Guillaume Weill-Raynal, à la ville frère du journaliste ayant fait, volontairement ou non, fuiter le mur des cons du Syndicat de la Magistrature, en appelle à Christine Taubira. Non pour conforter son jumeau et condamner les magistrats potaches, mais pour s’indigner de la montée en puissance de l’islamophobie. Tout comme pourrait le faire un Noam Chomsky, je m’interroge sur le bien-fondé de la démarche…   

D’accord, cela pourrait sembler – faussement – corporatiste. Islamophobe, judéophobe et christanophobe (entre autres, rappel nécessaire), je ne me sens pourtant aucunement visé par la lettre ouverte de Guillaume Weill-Raynal à Christiane Taubira. D’abord parce que je considère que, tout comme le Livre de Mormon ou les écrits de Raël, Bible, Coran, Testaments divers, élucubrations de divers pères de variables églises sont des objets d’étude parmi d’autres rendant compte des évolutions des sociétés. Ensuite parce que je tolère fort bien l’irrationnel en tant que manifestation de l’expérience humaine. La raison peut conduire à l’eugénisme et à des formes d’esclavage, l’irrationnel inspire parfois de fort bonnes œuvres à qui, musulmans, chrétiens ou israélites, est animé davantage par l’amour du prochain que par sa domination.

Mais oui, je crains l’extension du foulard islamique imposé, en pensant toutefois très fort que la religiosité régressera globalement dans nos sociétés, le hallal ou le cacher renchérissant les prix à la consommation (davantage en tout cas que les œufs durs peints avant les Pâques chrétiennes), et bien sûr le terrorisme international inspiré tant par des islamistes que par d’autres, aux vues pas si diamétralement opposées.

Consultez les originaux…

Reportez-vous à cette lettre ouverte (publiée par Le Plus) et comprenez que je partage aussi, en partie, les inquiétudes de Guillaume Weill-Raynald. Consultez de même ses références.

Mais, tout comme condamner la droite israélienne ne vaut pas approbation des barbus ou des glabres palestiniens plus soucieux de leur pouvoir et emprise sur les consciences que du bien-être des Palestiniennes et Palestiniens qu’ils prétendent défendre, je ne vois pas trop l’utilité de sanctionner un Robert Ménard ou une Christine Tasin qui se trouveront bien, tout comme un Faurisson, un quelconque Dieudonné pour véhiculer leurs fantasmes d’une manière ne tombant pas sous les coups de la loi.

Mahomet, tout comme Jésus, a plaidé pour un peu tout et son contraire, restreignant d’emblée l’amour du prochain surtout au plus proche, alors que les successeurs de l’un, c’est vrai, l’ont interprété plus largement que ceux de l’autre. À chacun ses types d’esclavage sanctifiés par l’onction de dogmes évolutifs (et oui, un peu davantage, globalement, révisables et édulcorées du côté de certains chrétiens protestants ou israélites que de celui de musulmans traditionalistes, mais on trouvera toujours des exceptions).

Robert Ménard consigne sur Boulevard Voltaire que « cet islam vient nous bouffer notre oxygène ». Celui-là, sans doute. Pas vraiment celui des délurées maghrébines encore de dites de souche pur jus (immigrées récentes) ou de ces francs paillards et bons vivants qui, parfois, à l’occasion, font au moins semblant de respecter le ramadan ou de se conformer à des rites musulmans. Moi-même, d’ailleurs, je ne tourne pas les talons dans les crématoriums quand surgit un ministre du culte que je n’avais pas convié à s’adresser à moi et d’autres, je tolère l’accueil des enfants dans les temples protestants (trouvant fort à propos qu’on attende l’adolescence pour leur proposer un baptême).

Christine Tasin, elle, veut bannir Coran (pourquoi pas aussi les Testaments, les ouvrages célébrant la wicca, voire l’universel Livre blanc des maçons ?), en réserver la consultation, telle naguère celle de la Bible, à des sachants estampillés, approuvés par on ne sait qui (peut-être les doctorant·e·s et maîtres ou directrices de recherches de l’École pratique des hautes-études, pourvu qu’il s’agisse de clercs laïques ?). J’oserai : raser les mosquées en France, certes, mais au moins autant d’églises ou chapelles ou synagogues ou temples dont l’entretien est par trop dispendieux pour les communes. C’est con, et je veux bien figurer de ce fait sur un mur dans un local syndical.
Cela étant, je n’en déplore pas moins l’état de décrépitude avancée des deux principales synagogues de Timisoara, beaux bâtiments, structurant le tissu urbain, pouvant accueillir plus fréquemment, pour l’une au moins, de trop rares concerts de musiques profanes ou sacrées de diverses provenances.

Quand je croise une femme voilée dans les escaliers du métro, encombrée d’un lourd Caddie® (ou autre), d’une poussette, fusse-t-elle religieuse (même en cornette) catholique ou protestante, orthodoxe, je n’ai pas le réflexe de lui faire un croche pied, mais plutôt de l’assister. Je sais, je sais, ensuite, je devrais lui arracher voile ou coiffe, mais que voulez-vous, je suis un pusillanime crasse.

J’avoue que Monsieur le Zigomar (qui porte un prénom israélite un peu plus marqué que d’autres et euphoniquement dérangeant pour mes oreilles) ne sera pas incité de changer d’appellation courante de mon chef (de toute façon, cela devra attendre qu’il passe le stade des gazouillis). Craintif manque de conviction ? Tiédeur coupable ? J’admets préférer le prénom oriental de mon autre progéniture indirecte, porté tant par des musulmanes que des chrétiennes, et d’autres dont les parents laïques ont consulté un répertoire de prénoms. Au fait, Gaby, ce ne serait pas un prénom mahométan sur les bords ? Faudrait-il rebaptiser Newton à titre posthume ?

Christine Tasin, de Riposte laïque, veut donc bannir les prénoms musulmans. Perso, j’insiste, l’idéal, ce serait de limiter à ceux religieusement neutres (comme Pimprenelle ou Clafoutis pour les filles, par exemple). Mais alors, que faire d’une Rosa, comme celles de Lima (dont une devancière – †1617 – fut canonisée un peu rapidement, en 1671, une ermite adepte de mortifications, macérations, silices, haires, jeûnes… une stricte végétalienne dont l’imitation ruinerait les pampas et élevages de tout continent, bel exemple). Future(s) sainte(s) Christine, Boutin ou Tasin, prenez-en de la graine, montrez l’exemple : on attend…

Trop chrétienne

Peu charitablement, la bienheureuse suggère que l’armée « tire dans le tas » des voiles ou fez ou je ne sais quoi (et les porteurs de barrettes, et les mitrés, alors ?).  Elle a calibré son incitation au massacre (voir infra).

Bienheureuse Taubira, ne prêtez pourtant point l’oreille aux sollicitations. Cogner C. Tasin au portefeuille aurait-il quel effet pervers ? Enrichir des imprimeurs puis des brûleries de bouillon (les prosélytes ont toujours tendance à surestimer les tirages), des déchetteries. 

Invoquer Charles Péguy ne me semble pas davantage approprié, Cher Guillaume. Ce laïcard qui ne m’est pas totalement antipathique, même après avoir, telle une Tasin, appelé lui aussi à tirer dans le tas (en premier lieu, à trouer la peau de Jaurès), gogo au point de gober tous les miracles et manifestations mariales, qui en appelait au martyre pour soutenir toute « guerre juste », aurait peut-être fini par massacrer les partisans d’Abd-el-Krim sous les ordres de Pétain.

Ce n’est pas que je m’habitue aux divagations des islamophobes compulsionnels, ce n’est pas que je trouverai indécent un simple rappel à la loi : ce serait tout simplement contreproductif. Une âme habituée est sans doute plus perverse qu’une autre, comme le pensait Péguy…
Mais lorsqu’on doit avoir à traiter avec des zinzins – à ce train, parmi celles et ceux applaudissant Tasin, il s’en trouvera à finir comme Camille Claudel – ou, plus pernicieux encore, avec des Ménard trop las ou peureux pour se livrer encore à des reportages et se survivant à blablater tout comme moi, enfin, au moins ici, je crains l’effet pervers. Cela se discute, et même sans fin, j’en conviens.

Souffrez donc que je conçoive votre indignation, et non votre préconisation. Je préfère tenter de surprendre Ménard à consommer traîtreusement un couscous (et j’aurais fait remplacer l’harissa par du saindoux porçin au paprika hongrois, européen, quoi… histoire d’atténuer l’outrage). Ou Tasin en chemisier fabriqué au Maroc de « notre ami le roi chérifien » (un odieux malikite aux yeux de certains salafistes, soit dit en passant) .

Riposte laïque veut son Printemps des cons et faire manifester le 22 juin, sur la place du protestant Denfert-Rochereau, pourtant soutien de l’anticlérical Gambetta : hou-hou, à moins de rebaptiser cette place, du nom d’une sainte ou d’un saint, quelle faute de goût ! Voilà que Cyrano (de la même officine), s’en prend aussi à la droitière USM, trop molle à ses yeux. La victimisation, le thème des socialo-communistes se muant en police de la pensée, c’est tout bon pour ces tenants d’on ne sait qui (faute de mieux, Marine Le Pen convient). Les voilà s’en prenant aux adventistes du septième jour. Eh ben, c’est du propre : les évangélistes opèrent même des conversions de musulmans (rares, il est vrai, mais ils sont un peu plus efficaces que les catholiques romains, eh !).

Erreur de positionnement : Riposte laïque s’en prend aux « racailles se prétendant supporters du PSG », parmi lesquels certains de leurs plus véhéments soutiens. Le Cercle des citoyens français, qui affectionne Ménard et réciproquement, pointe les exilés (sauf ceux se cassant et casant dans les Émirats, un oubli sans doute), victimes d’une fiscalité forcément confiscatoire mais ne s’en prend pas trop au club qatari ou aux « bons blancs » se défaussant des magasins du Printemps. Je ne saurais trop dire si le recours aux sanctions judiciaires permet de dévoiler l’imposture, mais j’estime que c’est là surtout encombrer les tribunaux.

Prudente, la guêpe !

Mais surtout, n’occultons pas les autres propos de C. Tasin. « Éternelle optimiste, je demeure convaincue que la majorité des musulmans, principales victimes de l’islam, choisira de demeurer dans une France qui saura enfin se faire respecter. ». Admettons qu’elle soit sincère, et qu’une action judiciaire n’aura pour autre résultante que de la mettre en valeur. Pas si zinzin, finalement…
Peut-être faudrait-il aussi en tenir compte, soigneusement…

En tant que polémiste, j’admets de tronquer les propos (par exemple, dans un billet de tribune libre) pour mieux centrer sur ce qui plait ou fâche. En tant que journaliste (qui retrouvera bientôt une carte de presse au titre de l’honorariat), je m’y refuse.
Il ne s’agit pas de s’autocensurer, mais de ne pas prendre qui vous lit pour une ou un niais. Christine Tasin mérite d’être brocardée, à la loyale ; tant bien même ne le serait-elle pas. Il convient de s’opposer à une islamophilie aussi ras-du-front que l’islamophobie ; en tout cas, en s’efforçant d’être sincère, en annonçant la couleur, ses propres convictions (évolutives, espérons non pas comme celles de Charles Péguy), d’où l’on parle. Il ne s’agit pas non plus de donner cinq minutes d’antenne à Goebbels-Weill-Raynal ou à Gandhi-Tasin (on aura compris : plutôt l’inverse, semble-t-il, là, brut de décoffrage, à première vue superficielle), mais de tenter de favoriser une réelle réflexion…
Cela peut passer par la satire, l’exagération, la caricature et l’outrance, mais pas que…

Aux excès éjaculatoires (d’oratrice, dont elle fait fontaine monumentale) de C. Tasin faut-il opposer des débordements judiciaires, voire de basse basoche ? Guillaume Weill-Raynal a quitté le barreau. Croyons aussi à son intégrité, et honnêteté intellectuelle. Mais on peut s’interroger : les mêmes fins ne sont-elles pas poursuivies par d’autres moyens ? Ce n’est qu’une impression furtive, une réaction épidermique, irraisonnée, que je ne pourrai argumenter. G. Weill-Raynal a bien réagi, il convient de borner les limites. Les a-t-il lui-même outrepassées ? À vous de vous prononcer.