Sous prétexte d’empêcher un transfert d’armes de la Syrie vers le Hezbollah libanais, Israël a lancé, dans la nuit de samedi à dimanche, un raid vers Damas. Pionnier dans cette posture d’auto-justicier, l‘Etat hébreu en est à son second raid, rien qu’en l’espace de 48h ; une sorte de réédition d’une opération déjà effectuée le 29 janvier. Centre de recherches scientifiques, objectifs militaires, dépôt de munitions, cargaison de missiles iraniens destinés au Hezbollah, sont la cible de ses missiles à longue portée, lancés à partir du Liban.
Les Etats-Unis, coutumiers de ce mode de fonctionnement, ne peuvent toutefois qu’applaudir devant cette agression : Barack Obama a pour habitude de présider, en tout bien tout honneur, une réunion hebdomadaire, chaque mardi que Dieu fait, dit « mardi de la terreur », selon le jargon de l’administration américaine, au cours de laquelle est fixée l’identité de la personne à abattre via des drones, en Afghanistan, au Pakistan ou ailleurs. Lutte contre le terrorisme oblige !
Cette méthode dite chirurgicale, loin d’être à l’abri d’erreurs d’appréciation, est à l’origine de bien plus de dommages collatéraux que prévus ! Le nombre de victimes issues des troupes d’élite syrienne et les destructions massives provoqués par les raids israéliens consécutifs, ont fait réagir le régime en place : il voit, dans cette démonstration de force, une preuve supplémentaire qui vient étayer la thèse selon laquelle, la Syrie serait bien la cible de tout un programme conspirationniste et menace de ses prochaines foudres.
Tirer sur une ambulance n’exclut pas une éventuelle explosion de la situation. Nombreux sont les experts qui craignent la propagation du conflit : déjà fortement fragilisé par les tensions liées à la crise syrienne, par l’afflux massif de réfugiés, le Liban s’embourbe de plus en plus dans cet inextricable imbroglio ; comme son parrain, le secrétaire général du Hezbollah, lors de son dernier discours, a fait savoir ouvertement qu’il a pris fait et cause pour le régime de Bachar el Assad et tout secours porté à son allié, risque de lui porter préjudice.
Un conflit qui prend de l’ampleur sans dire son nom, derrière lequel se cacherait une volonté forcenée « de démantèlement du croissant chiite » , cauchemar d’Israël : Iran, Syrie, Hezbollah, d‘après Antoine Basbous.
L’enlisement de la situation déclenché notamment par la multiplication des fronts, aurait aussi pour objectif de morceler la Syrie en trois entités, sunnite, alaouite et kurde. Cette méthode de démantèlement a pourtant déjà été testée au pays du Cèdre et après des dizaines de milliers de morts, elle s’est soldée par un échec cuisant !
Prenant la mesure de la situation, l’armée israélienne a pris ses précautions en déployant des batteries anti missiles à Haifa, à Safed près du plateau du Golan. L’Union européenne tire la sonnette d’alarme. Quant à Benjamin Netanyahu, toujours aussi satisfait de lui, avant de s’envoler en Chine, il s’est dit fidèle à l’enseignement que lui a légué son père et selon lequel , « la plus grande responsabilité qui incombe aux dirigeants d‘Israël, serait d’assurer sa sécurité et de garantir son avenir ». Reste à savoir, s’il ne fait pas fausse route en s’engageant dans cette impasse de mauvaise augure…
Espérons que cette situation ne dégénère pas en guerre !