. L’affaire a rebondi quand, le 2 juin dernier, El Mundo a titré que les malversations du frère de la députée-maire, poursuivies en Espagne ou au Maroc, « ont servi à financer l’UMP de Sarkozy ». Mediapart, dans un « premier volet » (ce qui en suppose d’autres), dépeint un clan mafieux oranais, très impliqué dans les anciens réseaux de l’OAS en Espagne… Cela promet…
Étonnant… Au cours des années Sarkozy, l’affaire des sociétés du groupe Rivieria Invest, dirigé par Roch Tabarot, en Espagne et ailleurs, n’avait guère retenu l’attention de la presse française, ni vraiment de Nice-Matin, alors détenu par Philippe Hersant, encore associé avec Bernard Tapie. C’est Nice-Matin qui répercute un démenti de Michèle Tabarot sur RMC, après que Mediapart, qui s’était entretenu avec l’intéressée, ait titré « L’Affaire espagnole qui menace la numéro 2 de l’UMP ».
Michèle Tabarot avance que « deux non-lieux prononcés par la justice espagnole » auraient blanchi son frère, Claude Roch Tabarot. C’est un peu oublier la liquidation judiciaire de Riviera Cost Gestion et l’existence de Riviera Invest Maroc, ou le fait que le juge national espagnol Santiago Pedraz avait privilégié une solution supposée permettre un remboursement total des créanciers du groupe Riviera. Lesquels n’y ont pas vraiment cru et ont demandé une révision de ces décisions.
En mars 2007, tout va encore pour le mieux pour le groupe Riviera. Anne-Michelle Devert, compagne de Roch Tabarot, demande et obtient la création d’une Fondation Riviera, ayant pour but la diffusion de la culture, du sport, de la formation à la santé publique et à la défense de l’environnement, voire de créer des structures pour le troisième âge. Elle apporte pour garantie le soutien de Riviera Coast Gestion, Riviera Coast Promociones, et Riviera Coast Invest.
Mais, fin juin 2008, il apparait que certaines sociétés du groupe auraient maquillé leurs comptes pour leur donner une « apparence de solvabilité », relatait Informacion, l’un des titres d’Alicante, siège de la fondation et de diverses sociétés.
Le « clan Tabarot », comme la presse espagnole qualifiera Roch Tabarot, Anne-Michelle Devert, et leurs associés ou directeurs, fera l’objet de toute l’attention de la police quand, en sus, il sera établi que l’ancien maire d’Alicante, Luis Diaz Alperi, avec l’aide de l’architecte Jesus Quesada Polo (la famille Quesada est honorée par une statue grandeur nature de deux de ses membres, promoteurs immobiliers, à Ciudad Quesada, près d’Alicante), avaient favorisé une révision du plan d’urbanisme d’Alicante, en faveur du groupe Riviera. Ce fut l’ultime décision du maire, à la veille de présenter sa démission. Il s’agissait de transformer l’ancien lycée français en centre d’affaires, et de créer Jardines del Eden, une résidence pour personnes âgées aisées. Or, à travers de sa propre société, Laboratorio de Proyectos, l’architecte était très lié avec le groupe Riviera…
L’avocat des créanciers, à qui avaient été promis des rendements de 6 % remboursables mensuellement, José Luis Escobar, estime que l’architecte municipal et celui de Tabarot ne sont qu’une seule et même personne, et qu’il a été procédé in extremis à un vaste « blanchiment » de constructions illégales. Pour l’élue socialiste d’Alicante, Loles Fernandez, « Tabarot possédait des informations privilégiées », et avait conditionné les élus du Parti populaire (actuellement majoritaire en Espagne).
Tabarot et cinq de ses associés ou directeurs seront« serrés » alors qu’ils s’apprétaient à rejoindre le Maroc, incarcérés, en septembre 2008, puis libérés. Ayant promis de rembourser les créanciers, ils reprendront diverses activités, mais, ce mois de juin 2013, Riviera Coast Invest doit à son tour être mise en liquidation. La brigade des délits économiques s’intéresse de nouveau de très près à leurs affaires et réclame de nouvelles commissions rogatoires pour obtenir la collaboration des services policiers internationaux.
Les policiers s’intéressent à l’opération Fendaq Touarga, à Marrakech. Un projet qui, achevé, représenterait un investissement de 56 millions d’euros sous l’égide de Riviera Invest Maroc (les réalisations achevées représentant 15 millions). Or, Riviera Invest n’était présumée disposée que de 6,1 millions d’euros, mais elle aura apporté seulement 7 millions sans réelles garanties.
En juillet 2009 déjà, le groupe suspendait ses paiements aux créanciers, mais distribuait des bénéfices à ses membres fondateurs ou associés.
Ce qui relance aussi l’attention policière et judiciaire, c’est que, relate Mediapart, le groupe a procédé à de très nombreux retraits en espèces, effectué des virements, dont certains en numéraire, à l’étranger, hors d’Espagne. L’argent aurait pu échapper aux créanciers, en direction du Maroc, mais aussi de France. Pour favoriser les ambitions politiques de Michèle Tabarot, et de son frère Philippe, candidat UMP en 2014 à la mairie de Cannes, affirme l’avocat des victimes.
Frank Mezzasoma, trésorier UMP des Alpes-Maritimes, a été l’un des actionnaires de Riviera Coast, jusqu’en 2007. L’un des autres ex-associés du groupe, Robert Garcia, assure que plus de trois millions d’euros en espèce ont passé la frontière pyrénéenne peu avant les municipales de 2008 en France. Miguel Cancela, un agent immobilier français, fait aussi état de dessous de table provenant de comptes ouverts dans des paradis fiscaux.
Jean Martinez, alors candidat divers-droite à Cannes, avait déclaré avoir fait l’objet d’une tentative de le soudoyer pour qu’il se retire.
L’argent des investisseurs filait vers les États-Unis, le Maroc, la France… Parfois, il provenait d’opérations pour lesquelles, notamment à Murcie (2 000 appartements vendus sur plan) et Grenade, des fonds avaient été obtenus, sans que les réalisations suivent. Des photocopies, en lieu et place d’originaux, étaient produites en guise de garanties. Des immeubles hypothéqués étaient vendus sans faire mention de ces hypothèques les grevant. Les dirigeants menaient très grand train, fréquentant les clubs nautiques, de grands hôtels, louant des véhicules et des jets de luxe, et ont exporté 8,4 millions d’euros (en sus de plus de 13,5 retirés en espèces sur au moins cinq comptes bancaires).
Robert Tabarot, ancien dirigeant OAS de l’Oranais, était indésirable en France lors de l’indépendance de l’Algérie. Comme divers personnages en vue, il préfère s’établir en Espagne, où le régime franquiste apprécie les réfugiés d’extrême-droite. Son fils Roch, avec son père, va démarrer dans les affaires avec le projet Aquandalia, à Benidorm, l’une des plus grosses « enclaves » pour touristes en groupe, ou résidents étrangers, d’Espagne. Puis c’est un complexe résidentiel huppé, Golf Bahia, proche d’un autre parc d’attractions. Il fait profiter de l’aubaine des élus du parti de droite, le PP, héritier du franquisme, qu’affectionnent le RPR, puis l’UMP. Le groupe s’appelle alors Tecosa, et il met la main sur 150 000 mètres carrés. Du jour au lendemain, le prix du mètre carré passe de six à 18 euros (soit, pour le groupe Tecosa, une plus-value immédiate : de moins d’un million d’euros à 2,7).
Les avocats des Tabarot et leurs clients réfutent totalement les enquêtes policières espagnoles, pourtant fort documentées, « en bloc et en détail », pour reprendre les termes de Jérôme Cahuzac, qui n’a pas trop cherché à s’intéresser aux affaires UBS, HSBC ou les multiples opérations liées au ministère de l’Intérieur (via, parfois, aussi, des fondations).
Commentaire sur Atlantico : « En l’occurrence, il n’y a que des insinuations. Et de Mediapart, une référence en la matière. ». C’est un peu mettre de côté la presse espagnole. Laquelle, au sujet de Roch Tabarot, n’a pas employé le conditionnel. Ni employé le fameux « selon Mediapart ». Le site du Front national de Cagnes liste les affaires pénales ayant mis en cause des élus UMP des Alpes-Maritimes depuis 1994. Déjà copieux.
Petit pronostic à propos du second volet de Mediapart sur les affaires du clan Tabarot : un éclairage sur les relations entre le PP et l’UMP, entre Nicolas Sarkozy et les dirigeants espagnols.
Les Tabarot ont contribué à « faire » Benidorm, en invitant des personnalités (Ballasteros, Indurain…), tandis que Michèle Tabarot a repris la formule en organisant des concerts d’Eric Clapton ou de Bob Dylan au Cannet, ou en y invitant des sportifs renommés. Avaient-ils touché des enveloppes ? Dans ce cas, la prescription s’est appliquée depuis. Mais il est clair que le clan savait se répartir entre affaires privées et publiques, soit politiques.
http://www.burbuja.info/inmobiliaria/burbuja-inmobiliaria/77817-detenidos-presunta-estafa-inmobiliaria-2.html
Attention, Le Cannet dans les Alpes Maritimes prend deux N.
On risque de confondre avec Canet en Roussillon. Ce n’est pas souhaitable, même s’il s’y trouve également un professionnel de l’immobilier de loisir, originaire d’Oran. Comme les sociétés de Rocky Tabarot, c’est en juillet 2009 qu’il a cessé de payer ses créanciers, comme lui, au même moment, il se versait des dividendes. Lui aussi a monté une holding à la solvabilité douteuse. Tout CELA en France.
Attention, [b]Le Cannet[/b] dans les Alpes Maritimes prend 2 N. On risque de le confondre avec Canet en Roussillon. Or il s’y trouve justement un professionnel de l’immobilier de loisir, d’origine oranaise aussi, qui comme Rocky Tabarot connait quelques difficultés dans ses affaires. Avec même de curieuses similitudes, mais tout CELA en France.
Pour qui m’envoie un commentaire (pas encore publié ici, mais reçu par courriel) pour me signaler que Le Cannet prend deux « n », merci, et je viens de rectifier.
Pour Canet-en-Roussillon (Pyr.-Orientales), il m’avait échappé qu’une chômeuse de 51 ans, fin mai, était morte d’une crise cardiaque en voyant un huissier dépêché par Pôle-Emploi recouvrir un trop-perçu.
Il y en a pour qui cela va bien, mais d’autres…