Évidemment, François Hollande et ses maréchaux ou générales n’évoquent que très peu Bonaparte et son état-major… Et alors ? Mais de toutes parts, c’est désormais ce qu’on réclame d’eux et à défaut, qu’ils cèdent au plus vite la place. Au profit d’un énigmatique homme providentiel (qui resterait Nicolas Sarkozy pour les plus aveugles) que notre société n’est plus capable de faire émerger. Il faudrait peut-être se rendre compte, après l’élection de Barack Obama, la retraite de Fidel Castro, la politique ploutocratique d’un Poutine, que, hors la Corée du Nord des Kim, le moule est cassé…
Kim Hyok Bong et Kim Jong, deux Coréens de Pyongyang, ont emporté le double mixte en tennis de table, devant des pongistes de Séoul… Cela va barder pour le double chinois (à moins qu’il ait mal joué sur ordre : il paraît que l’omniprésente domination de la Chine puisse valoir à la discipline de ne plus figurer aux Jeux olympiques…).
Ah, sous de Gaulle, combien de Mimoun, de Goitschel, et j’en passe, la France plaçait sur les podiums ! Bientôt, au train ou les influenceurs se démènent, on attribuera toutes les mauvaises places des sportifs à François Hollande… J’ai déjà développé ce thème dans une précédente tribune libre (autrement, bien sûr : je ne radote pas tout à fait). Mais la récente chronique d’Alexandre Jardin, dans L’Opinion (qui semble s’engager très tôt dans la promulgation d’une pensée unique, soit celle d’une démission du chef de l’État et du gouvernement), m’offre l’occasion de tenter de faire œuvre pédagogique.
Chacun pense que la France aurait parlé, la sienne, bien évidemment, et qu’il faudrait qu’émerge un macho, un musclé, un tatoué (voire une leader maxima aux gonades bien accrochées, mais Ségolène Royal, Martine Aubry, n’enthousiasment plus guère, Marie-France Garaud se fait vraiment âgée). Bref, une femme ou un homme providentiel impulsant un sursaut aussi novateur que, au choix, le régime de Philippe Pétain ou celui de Charles de Gaulle, voire les sept mois et 17 jours de la période Mendès-France, auraient réussi à tirer le pays de l’ornière.
Même l’assez mesuré Philippe Bilger, avec son « pourquoi pas la normalité, mais à la condition qu’elle emporte, entraîne, mobilise et fasse espérer » s’y est mis. On est loin de l’idéal d’autogestion, de l’appel à la société à vraiment se (re)mobiliser. Tout est supposé venir d’en-haut…
Pour Alexandre Jardin, nous aurions un « presque président » ou une sorte de brave bonhomme, encore moins charismatique que Baudoin de Belgique, à la tête de l’État. Pas macho, au passage, Jardin mentionne Françoise Dolto, l’une des plus péremptoires diseuses dont les multiples erreurs d’appréciation passent encore pour vérités révélées. Magie du verbe.
Cela se catégorise dans la pensée magique. Voilà Jardin devenu charlien adapte du Grand Charlisme (lequel n’aura pas réussi à impulser l’Europe de l’Atlantique à l’Oural, et bornée au sud par Tamanrasset : au vu des tensions en Europe, voyez par exemple la Hongrie, on pourrait se dire que nous avons peut-être évité le pire).
Jardin exhorte le non-funeste cortège, la cohorte des « acteurs francs, patrons carrés, politiques inaptes à la posture, médecins entiers, syndicalistes, infirmières, enseignants associatifs vibrants, entrepreneurs bouillants, etc. » à se lever et s’exprimer. Cela sauve un peu, c’est une manière de se raccrocher aux branches, de ne pas tomber dans le pur bonapartisme, non point au sens que lui confère la présumée science politique, mais à celui le plus courant.
On se doute bien que c’est plutôt, en lançant un tel appel dans L’Opinion, que cela vaut plutôt appel à Gégé Depardieu de venir noircir des lignes enflammées qu’à Gérard Filoche à confier une tribune libre solidement argumentée. Quant aux infirmières, Natalia G. (ex-médecin spécialiste ukrainienne, devenue aide-soignante puis infirmière française, que je salue au passage), ne sera sans doute pas partante : elle a pour référence des auteurs et penseurs d’une autre envergure que celle d’un Jardin, et L’Opinion n’est pas encore à sa portée financière (car, pour s’exprimer, il faut cracher au bassinet).
Cela fleure bon sa démagogie inconsciente (n’utilisons pas « populisme », c’est devenu un gros mot et l’affable Alexandre Jardin ne mérite pas cet outrage).
Mais puisque Jardin lance un appel, aidons-le en lui proposant des noms qui ne dépareront pas vraiment (sauf peut-être celui du syndicaliste Patrick Saurin, auteur, chez CADTM, d’un Les Prêts toxiques, une affaire d’État, un peu trop méchant pour les actionnaires de l’Opinion) les colonnes qui l’accueillent.
Je n’ai pas eu loin à cheminer pour les trouver. Ils figurent sur le blogue (en accès libre), de Laurent Mauduit, sur Mediapart. Le billet s’intitule « Sur trois livres citoyens ». Allez donc lire…
J’aurais sans doute fait d’autres choix, notamment par ignorance. Je n’avais jamais auparavant entendu parler de Thomas Clay. L’auteur des Lois du sarkozysme (chez Odile Jacob) et son club Droits, Justices et Sécurités, m’était inconnu. « Juriste rigoureux et obstiné, il n’a cessé (…) de me prodiguer ses conseils (…) Avec François Bayrou et quelques autres, il fait partie des rares avec lesquels j’ai formé une sorte de GIE démocratique » (qui nous vaut notamment de prendre conscience de l’ampleur du scandale Tapie).
Je fréquente à l’occasion (via son blogue) Philippe Bilger. Pas du tout Patrick Saurin, mais je consulterai son billet « socialiser le système bancaire, une impérieuse nécessité ». Il conclut que la crise du système bancaire « n’aura pas de solution viable et possible aussi longtemps qu’il demeurera entre les mains et au service d’intérêts privés ».
Mais pourquoi donc seulement le système bancaire ? J’aurais quelques autres exemples… Mais c’est là prendre le contre-pied de la vulgate ultra-libérale prônée par L’Opinion. Un président normal peut-il prendre ce risque sans renoncer à sa normalité (un attentat du style de celui du Petit-Clamart est vite arrivé) ?
François Hollande peut-il prendre le risque d’affronter les ligues, de rompre non seulement avec l’Allemagne mais aussi le Royaume-Uni ? L’opinion (divisée, fractionnée, souvent antagoniste) y est-elle prête ? Les temps sont-ils vraiment mûrs pour que Françaises et Français affrontent le risque de faire défaut (de s’affranchir de la dette immédiate, pas du tout des conséquences d’un refus de l’honorer) ? Que François Hollande hausse ou non le menton y changera-t-il quoi que ce soit ? L’Opinion – l’autre – admettrait-elle un Chavez (qui n’a sauvegardé sa base électorale, léguée à son successeur, qu’au prix de divers sacrifices pour les autres, qui ont dû en rabattre sur leurs ambitions).
Ou assumera-t-on publiquement qu’il faut en revenir au niveau de dettes légué par Sarkozy ? Lesquelles ont surtout enrichi ses amis qui sont de fait propriétaires de nombreux services publics et pour longtemps (du fait des partenariats public-privé, des dénationalisations, y compris des infrastructures indispensables à la vie normale).
Un Bonaparte, ou un Napoléon III, certes, mais qu’ont-ils légué ? De forts bonnes choses, mais aussi des dettes de guerre ou des pertes territoriales, faut-il le remémorer ?
Au moins Jardin a-t-il pour lui d’avoir pratiqué le bénévolat avec ses associations Lire et faire lire et Mille mots, et de ne pas réclamer de se retrouvé bombardé à la tête d’un comité Bidule (avec les frais qui vont avec).
Mais on a surtout l’impression que l’incessante volée de bois vert assenée à Français Hollande vise surtout à pouvoir faire placer ses pions dans les cercles du pouvoir. D’un pouvoir dont, pour le précédent, se dévoile chaque jour davantage la réelle nature.
Mais au fond, c’est très simple : sans réelle volonté populaire d’engagement, de participation active, il ne sert à rien de changer les têtes et encore moins la nature des discours. Or, cet élan doit venir de la société, et non des élites discréditées. Et là, eh bien, le sursaut tarde… Et je vois mal les parents d’élèves pousser leur progéniture à rejoindre les rangs de pionniers ou eux-mêmes à se conformer sans fort absentéisme à un service civique obligatoire. D’ailleurs, Jardin, pour favoriser la lecture dans les écoles ou les prisons, n’y a même pas songé.
Le plus drôle, c’est, depuis sa mise en ligne le 17 mai en début d’après-midi, ce 20 mai à minuit, ce billet « sans leader réel, pas d’actions réelles » n’a attiré que cinq commentaires (de combien d’abonnés payants ? Il faut bien en offrir pour amorcer la pompe) plutôt insignifiants sauf ce très cocasse « Alain Madelin tient le même discours profond et cohérent ». Dans cette impétrante Mecque du libéralisme, mentionner le champion des demandes (et obtentions) de subventions depuis presque toujours, surtout depuis qu’il fut maire de Redon, c’est très farce… Mais, c’est vrai, Madelin savait se montrer fort en gueule. Il bénéficiait jusqu’à peu d’une sorte de prébende, totalement soutenue par des fonds publics, dont il fut dit qu’elle fit partir près de cinq milliards d’euros en fumée… Ce Fonds de solidarité numérique a été remplacé, au Sénégal par une agence avec laquelle il faisait doublon (ainsi qu’une nébuleuse agence, elle aussi supprimée, Sensic).
Alors après cela, les fortes paroles, l’impulsion venue d’en haut… doux rêve. Mieux vaudrait solliciter celle d’en-bas, si tout n’avait pas été fait pour écœurer et détourner les initiatives dont se targuent des « managers » si prompts à fixer des feuilles de route ou des objectifs irréalistes ou ne visant qu’à réduire encore la « masse » salariale et préserver leurs propres avantages.
« le renouveau du racismes et,de l’homophobies en ait une preuves;idem pour les négrophiles,les anti-juif,les anti-roms…etc je ne savais pas,qu’une frigide,et,bargot pouvait etre aussi nuisible à la republique… sujet a médité.no comment.