Dans les villes de grande solitude, où nos soucis nous faussent rarement compagnie, Dieu sait (ce n’est qu’une expression, car je n’aime pas parler des absents et je n’apprécie que fort peu les reliques), Dieu sait donc, que souvent, on aspire à un tête- à-tête, mais avec quelqu’un d’autre que soi-même, à quelques furtifs moments d’amnésie, même…. Histoire de. Histoire d’oublier pour un temps, de croire que tout va pour le mieux, pour nous, même dans le pire des mondes !
Dans les villes de grande solitude, où l’on ne plonge jamais que dans une multitude anonyme, on peut quand même se dire que, si jamais, au pire, au cas-où, et pour être mieux, on peut d’un saut de puce, trouver refuge dans un village, loin de ceux qui nous cherchent des poux dans la tête…
Car oui, loin des villes de grande solitude, il subsiste des lieux qui ne sont que des petits points sur une carte, mais qu’on retrouve sans problème, des endroits où l’on a grandi et où l’on aime se lover comme dans un cocon. Des villages où la famille vit. Une maison, un jardin, des voisins à qui l’on parle encore… De petits points sur une mappemonde mais de précieux traits d’union, c’est sûr…
Dans ces villages, on débarque pour quelques jours, avec nos bagages. On baisse les armes, et on reprend son souffle… Et même si l’eau tombe du ciel, même si mai a une tête de novembre, on se dit : « Qu’importe », après nous le déluge ! L’important, au fonds, n’est pas ce qui se passe dehors, mais bien ce qui se demeure au dedans… Et puis, hein, les sous-bois luisants après la pluie, ne dégagent-ils pas un parfum spécial… ? Sans compter qu’une fois au chaud, et bien sec, une fois que le muguet fraîchement cueilli fleurera bon le bonheur continuera de fleurir dans toute la maisonnée, on va s’offrir un thé bien chaud et papoter avec les parents. Ils vont peut-être, ensuite, nous battre au Scrabble. Mais on s’en fout. Hein ? Car là-bas, dans nos villes, seuls, on n’y joue pas trop, au Scrabble… On écrit juste des SMS, avec des mots qui ne comptent jamais double. Puis, le jour d’après, on va voir nos sœurs, et on va parler de choses et d’autres. On va ignorer les sujets brûlants et un avenir qui nous fait froid dans le dos. On va se réjouir, tiens, des 55 ans de mariage des parents ! Du resto à suivre. Des cadeaux à venir. On va se dire que parfois, rien ne cloche…
Heureusement que dans ces villes de grande solitude, on se rappelle qu’au besoin, on a un « autre part » un « point de chute » qui nous évite de tomber plus bas, pendant que d’autres, en « rupture familiale », comme on dit, se tourneront, si ça se trouve, vers des ponts qui les abriteront de façon toute relative.
Ce « on », c’est sûrement « moi », c’est peut-être vous.
Qu’importe, ça fait du bien de vérifier que l’»union fait la force ». Décidément, être unis comme les cinq doigts de la main, ça nous aide à mettre un pied devant l’autre…