Ainsi s’en est allé l’un des plus grands compositeurs du 20ème siècle. Mais avec sa disparition se pose inévitablement la question de la musique de notre temps et de sa popularité. Salué unanimement par les médias mais complètement inconnu du grand public, il résume à lui seul le divorce entre la musique dite « savante » et le public populaire. Réalisez un micro-trottoir et demandez aux passants de donner le titre d’une œuvre d’Henri Dutilleux ou pire de fredonner une mélodie, le résultat sera édifiant. Déjà bien content si on ne vous répond pas « Dutilleux ? Qui ça ? » La preuve en est qu’il a dû attendre l’âge de 60 ans pour vivre de sa musique.

Pourtant, il ne se revendiquait d’aucune chapelle, laissant à d’autres le sérialisme ou le dodécaphonisme. Contrairement à Boulez, il s’évertuait à faire de la « belle » musique, c’est çà dire qui flatte l’oreille. Une œuvre de musique ne se doit pas d’être seulement « intéressante », elle doit aussi essayer de plaire.

Prix de Rome en 1938, il rejoint ses illustres compatriotes Berlioz et Debussy dans la lignée duquel il s’inscrit naturellement. Comme son compère Messiaen, il avait trouvé en la personne de son épouse (Geneviève Joy) une interprète idéale pour ses œuvres de piano.

De nombreux grands interprètes lui ont fait des commandes, en particulier Rostropovitch qui créa « un monde lointain », un concerto pour orchestre dont le succès fut mondial. Sa dernière œuvre « le temps, l’horloge » fut créée partiellement en 2007. C’est la soprano américaine Renée Fleming qui créa la version définitive en 2009 au Théâtre des Champs-Elysées sous la direction de Seiji Ozawa.   

Il était sans doute le dernier poète de la musique même si on peut regretter que ses œuvres n’aient pas été suffisamment diffusées, elles auraient peut-être pu être appréciées par un public plus large.

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